"Le bon moment pour passer à autre chose" estime Sonia Bompastor
Q : Quel bilan tirez-vous de la saison de l'OL ?
R : "Les objectifs fixés sont à moitié atteints. Quatre titres en jeu, deux ont été obtenus, le Trophée des championnes et le championnat alors qu'en Coupe de France, il y a une déception, nous avons perdu aux tirs au but contre Fleury en demi-finale et en finale contre Barcelone en Ligue des champions, mais notre parcours européen a été positif. (...) Il faut tirer des enseignements et regarder vers l'avant pour l'OL et pour moi personnellement, revenir en finale avec pour ambition de la gagner. Sur les matches importants, il nous a manqué un peu d'efficacité."
Q : À quoi vous attendez-vous à Chelsea ?
R : "Je n'ai pas toutes les réponses, c'est nouveau, mais c'est une institution en Angleterre avec une renommée mondiale extraordinaire, une grosse communauté. C'est un challenge et j'aime ça. Cela me motive et me plaît dans un pays étranger. Je l'avais fait comme joueuse aux États-Unis (Washington). C'était quelque chose qui m'avait beaucoup apporté. J'ai l'opportunité de le faire comme entraîneur, mais ce qui a pesé dans la balance est de permettre à ma famille d'aller en Angleterre. C'est un projet de vie et familial. En tant que maman, de permettre à mes enfants de devenir bilingues. Cela peut aussi leur apporter plus tard. C'est une nouvelle vie dans un nouveau pays, c'est excitant."
Q : Première femme entraîneure de l'équipe professionnelle de l'OL féminin, quel regard portez-vous sur cette expérience ?
R : "J'ai beaucoup évolué entre le moment où j'ai pris la charge de l'équipe et aujourd'hui (...) après un peu plus de trois ans. J'avais très peu d'expérience hormis huit ans à la tête de l'Académie. C'était aussi une aventure qui m'a permis d'évoluer au contact de l'une des meilleures équipes du monde. Cette expérience de formatrice a été précieuse, mais ma priorité était de faire gagner l'équipe pro tout en accompagnant la progression des jeunes joueuses qui arrivaient dans l'effectif."
Q : Après votre carrière de joueuse, entraîner l'équipe pro était-il un objectif ?
R : "Non, je fonctionne un peu à l'instinct. J'ai eu la chance de connaître le président Jean-Michel Aulas. Quand j'ai arrêté, il m'a proposé le poste de directrice de l'Académie que j'ai tenu durant huit ans et dans lequel je me suis épanouie. Il s'est ensuite présenté le projet du groupe pro. J'ai senti que c'était le moment. J'ai donné le maximum. Je vis au moment présent et j'ai aussi senti que c'était le bon moment de passer à autre chose. C'est très exigeant et après plus de trois ans, c'est plus difficile de surprendre, car les joueuses nous connaissent par cœur. (...) Chelsea est quelque chose venu naturellement sans que j'en sois à l'initiative. Je n'ai pas de plan de carrière. On verra ce qui arrive après, si d'autres opportunités se présentent, si elles correspondent à mes envies."
Q : Quel regard portez-vous sur l'évolution du football féminin en Europe ?
R : "Barcelone a lancé une belle dynamique en termes de résultats et de soutien populaire. En Angleterre, la compétitivité du championnat est une réelle attractivité. En France, la nouvelle ligue va se créer cet été et cela évolue dans le bon sens. Il faut prendre le virage et avancer très vite pour recoller à Barcelone et au championnat anglais dont la force est la maîtrise du business et amène un vrai modèle économique. Il faut s'en inspirer et faire évoluer les mentalités pour faire venir plus de monde dans des stades mieux adaptés. La réalité reste aussi que Lyon et Paris étaient qualifiés en demi-finales de la C1 contre le seul Chelsea pour l'Angleterre."
Q : Diriger l'équipe de France pourrait-il vous intéresser dans le futur ?
R: "C'est un beau métier, mais qui n'est pas le même. Aujourd'hui, je me sens plus proche du métier d'entraîneure de club avec les joueuses que l'on a à disposition quotidiennement. Si l'opportunité se présente, ce serait difficile de dire non. Je ne suis pas à la recherche, mais si cela doit aller dans cette direction, pourquoi pas ?"
Propos recueillis par François-Jean TIXIER