Lee Carsley et l'Angleterre en position délicate
Le camouflet infligé par la Grèce (défaite 2-1) en octobre à Wembley a compliqué la mission promotion des "Three Lions", coincés au deuxième étage de la Ligue des nations depuis leur relégation surprise en 2022.
Pour retrouver l'élite, sans passer par un encombrant barrage en mars, ils doivent s'imposer jeudi (20h45) chez le leader du groupe à Athènes, avec au moins deux buts d'écart, puis battre la république d'Irlande dimanche à Londres.
Il faudra accomplir cela sans Trent Alexander-Arnold (Liverpool), Declan Rice, Bukayo Saka (Arsenal) Phil Foden, Jack Grealish (Manchester City), Cole Palmer, Levi Colwill (Chelsea) et Aaron Ramsdale (Southampton), tous "indisponibles" selon la fédération anglaise.
L'annonce de leur forfait, lundi, a déclenché une nuée de commentaires ironiques dans la presse britannique, persuadée que les pépins physiques de certains n'étaient qu'un prétexte pour souffler pendant la trêve.
"Les projets de Carsley tournent à la farce", a titré le Times dans son édition de mardi. "Des stars fuient les Lions", a enchéri le Sun. Il s'agit d'une "victoire" pour certains entraîneurs "qui en privé ont poussé pour que leurs joueurs restent en club", assure le Daily Mail.
Tuchel déjà critiqué
Les journaux imputent la responsabilité de cette débandade à la prise de fonction décalée au 1er janvier du nouveau sélectionneur, Thomas Tuchel, dont la nomination a été officialisée en octobre.
Cela a pu contribuer à ce que "les rencontres de cette semaine soient considérées comme sans importance par les clubs, qui pourraient alors faire pression sur les joueurs pour qu'ils n'y participent pas", a écrit le Times, en insistant sur l'autorité sapée de Carsley, "canard boîteux".
"Le chant du cygne de Lee Carsley en tant que sélectionneur intérimaire de l'Angleterre a viré à l'accident de voitures après que HUIT joueurs se soient retirés pour cause de blessure", a insisté The Sun dans un clin d'oeil au surnom de l'intéressé, "Cars" (voitures, en anglais).
Le tabloïd estime que le "plus grand forfait de l'histoire des Three Lions" n'aurait jamais eu lieu si Tuchel avait pris ses fonctions dès novembre. Et ajoute, corrosif : l'Allemand n'assistera à aucun des deux matches, "mais on peut s'attendre à ce qu'il les regarde, peut-être après la course à l'école et avant de faire le repassage".
Ces charges médiatiques, et les soupçons qu'elles charient, échappent à la nuance d'une situation hétéroclite : Alexander-Arnold a dû sortir sur blessure samedi avec Liverpool après moins de 30 minutes, alors que Foden a disputé l'intégralité du match avec City le même jour, par exemple.
Mais elles résonnent particulièrement fort à un moment où l'accroissement du nombre de matches, avec le risque de blessures associé, peut générer des tensions élevées entre les clubs et les sélections.
Dans le cas présent, Carsley s'est aussi tiré une balle dans le pied en convoquant dans un premier temps Jack Grealish, absent des terrains depuis le 20 octobre et à peine sorti de l'infirmerie.
"En dix-sept jours, il ne s'est pas entraîné une fois. C'était son premier entraînement aujourd'hui et il s'est entraîné pendant vingt minutes. C'est la réalité", a déclaré vendredi Pep Guardiola, visiblement agacé.
L'entraîneur de Manchester City n'a pas retenu Grealish samedi en championnat et Carsley a fini par renoncer à sa venue, lundi.
Dans ce contexte, l'attaquant d'Aston Villa Morgan Rogers (22 ans) a été convoqué pour la première fois. Le gardien James Trafford (Burnley), les défenseurs Tino Livramento (Newcastle) et Jarrad Branthwaite (Everton), ainsi que l'ailier Jarrod Bowen (West Ham) sont aussi venus en renfort.