David contre Goliath : l'Inter face à son destin, Inzaghi après Herrera et Mourinho
Après 1964, 1965, 1967, 1972 et 2010, l'Inter va (re)découvrir les joies de disputer une telle rencontre. Dans leur cas, peu de personnes se seraient avisées de miser sur eux en début de saison. Non pas qu'ils en étaient incapables, au contraire, ils ont été très surprenants au fil des mois.
Ainsi, les imaginer soulevant la Coupe aux grandes oreilles n'aurait rien d'infamant. Surtout, ce n'est pas sur leurs épaules que la pression sera, mais bien sur celles de leur adversaire.
Ce statut d'outsider est nécessairement plus facile à appréhender pour Inzaghi et son collectif. Malgré la pression inhérente à ces affiches-là, leur campagne de Ligue des champions est déjà une réussite. Oui, les supporters interistes seront déçus, si ce n'est plus, en cas de victoire de Manchester City, mais l'impression globale qui en découlera sera positive.
Sur le plan du jeu, l'Inter a un vrai coup à jouer, malgré des Citizens en très grande forme. Son entraîneur italien l'a prouvé récemment, il sait répondre dans les grands rendez-vous.
Un statut d'outsider confortable
"C'est le match le plus important de ma vie, mais je crois que c'est aussi le cas pour mes joueurs, car nous avons des joueurs comme (Edin) Dezko et (André) Onana qui ont joué des demi-finales. Cela récompense tous nos efforts, car l'année a été longue et difficile", a tout de même déclaré Inzaghi en conférence de presse en début de semaine.
Les Nerazzurri ne vont certainement pas regarder leur adversaire jouer, et développer tranquillement son plan de jeu. L'idée devrait être de jouer tous les coups à fond dès le coup d'envoi. Facile à dire, une équipe peut vite se paralyser au moment de disputer une finale de Ligue des champions. Mais, dans ce vestiaire, il y a de sacrées personnalités, dotées de belles expériences au plus haut niveau.
On imagine donc un Edin Dzeko capable de galvaniser ses coéquipiers, comme Samir Handanovic – au club depuis 2012. Pour ce groupe-là, c'est l'accomplissement de toute une carrière. Il y a de grandes chances que le gardien slovène soit face à la seule chance de sa vie de remporter la C1. C'est le cas aussi d'Acerbi, de d'Ambrosio, de Mkhitaryan ou encore de Lukaku, peut-être.
Ainsi, ces joueurs-là seront face à leur chance de leur vie, avec la possibilité d'écrire la plus belle page de leur livre de footballeur. Surtout, ils sont capables de se sublimer pour poser des problèmes à Manchester City.
Les héritiers de Herrera et Mourinho ?
À l'image trois Ligue des champions remportées, l'Inter s'est particulièrement distingué par sa capacité à souffrir, à défendre de manière sublime pour mieux piéger en contre et en transition. Dans les années 1960, avec Helenio Herrera, le club italien grave son nom dans l'histoire du football pour son jeu négatif, mais diaboliquement efficace – jusqu'à la défaite face au Celtic en 1967 qui marque la fin d'une ère.
Puis, à la fin des années 2000, un certain José Mourinho arrive à Giuseppe-Meazza et perpétue la tradition nerazzurro qui consiste à bâtir un collectif solide, dont le spectacle n'est pas forcément la priorité. Peu importe, la victoire est là et les supporters (re)découvrent la joie du succès européen. Ce samedi soir, Simone Inzaghi peut s'inscrire dans cette lignée.
En effet, on imagine mal l'équipe interiste subtiliser le ballon aux hommes de Pep Guardiola. L'idée sera donc de faire mal en transition, en espérant faire vaciller Kyle Walker, Ruben Dias ou encore John Stones dans la profondeur. Ces derniers ont montré qu'ils étaient imperméables : on l'a vu à l'Etihad le mois derniers face au Real Madrid.
Cependant, Federico Di Marco et Denzel Dumfries dans les couloirs, Nicolo Barella et Marcelo Brozovic (entre autres) dans l'entrejeu, puis Edin Dzeko et Lautaro Martinez vont tenter faire parler leurs qualités pour déjouer les plans citizens.
Y arriveront-ils ? Personne ne peut le prédire. Leur adversaire mancunien semble tellement rôdé qu'il est difficile de croire en un exploit, mais en finale de Ligue des champions, tout peut arriver…