L'Atalanta Bergame en finale de Ligue Europa ou le triomphe de Gian Piero Gasperini

Il a enchanté l'Europe du football en faisant jouer sa Dea d'une sublime manière ces dernières saisons, Gian Piero Gasperini est un apôtre du football offensif. Surtout, il gagne, mais ce mercredi à Dublin, l'ancien formateur de la Juventus va avoir l'occasion de voir sa philosophie de jeu triompher… et lui avec.

Ancien vainqueur de la Coppa en 1963, l'Atalanta vit ses plus belles années depuis que le natif piémontais est à sa tête. Quart de finaliste de la Ligue des champions en 2020 et huitième de finaliste la saison suivante, le club bergamasque a également atteint les quarts de la Ligue Europa en 2022. L'année dernière, les Nerazzurri n'ont pas participé à une quelconque coupe d'Europe, la faute à une campagne de Serie A 2021-2022 conclut à la 8ᵉ place. 

Qu'à cela ne tienne, la troupe de Gasperini est retourné au charbon en 2022-2023, ainsi que durant l'exercice actuel. À une époque, on aurait pu croire que le football bergamasque ne soit qu'une étoile filante… Désormais, c'est une certitude, l'homme de 66 ans a inscrit son nom dans l'histoire footballistique récente de son pays. Et, mieux encore, il pourrait intégrer la liste des entraîneurs italiens ayant remporté une coupe d'Europe. 

Pour cela, il va devoir surpasser son homologue très performant Xabi Alonso à la Dublin Arena. Mais s'il était venu le temps de la récompense ?

Un entraîneur méritant

"Ça fait du bien. C'est une grande réussite et une source de satisfaction, obtenue grâce à une très bonne saison de toute l'équipe. Est-ce le point d'orgue de ma carrière ? Oui, concernant la réussite et le prestige. Absolument. Concernant la gratification, heureusement, j'en ai eu pas mal, même si elles n'étaient peut-être pas du même niveau. Je ne pense pas que gagner une coupe fasse toujours partie des paramètres qui permettent de juger du succès. Chacun a ses propres objectifs. Lorsque vous parvenez à les dépasser, comme cela a été le cas à l'Atalanta, vous devez tout de même être très satisfait. Si nous parvenons également à ajouter une coupe, bien sûr, nous le serons encore plus", a déclaré l'intéressé en conférence de presse d'avant-match lundi.

Des mots qui représentent bien l'entraîneur qu'il est, car comme d'autres philosophes du football, il aime à dire que les résultats ne sont pas nécessairement l'aboutissement d'un projet. Cependant, il le reconnaît, pour le public, atteindre et ensuite remporter une telle compétition est forcément synonyme de réussite. 

"Cela a commencé il y a huit ans, de manière très soudaine, comme c'est généralement le cas pour les bonnes choses. À l'époque, il y avait beaucoup de joueurs dans les équipes de jeunes qui étaient proches de l'équipe première, mais peu impliqués. Ce fut le tournant : à partir de ce moment-là, le monde de l'Atalanta a un peu changé. D'abord (nous avons atteint) l'Europa League, puis ensuite la Ligue des champions. Trois qualifications consécutives en Ligue des champions pour une équipe qui a également pratiqué un très bon football et marqué beaucoup de buts. Nous sommes passés tout près d'une demi-finale en affrontant Paris. Cela est toujours resté un peu comme la marche qui nous a échappé, et je dois dire que, cette année, nous avons peut-être franchi cette marche et sommes allés au-delà."

De là à dire que la fin de cycle est proche ? Il n'y a qu'un pas. Mais, pour Gasperini et son Atalanta, cela va au-delà. L'Italien a mis du temps avant d'arriver au plus haut niveau malgré les idées qu'il avait pu transmettre dès le début des années 2000 au sein de la formation bianconero, puis au Genoa notamment. Inspiré par Louis van Gaal et son Ajax de 1995, Gasperini est surtout vu désormais comme l'un des héritiers d'Arrigo Sacchi : ceux qui estiment le football italien n'est pas unidimensionnel. 

Oui, le spectacle peut et doit exister selon lui en Serie A. Surtout, ses préceptes offensifs ont fait rayonner sa formation à travers le continent européen. Et, on l'a vu cette saison en Ligue Europa. La victoire plutôt sensationnelle à Anfield a jalonné la légitimité de cette Dea emmenée par Teun Koopmeiners, Charles De Ketelaere, Ademola Lookman ou encore Gianluca Scamacca.

"C'est une légende du club, qui mérite de sortir avec les honneurs, après tout le travail qu'il a accompli au fil des années. Chez nous, il est nommé le roi sans couronnes, puisqu'il a déjà disputé trois finales de Coupe d'Italie, pour trois défaites… Gagner cette Ligue Europa serait la récompense d'un travail de huit longues années, notamment pour le beau jeu qu'il propose", nous confie Luca Morosini, supporter relatant l'actualité de l'Atalanta en français sur Twitter.

"Pour Gasperini, l'important, ce sont les souvenirs que l'on garde de ses matches, pas forcément les trophées. Mais cette coupe d'Europe, c'est ce que veulent les joueurs et les supporters aussi, car ça reste dans l'histoire… Après la qualification pour la prochaine Ligue des champions, pourquoi pas terminer sur un beau trophée en éliminant une équipe invaincue."

Saison après saison, Gian Piero Gasperini a su être l'un de ceux qui ont fait perdurer le succès de son collectif à travers un renouvellement souvent fonctionnel de son effectif. Si Simone Inzaghi n'est pas élu meilleur entraîneur de l'année en Serie A, il se pourrait bien que ce soit le Turinois qui le soit…

Gasperini a toujours accordé une place prépondérante à la formation et Georgio Scalvini, défenseur central de 20 ans et titulaire au sein des Bergamasques depuis la saison dernière, est un très gros joyau qui a grandi à l'Atalanta. 

Cela tombe bien, Gasperini va pouvoir compter sur ses meilleurs éléments pour déjouer les pronostics. "Mais je crois que nous avons des atouts importants à faire valoir, et j'espère que nous pourrons leur créer des problèmes et limiter leur expression." Leverkusen est prévenu…