Romain Peugeot renonce à sauver le FC Sochaux, exclu de L2
Abandonné par son actionnaire chinois, le club quasi-centenaire espérait encore jeudi obtenir un sursis de la justice administrative pour retrouver la Ligue 2 et repartir de l'avant avec un budget en conséquence. Mais cet espoir s'est révélé vain.
"Nous venons de prendre connaissance de la décision du tribunal administratif de Paris en date du 3 août 2023 qui refuse d'examiner la requête du FCSM au motif que l'urgence n'est pas démontrée, ce alors que le championnat de Ligue 2 débute ce samedi", a annoncé M. Peugeot dans un communiqué adressé dans la soirée à l'AFP.
Le groupe d'investisseurs entourant M. Peugeot, arrière-petit-fils du fondateur du club, "ne peut que regretter que son projet financé en totalité (...) ne soit pas pris en compte, en dépit des pièces communiquées le démontrant".
Or, "la solution que nous proposions n’est viable qu'en championnat de Ligue 2". Selon son avocat Laurent Cotret, M. Peugeot, appuyé par plusieurs collectivités locales, disposait des fonds nécessaires, à savoir 8,5 millions d'euros, pour assurer la pérennité du FCSM.
"Le dépôt de bilan paraît inéluctable", a déclaré à l'AFP Florian Bouquet, président du conseil départemental du Territoire de Belfort. "C’est un coup de massue pour les salariés et les supporters, de même que pour les collectivités et les partenaires du club. C'est la fin d'une aventure qui a presque duré 100 ans."
"Ton enfant se meurt"
Le club sochalien, 9ᵉ de L2 à l'issue du dernier exercice, tentait d'échapper à sa rétrogradation en National par la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), une émanation de la Fédération française de football (FFF). Sa relégation profite à Annecy, 17ᵉ et relégué, qui sera repêché en deuxième division, dont la première journée débute samedi.
Saisi jeudi matin, le comité exécutif de la FFF n'avait pas voulu se prononcer sur le recours de Sochaux en attendant la décision du TA et fait savoir qu'il ne statuerait pas si le recours du FCSM devait être rejeté. Un premier recours devant le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) avait déjà été rejeté mardi. Le club sochalien est la propriété du groupe immobilier chinois Nenking, en grande difficulté financière.
"C'est maintenant à cet actionnaire qu'il appartient de prendre ses responsabilités", selon le communiqué de Romain Peugeot, un financier installé à Londres et âgé de 33 ans.
"Tous les recours ont été épuisés", a reconnu pour l'AFP le député (Renaissance) du Doubs Nicolas Pacquot. Le "combat" désormais doit être "de jouer dans les jours qui viennent en National 1", a-t-il dit, jugeant la National 3 comme un "scénario catastrophe" pour l'économie comme pour le territoire. "En sacrifiant les jaunes et bleus, ce soir la Fédération (française de football) a aussi sacrifié le centre de formation", a-t-il pointé.
Fondé en 1928 dans le berceau du constructeur automobile Peugeot, le club de Sochaux a été un modèle de stabilité durant près de 90 ans quand il était détenu par la famille du même nom, qui l'a vendu en 2014.
Interpellé par un syndicaliste de Stellantis Sochaux, qui s'est écrié "Peugeot, ton enfant se meurt", le constructeur automobile avait opposé jeudi une fin de non-recevoir. "Les activités marketing sont désormais centrées sur les sports qui nous permettent de mettre en avant les technos électriques et nos produits", avait répondu Stellantis, interrogé par France 3 Franche-Comté.
Sochaux est un des fondateurs du premier Championnat de France professionnel, en 1932-1933. Les Lionceaux ont été champions de France à deux reprises (1935, 1938) et ont remporté la Coupe de France deux fois (1937, 2007), ainsi que la Coupe de la Ligue en 2004.