L'épilogue de la Ligue 2 devant les instances disciplinaires
Les Girondins tutoyaient leur rêve d'accession, un an après leur relégation, avant l'ultime journée de championnat. Mais tout est allé de travers vendredi, entre l'ouverture du score du mal-classé Rodez, l'agression du buteur par un spectateur bordelais et la victoire de Metz, concurrent pour la montée dans l'élite.
L'interruption de la rencontre plonge la Ligue 2 dans l'incertitude à tous les étages. Personne ne sait qui de Metz ou de Bordeaux accompagnera Le Havre à l'étage supérieur la saison prochaine, ni qui, de Rodez ou d'Annecy, descendra en National.
L'enjeu sportif revêt aussi une dimension financière de haute importance pour tous les clubs concernés.
Dans ce contexte sensible, la commission de discipline se réunit en urgence, à la mi-journée dans les bureaux de la Ligue de football professionnel (LFP), à Paris, pour statuer sur le sort de ce match.
Faut-il infliger une défaite sur tapis vert aux Girondins ? Le club doit-il écoper d'un retrait de points pour ne pas avoir empêché l'agression ? La partie doit-elle être rejouée, par exemple à huis clos ?
Mise en instruction ?
Les dix membres de la commission de discipline, autour du président Sébastien Deneux, reçoivent les dirigeants de Bordeaux pour déterminer le degré de responsabilités du club et, in fine, déterminer la manière dont le championnat va s'achever.
Sur des faits aussi sensibles, une mise en instruction du dossier n'est pas à exclure, ce qui repousserait d'au moins deux semaines la décision. Des mesures conservatoires pourraient toutefois aussi être prises.
Après l'ouverture du score des visiteurs, un supporter des Girondins s'est introduit sur la pelouse et a bousculé le buteur Lucas Buades, qui s'est effondré au sol, "commotionné" selon l'arbitre.
L'interruption du match, à 1-0 en faveur de Rodez, avait alors plusieurs conséquences: la promotion en L1 de Metz, deuxième, au détriment de Bordeaux, troisième, et la relégation d'Annecy, dix-septième, doublé par Rodez, seizième.
Bordeaux compte "faire valoir tous (ses) droits, ainsi que ses droits en appel", a déclaré dès vendredi le président Gerard Lopez, attendu lundi à Paris. Concrètement, il demandera aux instances de faire rejouer la rencontre "au nom de l'équité sportive", comme le décrit une source proche du club.
Sur ce point, les dirigeants girondins sont rejoints par ceux d'Annecy, lesquels espèrent encore se maintenir en L2 à la faveur d'une défaite ou d'un match nul de Rodez.
"Tricherie élaborée"
Si "aucune violence sur un terrain ne doit donc avoir lieu", en revanche "profiter d'événements extérieurs pour en tirer profit comme le maintien de son club, en trahissant le football, est aussi contraire à l'éthique sportive", a déclaré Sébastien Faraglia, président d'Annecy, dans un communiqué publié dimanche.
Le dirigeant s'élève contre l'hypothèse d'un match gagné sur tapis vert par le Rodez Aveyron Football, "car il s'agit de la forme de tricherie la plus élaborée, ce qui est très grave".
Soupçonner "ouvertement et publiquement" le club est "une honte", a répliqué le RAF. "Ces propos sont inadmissibles, on ne peut pas dire dans un même élan que les violences sont inacceptables et faire le procès de la victime de ces mêmes faits de violences."
Pour Bordeaux, la jurisprudence n'incite pas à l'optimisme puisque les derniers incidents impliquant supporters et joueurs ont causé de lourdes sanctions pour les clubs hôtes.
A titre d'exemple, Nice a écopé de deux points de pénalité (et un avec sursis) après des débordements lors de l'accueil de l'OM en août 2021. Lyon a perdu un point après un jet de bouteille sur le Marseillais Dimitri Payet en novembre de la même année.
Ces deux matches, tous deux arrêtés définitivement, ont certes été rejoués. Mais la donne est cette fois plus complexe alors que la saison est censée être terminée. De son côté, Bordeaux a reporté d'une semaine les congés de ses joueurs dans l'optique d'un éventuel match à rejouer.