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La FIFA fait pression pour plus de temps additionnel, les professionnels sont inquiets

Micha Pesseg
5 minutes additionnelles représentaient beaucoup par le passé.
5 minutes additionnelles représentaient beaucoup par le passé.Profimedia
Kevin de Bruyne et Raphaël Varane ont vivement critiqué l'initiative de la FIFA et de l'IFAB. La Fédération internationale de football et l'organe international chargé de modifier les règles du sport font pression pour obtenir un temps additionnel plus long. Soi-disant pour offrir plus de spectacle aux fans et empêcher les violentes pertes de temps.

Le football moderne est un sport extrême

Environ onze kilomètres parcourus par match, trois fois par semaine, jusqu'à 60 fois par saison. Voilà à quoi ressemble, dans le pire des cas, l'année d'un footballeur professionnel de haut niveau. Une sollicitation extrême pour les articulations, les muscles et les rotules. Sur le plan mental aussi, les calendriers sont très chargés et représentent un véritable défi. Qu'en est-il du temps passé en famille ? Le Boxing Day, la Coupe du monde des clubs et Coupe de la Ligue l'effacent.

Au sein des séances d'entraînement des clubs européens, on ne répète plus que rarement les actions de jeu.

La plupart du temps, on privilégie les séances de régénération et les visites chez le masseur. Preuve que les joueurs se fatiguent, malgré les brèves interruptions présentes lors des matchs qu'ils disputent.

Les professionnels critiquent la décision

La FIFA et l'IFAB - un organe chargé de décider et de mettre en œuvre les changements de règles du sport - sont toutefois préoccupées par la différence entre le temps de jeu net et le temps de jeu brut. Lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, on a donc testé pour la première fois ce que l'on appelle des "temps de jeu monstrueux".

Une minute de temps additionnel après la première mi-temps, trois minutes après la deuxième mi-temps. Dans la mesure où il ne s'est rien passé d'extraordinaire, c'est ce qu'on a connu dans le monde entier au cours des dernières décennies. 6 ou 7 minutes de temps additionnel ? Cela a toujours été l'unité d'extensibilité possible.

Au Qatar, en revanche, elles sont soudain devenues la norme. "Nous voulons lutter contre le fait de gagner du temps. Nous voulons que les supporters profitent du match. (...) (La nouvelle approche) est très appréciée partout", a affirmé le président de la FIFA Gianni Infantino en mars dernier.

Une perception très subjective. Car ni le syndicat des joueurs FIFPro, ni les professionnels comme Raphaël Varane ou Kevin de Bruyne ne sont convaincus par la nouvelle approche, bien au contraire.

Après le Community Shield de ce week-end, De Bruyne a tiré des conclusions : "Nous en avons parlé avec les joueurs d'Arsenal et même avec les arbitres - ils ne veulent pas du tout le faire, mais c'est la nouvelle règle et c'est comme ça".

"Dans un match comme aujourd'hui, il y a même eu trois minutes de temps additionnel en première mi-temps. On ne peut qu'imaginer ce qui se passe quand on joue contre une équipe plus faible qui doit constamment gagner du temps. Aujourd'hui, nous avons joué 12 à 13 minutes de plus. Mais si la règle devient la norme, ces rencontres pourraient compter 20 à 25 minutes de plus. (...) On verra comment ça se passe, mais ça n'a aucun sens".

Plus de football - cela signifie-t-il automatiquement plus de divertissement ? Ce calcul simple est-il juste ? Pas du tout, comme l'assure Raphaël Varane.

"Cela fait de nombreuses années que nous, dirigeants et joueurs, parlons de nos inquiétudes quant au nombre de matchs, au calendrier surchargé et au bien-être physique et psychologique des joueurs. Malgré nos retours précédents, ils recommandent maintenant pour la saison prochaine des matchs plus longs, plus d'intensité et moins d'émotions à témoigner en tant que joueur".

Varane lui-même a pris sa retraite internatione à l'âge de 29 ans parce que la charge de travail était devenue trop lourde pour lui. Il a même comparé les allers/retours entre son club et sa sélection à une "machine à laver".

La FIFA manque de temps

Pour la Fédération internationale de football, le spectacle est au premier plan. On essaie de commercialiser davantage le produit football en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Sud (dans les pays arabes, la Chine ou les Etats-Unis). Organiser des tournois dans ces régions garantirait à la FIFA d'importants revenus supplémentaires.

Mais le football est un sport étrange. C'est un "low-scoring-game". Les buts sont rares. Et c'est justement pour cette raison qu'il fait déplacer les foules. Pour un marché qui a tendance à vouloir produire et offrir toujours plus, ce n'est pas une caractéristique romantique, mais hautement suspecte.

C'est pourquoi il est aussi question d'adapter la règle du hors-jeu, ce qui aurait très probablement pour effet d'augmenter le nombre de buts.

Parfois, il ne se passe presque rien sur la pelouse. Pourtant, les spectateurs passent le meilleur moment de leur vie. Le football vit de l'ambiance dans les tribunes, des occasions manquées, des erreurs inexplicables, des rêves brisés et des moments glorieux et rares où tout se met en place, où une action de jeu ou une action individuelle bouleverse tout ce que l'on avait vu jusque-là.

La FIFA semble vouloir adapter de plus en plus le football à de nouveaux marchés.
La FIFA semble vouloir adapter de plus en plus le football à de nouveaux marchés.AFP

La FIFA a annoncé que cette règle servirait d'apprentissage. Les joueurs doivent comprendre que le temps perdu sera de toute façon rattrapé. Sur le fond, c'est une belle idée. Gagner du temps est un grand mal, cela ne fait aucun doute.

Mais la FIFA ne répond pas aux préoccupations légitimes des joueurs et du syndicat des joueurs. Elle rate ainsi une grande opportunité. Aucun effort n'est fait pour réguler le calendrier et faire en sorte qu'il y ait moins de matchs. Au lieu de cela, on prévoit une Coupe du monde des clubs supplémentaire avec 32 équipes à partir de décembre 2023.

La Fédération internationale s'inquiète-t-elle sérieusement de l'attractivité du jeu ? L'égalité des chances financières pour les clubs, la régulation des flux financiers en provenance des pays d'Arabie saoudite et une qualification équitable pour les compétitions internationales... Ne sont-ils pas les chantiers sur lesquels la FIFA devrait travailler ?

Si ces évolutions ne sont pas stoppées, le football sera inévitablement ébranlé dans son essence même.

Un commentaire de Micha Pesseg.
Un commentaire de Micha Pesseg.Flashscore
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