Au Kosovo, un petit club de foot et de grands espoirs
Le Ballkani, qui a battu à domicile les Croates du Dinamo Zagreb 2-0 pour son deuxième match après une défaite inaugurale 1-0 chez les Tchèques du Viktoria Plzen, est pour l'instant 2ᵉ de son groupe. S'il termine premier, il serait le premier club kosovar à atteindre les phases éliminatoires. Et en cas de deuxième place, il pourrait y parvenir après avoir disputé les barrages.
Jeudi soir, pour la réception des Kazakhs d'Astana, c'est à Pristina, à 50 km de Theranda, que les joueurs fouleront la pelouse – le stade de leur ville, avec 1.500 places, n'est en effet pas aux standards de l'UEFA. "Aucun siège ne doit être vide", prévient Faton Bytyci, entrepreneur en bâtiment et supporter de 41 ans, parce que "si on prend 3 points contre Astana, on a de grandes chances" de finir premier ou deuxième du groupe.
À Theranda, les conversations n'en finissent pas de tourner autour du ballon. "Dans les rues, dans les cafés, dans mon salon… Quand les clients rentrent, ils me disent quelle coupe ils veulent. Puis, on parle du Ballkani, qui nous rend si fier", raconte Korab Elshani, 38 ans, coiffeur. Du matin au soir, "on se lève, on mange, on se couche" avec l'équipe, sourit M. Bytyci.
Et les joueurs s'en nourrissent. "Ça nous pousse à donner encore plus sur le terrain, à rendre nos fans heureux", explique à l'AFP Armend Thaqi, latéral droit de 31 ans, après "la victoire contre le Dinamo (qui) nous a bien motivés".
Vin et cognac
Leur entraineur, Ilir Daja, se réjouit que plus aucun adversaire ne sous-estime ses joueurs. "Nous sommes les seuls, dans l'histoire du Kosovo, a avoir joué les phases de poules deux fois. Ce n'est pas facile de rejoindre la compétition une fois. Nous, on l'a fait deux fois".
Le Kosovo, qui a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, a rejoint l'UEFA et la FIFA en 2016. Sept ans plus tard, Belgrade n'a toujours pas reconnu l'indépendance de son ancienne province et on ne parle presque du Kosovo que lorsque les tensions éclatent.
Avant que le Ballkani ne mette la ville sur la carte en devenant, deux années d'affilée, champion du Kosovo, Theranda, 10.000 habitants, était surtout connue pour son vin et son cognac, produits ici depuis deux cents ans. "Theranda était – et est toujours –, célèbre pour sa production de vin. Puis le Ballkani est venu embellir encore notre ville", se félicite Faton Bytyci. Nul doute pour lui que le sport, "et en particulier le foot", est le meilleur ambassadeur.
Pour les habitants et pour les joueurs, le maillot orange des Ballkani est une chance de montrer le Kosovo d'une autre façon – de représenter non seulement la ville, mais aussi le pays.
"C'est dur d'avoir de grands objectifs", reconnait l'entraineur tout en regardant avec joie ses joueurs évoluer à l'entrainement. "Mais c'est plus facile avec des gars pareils. Ils n'abandonnent pas. Ils ont un mental de vainqueurs", assure-t-il. Réponse jeudi soir à Pristina.
