Sauf belle performance en Ligue Europa Conférence, ça sent la fin à Lille pour Yusuf Yazici
C'est précédé d'une flatteuse réputation que Yusuf Yazici avait débarqué à Lille à l'intersaison 2019. Non pas celle d'un serial buteur, mais d'un joueur offensif doué, capable de jouer à plusieurs postes, efficace, créatif, bref, celui d'un joueur toujours utile dans un collectif, et qui devait contribuer à l'ascension d'un club désireux de jouer durablement les premiers rôles.
Sur le plan comptable, c'est réussi. Le Turc était l'un des fers de lance de l'équipe qui allait terrasser le grand PSG et remporter le titre en Ligue 1 durant la saison 2020/2021, à la surprise générale. Une grande saison, sans nul doute la meilleure de Yazici chez les Dogues. Impactant, décisif, l'un des hommes de base de Christophe Galtier, ce qui lui a permis d'enfin ouvrir son palmarès de surcroit.
Mais déjà, la fin de saison ressemblait à un chant du cygne. Revenu blessé de la trêve internationale en mars de cette année, il allait manquer deux matchs et au retour, il sortait du XI de départ. Tous les matchs décisifs pour le titre allaient se dérouler avec un rôle de joker. Résultat, un temps de jeu réduit à la portion congrue, Yazici n'est plus décisif, et la suite allait le confirmer. Titulaire en début de saison 2021/2022, il allait lentement glisser dans la hiérarchie, jusqu'à la stupéfaction totale de le voir prêter au CSKA Moscou durant la trêve hivernale.
Depuis ? C'est l'inconnue. Retour en prêt la saison suivante dans son ancien club de Trabzonspor – qui sera tout sauf couronné de succès, entre cartons rouge et blessures –, mais en début de cette saison, une éclaircie. Paulo Fonseca décide de le conserver dans le groupe, à un an de la fin de son contrat. Un deal gagnant-gagnant sur le papier, le Turc ayant intérêt à montrer son meilleur pour signer un nouveau contrat avantageux pour lui, à Lille ou ailleurs, et le club pouvait bénéficier de cet élan.
Sur le papier, le pari est raté. Là encore, il est titulaire régulier en début d'exercice, sort quelques belles prestations, notamment en inscrivant l'unique but d'une victoire référence sur le Stade Brestois en octobre, et puis… encore une fois, il décline, régresse dans l'esprit du coach, perd lentement, mais sûrement son statut de titulaire, au point qu'à l'instant T, il n'a pas mis les pieds sur un terrain de L1 lors des trois derniers matchs.
Plus titulaire en championnat, en fin de contrat dans moins de trois mois, les nuages s'amoncellent sur la tête de Yusuf Yazici. Pas une bonne nouvelle pour Lille, qui va sans doute voir partir gratuitement un joueur qui a eu à un moment donné une énorme côte, ni pour le joueur, qui trouvera sans nul doute un club cet été, mais à quel prix, à quel niveau de compétition et surtout dans quel rôle ?
Heureusement, il a une chance de voir le bout du tunnel, et elle se nomme la Ligue Europa Conférence. Car sur le plan européen, le Turc a sa chance. Il a pris part aux dix rencontres continentales du LOSC cette saison, inscrit 4 buts, pesé sur les rencontres, de quoi encourager Paulo Fonseca à l'utiliser. Surtout, c'est sans doute sur le plan européen qu'il a laissé sa plus grande marque dans le Nord.
Lors de la saison du titre, il avait réalisé une campagne de très haute volée, inscrivant 7 buts en 8 matchs, avec deux triplés, dont un inoubliable pour ce qui reste à ce jour son meilleur match pour les Dogues. Un inoubliable rendez-vous dans une enceinte mythique, quand on croyait encore qu'il s'installerait pour de très longues années sous le maillot lillois.
Quelques années plus tard, la Ligue Europa Conférence ressemble à sa dernière chance de se relancer au LOSC. Il pourrait re-signer, rien n'a encore été écarté, mais on voit mal le management lillois le conserver, lui qui est dans le Top 10 des plus gros salaires de son équipe (selon L'Équipe). Sans doute un peu trop cher pour un rôle de joker, mais il reste toujours la possibilité de finir la saison en trombe.
Certes, le LOSC a eu la malchance de tomber au tirage sur Aston Villa, le favori de la compétition. Et certes, aller au bout sera dur. Mais alors que la quête d'une place en Ligue des champions est en bonne voie, que l'équipe est en forme (7 matchs sans défaite toutes compétitions confondues), le coach est obligé de faire tourner pour maximiser ses chances de performer dans les deux compétitions.
Sans doute une ouverture pour Yusuf Yazici, joueur qualifié – à juste titre –, d'élégant, mais pour qui le LOSC devait sans doute être un tremplin. À 27 ans, dans son prime physique, les plus grands clubs européens devraient être en train de s'intéresser à lui. Au lieu de ça, le voilà condamner à convaincre pour relancer sa carrière. Face au favori de la compétition, l'occasion est toute trouvée.