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Exclu - Vítor Pereira: "Entraîner en Ligue 1 ? Je sais ce que je veux et je sais que ça se fera !"

Pablo Gallego
Pereira n'hésite pas à lancer des jeunes dans le grand bain, comme ce fut le cas avec Arda Güler.
Pereira n'hésite pas à lancer des jeunes dans le grand bain, comme ce fut le cas avec Arda Güler. Profimedia
Actuellement en poste à Al-Shabab FC, l'entraîneur de 55 ans s'est confié avec sincérité et authenticité à Flashscore News, en exclusivité. Il est revenu sur son expérience actuelle en Arabie saoudite, mais aussi sur son futur, notamment la Ligue 1, un championnat qu'il suit avec une grande attention.

Vítor Pereira (55 ans) est bien plus qu'un passionné. Véritable mordu de ballon rond, le Portugais s'est formé en tant qu'entraîneur au FC Porto où il a eu la chance d'entraîner l'équipe première de 2011 à 2013. Il réussira notamment à remporter le championnat portugais les deux saisons, et ce, en ne perdant qu'une seule fois. Ses classes, il les passe dans le centre de formation des Dragons, là où il a pu expérimenter ses principes fondementaux : dominer le ballon. 

En véritable "drogué" - comme il se définit -, Pereira n'a jamais pu s'arrêter d'entraîner. Le football l'a fait voyager dans tous les recoins du monde, comme tout bon Portugais qui se respecte. Celui qui entraîne actuellement en Arabie saoudite l'avoue : le peuple portugais est voyageur et lorsqu'un challenge se présente à un endroit, rien ne peut les arrêter. 

L'avenir, lui, le Portugais l'imagine dans l'un des cinq grands championnats européens, là où il avait eu des opportunités de travail par le passé, mais où la loi du football s'est appliquée et n'a fait que repousser une échéance qui arrivera. La Ligue 1 l'attire et c'est à Flashscore News que Vítor Pereira le confie. 

Question : Bonjour Vítor, un plaisir de pouvoir échanger avec vous. Tout d'abord, félicitations pour la victoire obtenue jeudi dernier contre Abha (5-0). Le travail que vous fournissez semaine après semaine depuis votre arrivée porte-t-il ses fruits ?

Réponse : Eh bien, premièrement, je vous remercie pour vos paroles. Je pense que l'équipe a désormais – à l'instant T – une identité proche de ce que nous voulions mettre en place. Depuis notre arrivée, jour après jour, nous avons créé une identité forte pour notre équipe, voulant qu'elle soit protagoniste de ses matches.

Q : Dans le top 4 la saison passée, vous avez pris Al-Shabab dans une période compliquée (actuellement, vous êtes 9ᵉ, avec 9 victoires, 8 nuls, 11 défaites). Et pourtant, vous avez une équipe assez intéressante avec des joueurs comme Carrasco, Rakitic, Saiss, Diallo ou encore Vitinho. Quelles ont été les mesures prises à votre arrivée pour tenter de rectifier la situation ?

R : Comme vous le savez, le championnat actuel est complètement différent de celui de la saison passée. Cette année, quatre équipes ont investi beaucoup d'argent, chose qui a créé une grande différence avec le reste du championnat.

Ce qui s'est passé dans notre club, c'est qu'il y a eu un changement de président et quatre changements d'entraîneurs durant l'année. Ce sont des choses qui se paient. Nous avons tout de même des joueurs de qualité comme vous l'avez dit. Pour trouver notre voie, ce que nous avons essayé de faire à notre arrivée, c'est de transmettre des idées très claires pour mettre en place un football qui se veut dominateur avec le ballon, et qui se veut être agressif quand nous le perdons. Ces idées ont été travaillées dès le premier jour. Et naturellement, ces idées apparaissent de plus en plus sur le terrain.

Q : Le match de ce vendredi, contre Al-Ittihad, est donc un bon test, n'est-ce pas ?

R : Mais nous avons déjà très bien joué contre Al-Nassr. Nous avons réalisé un grand match avec beaucoup de personnalité (défaite 3-2). Ils ont fini par gagner avec un but en fin de match, c'est la loi du football. Contre Al-Hilal aussi, nous avons joué un très bon match (défaite 4-3). À la fin, nous avons eu l'occasion de marquer un but pour égaliser à 4-4. Face aux équipes qui ont des arguments solides, nous aimons jouer parce qu'on sait que le jeu sera plus ouvert. Nous voulons un jouer un football positif. Et maintenant, contre Al-Ittihad, je pense que ce sera un autre match ouvert. Nous verrons bien ce qui se passera.

Q : Quelles ont été les raisons qui vous ont amené à (re)tenter l’expérience saoudienne ?

R : L'expérience au Brésil n'a pas été facile entre la densité de matches et les longs voyages. Après un peu plus d'un an, j'ai senti qu'il fallait que j'arrête un peu. J'en ai profité pour réfléchir, pour créer de nouvelles idées, de nouveaux concepts. Pour étudier. Et aussi pour passer du temps avec ma famille et profiter avec elle. Puis, il y a eu des premières propositions pour reprendre le travail. Et après avoir étudié, après avoir appris de nouveaux concepts et de nouveaux exercices, j'ai senti le besoin de les appliquer. Et pour moi, cela a été une bonne décision de venir ici et d'essayer ces concepts. J'en suis très heureux. J'ai la chance aussi d'avoir un très bon groupe de travail dans lequel je peux tester ces concepts. Et eux acceptent ces idées. Ils donnent tout ce qu'il faut pour progresser. C'est pourquoi je suis très heureux de cette opportunité qui s'est offerte à moi.

Q : Ce que vous me dites est très intéressant. Pendant un an, vous avez étudié de nouveaux concepts. Pourquoi ? Parce que vous sentiez que le football évoluait vers un autre type de jeu. Qu'il fallait apprendre de nouvelles choses ? Quelles ont été les raisons pour lesquelles vous vouliez étudier ? C'est assez intéressant. Vous êtes l'exemple d'une personne qui évolue avec le temps malgré l'expérience…

R : J'étudie le football tous les jours. J'ai l'habitude de dire à mes enfants que j'étudie beaucoup plus qu'eux à l'université. Parce que j'étudie des concepts tous les jours. Car les concepts que j'avais il y a quelques années et que je croyais acquis pour la vie, ne le sont plus. Je peux vous donner un exemple. Avant, je pensais que jouer rapidement était la meilleure des choses. C'était la meilleure chose pour que l'équipe adverse ne prenne pas le temps de se replier pour fermer les espaces. Aujourd'hui, ce concept a changé. Avant, j'entraînais mes gars en deux touches de balle, une, deux touches, une, deux touches… C'est important d'entraîner en une ou deux touches de balle. Mais pour moi, aujourd'hui, il est important d'alterner le rythme avec le ballon. C'est important de savoir baisser le rythme au bon moment. C'est important de ralentir pour accélérer ensuite. Pour pouvoir trouver les espaces, pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Et créer un "déclencheur" offensif au moment où nous voulons accélérer. C'est un concept complètement différent de celui que j'avais il y a 11 ans. Et ça vient du fait que j'étudie tous les jours. Car pour moi, le football, c'est comme créer, c'est comme peindre un tableau. Pour moi, le football, c'est créer une identité, comme une œuvre d'art. Il me donne l'occasion d'exprimer ma personnalité, ma créativité. Pour moi, c'est ça le football. Il n'est pas fermé, il n'est jamais fermé. C'est très important, même dans la vie en général.

Q : À Al-Shabab, vous vivez votre deuxième expérience dans la Saudi Pro League. Il y a dix ans, vous avez entraîné le club d’Al-Ahli (2013-2014). Quel constat portez-vous sur l’évolution du championnat et du football en Arabie saoudite, vous qui avez connu deux époques différentes ?

R : Tout d'abord, j'ai trouvé un championnat différent, bien plus organisée. Les terrains d'entraînement, les structures sont meilleures. Les terrains pour les matches sont bien meilleurs. Je n'en ai pas trouvé un seul qui n'offrait pas les conditions parfaites pour jouer. Pour moi, c'est une énorme différence par rapport à il y a 10 ans. Ensuite, j'ai aussi trouvé de meilleurs joueurs, de meilleurs entraîneurs. Une ligue qui fait d'énormes efforts pour évoluer et se préparer à la Coupe du monde.

Q : Vous avez signé un contrat de 5 mois avec Al-Shabab FC, ce dernier s’achève au 30 juin 2024. Vous vous voyez prolonger votre aventure en Arabie saoudite ?

R : Pour le moment, je me concentre sur les matches à venir. Je me concentre également sur l'amélioration de la qualité de notre jeu. Pour moi, il ne s'agit pas seulement de gagner. J'aime gagner, mais avec de la qualité, une identité claire. C'est ce que nous faisons, ce que nous essayons de faire, jour après jour. Puis quand viendra le moment, nous allons nous asseoir et discuter. Je pense qu'ils veulent que je reste ici, mais je dois voir quelles solutions j'ai en Europe. Par la suite, je verrai ce que je déciderai.

Q : Vous êtes un coach avec une belle expérience et qui a entraîné dans beaucoup de pays (Portugal, Arabie saoudite, Grèce, Turquie, Allemagne en 2ᵉ division, Chine, Brésil)… Néanmoins, vous n’avez toujours pas entraîné dans l’un des cinq grands championnats d’Europe. C’est quelque chose que vous gardez dans un coin de votre tête ? 

R : Oui, c'est quelque chose qui va arriver naturellement. J'ai été un peu impatient d'attendre le bon moment pour y aller. Par le passé, j'avais déjà eu l'occasion d'aller en Angleterre, en France et en Espagne. Mais pour une raison ou une autre, cela ne s'est pas fait. Maintenant, je sais que ça arrivera un jour. Je crois beaucoup en la qualité de mon travail. Avec un peu plus de patience, comme j'en ai maintenant, cela se fera naturellement. 

Q : Vous avez parlé de la France. Est-ce que la Ligue 1 et la France vous attirent ?

R : Oui, c'est un championnat que je suis. Lorsque je dis que j'étudie, j'étudie toujours les équipes et les entraîneurs qui peuvent m'apporter quelque chose de différent. Cela me fait réfléchir. Je pense d'ailleurs que c'est ce que font tous les entraîneurs. Parce que c'est comme ça que nous analysons les matches et les rencontres. Nous voyons donc comment le football évolue. La Ligue 1 est un championnat auquel je continue de prêter énormément d'attention. Il compte aussi beaucoup de bons joueurs. Des joueurs de qualité. Un entraîneur doit toujours faire du 'scouting', pour comprendre son jeu. Nous avons aussi un bel entraîneur portugais là-bas… Paulo (Fonseca), qui fait un excellent travail. Je le suis avec une grande attention. C'est un championnat compétitif. Une ligue avec de bons entraîneurs et de bons joueurs. Avec une organisation bien structurée. Voilà les raisons pour lesquelles c'est un championnat qui m'intéresse pour l'avenir.

Les deux entraîneurs lors d'une rencontre Braga-Fenerbahçe
Les deux entraîneurs lors d'une rencontre Braga-FenerbahçeAFP

Q : Pour ceux qui vous connaissent le moins en France, comment définiriez-vous votre façon de voir votre football. Quelle philosophie adoptez-vous, quelle est votre tactique (j’ai vu que vous utilisiez actuellement la défense à trois)… En bref, comment vous vous définiriez en tant qu’entraîneur.

R : Quelle que soit la structure, quelle que soit la forme, j'essaie toujours de trouver une tactique qui permette aux joueurs de se sentir à l'aise dans leur jeu. J'ai travaillé avec beaucoup de structures tactiques. C'est pour cela que je suis à l'aise dans mon travail. Aujourd'hui, j'essaie de trouver de la domination, de la possession. J'ai été au FC Porto durant huit ans. Huit ans à Porto… Donc cinq années dans l'académie. Ça veut tout dire ! J'ai fait ma formation d'entraîneur là-bas et j'ai donc formé les meilleurs jeunes du pays. Dans chacune de mes équipes, j'instaurais cette domination, cette possession, cette pression, un jeu avec de la qualité offensive, mais aussi de l'agressivité à la perte du ballon. Et ne pas hésiter à jouer en transition aussi.

Je suis un entraîneur qui a appris à jouer avec une certaine complexité… Mais une complexité de qualité. Je ne me suis pas formé pour éviter des descentes ou pour éviter les défaites. Je me suis entraîné pour des équipes qui jouent pour des titres. Et c'est le football que j'aime. Un football de qualité. Un football de pression. Un football de possession. Mais une possession intentionnelle. Une possession qui a l'intention d'accélérer le jeu au bon moment.

J'entraîne aussi des équipes qui savent comment définir ou identifier le "déclencheur" défensif. Car pour moi, la défense doit aussi avoir des rythmes différents. Par exemple, je peux être dans une phase de rythme plus bas, fermer les espaces au milieu. Et après avoir identifié l'adversaire, nous définissons notre "déclencheur". J'appelle "déclencheur" le moment où l'équipe doit savoir accélérer. Voilà mon football. Un football avec de l'intentionnalité.  Il faut savoir le comprendre collectivement. Tout le monde doit la comprendre. Mais s'ils le comprennent ici, en Arabie saoudite ou en Chine, ils peuvent le comprendre partout. Le football doit transmettre votre personnalité. La personnalité de l'entraîneur. 

Q : Quand je vous écoute, j'ai l'impression d'entendre les mêmes idées que Paulo Fonseca au LOSC…  

R : Avec Paulo, nous avons un ADN football similaire. Vous savez, j'étais à Porto deux ans en charge de l'équipe première… Et puis c'est Paulo m'a remplacé (sourire)

Q : Entre la France et le Portugal, il y a une véritable histoire d’amour. Beaucoup de Portugais jouent, ont joué, entraînent et ont entraîné ici (Vitinha, Gonçalo Ramos, Danilo, Paulo Fonseca, Pauleta, Bernardo Silva, Moutinho, Guerreiro, Paulo Sousa, Jardim, Villas Boas, Artur Jorge…). Le fait que des compatriotes aient déjà laissé une trace dans ce championnat vous motive à poursuivre cet héritage ?

R : Nous sommes un petit pays. Mais c'est un pays qui parcourt le monde. J'en suis un exemple. Nous sommes des voyageurs. Nous aimons les défis. Quand un défi se présente à nous, nous y allons sans réfléchir. Et nous nous adaptons facilement. Des joueurs et des entraîneurs sont aujourd'hui répartis dans le monde entier. Et je pense qu'au niveau des entraîneurs, le Portugal a un label de compétence extraordinaire. Nous sommes certes un petit pays, mais nous produisons beaucoup de talents. Que ce soit des joueurs comme des entraîneurs. Nous gagnons également des titres dans de nombreux pays. Le Portugal a beaucoup investi dans la formation de ses entraîneurs. Et je pense qu'année après année, des entraîneurs de qualité en sortent et voyagent ensuite dans le monde entier. En France, il est vrai qu'il y a un héritage. Et le Portugais qui va là-bas se doit assumer l'histoire et la relation existante entre les deux pays. D'ailleurs Paulo (Fonseca) nous représente bien parce qu'il fait un excellent travail au LOSC.

Q : Avez-vous une préférence de club en France, ou envisagez-vous un défi en Ligue 1 ?

R : Non, pas spécifiquement. Par contre, je sais ce que je veux et je sais que ça se fera ! J'aimerais un projet qui me permet de créer une identité. Je regarde beaucoup vers le centre de formation. Cela vient de mon époque à Porto. J'ai ce lien avec les jeunes. J'aime les lancer. J'aime découvrir, détecter et faire évoluer les jeunes talents. Et j'aime créer ma propre identité de jeu avec le groupe que je façonne…

Q : Ce serait donc du moyen-long terme ? Parce que pour mettre en œuvre vos idées, pour faire monter des jeunes, il faut du temps… 

R : Oui, mais pas vraiment… Plus vous avez d'expérience, plus vous pouvez créer une identité de jeu rapidement. J'ai l'habitude d'appeler les joueurs du centre de formation chaque semaine. Et très rapidement, j'identifie les meilleurs et je les mets en avant… Je prends souvent l'exemple, d'Arda Güler. Il est venu s'entraîner avec moi au Fenerbahçe quand il avait 16 ans. Pour moi, l'âge n'a pas d'importance. C'est la qualité du garçon qui compte. Si vous avez de la qualité, vous pouvez rester avec moi.

Je cherche un projet qui permet de gagner avec qualité, de créer ma propre identité, avec des jeunes joueurs du centre de formation. Quand on regardera mon équipe, on saura que c'est la mienne parce que c'est mon identité. Que ce soit à domicile ou à l'extérieur, l'identité sera la même. 

Le Portugais avec Arda Güler
Le Portugais avec Arda GülerProfimedia

Q : Parlons un peu du championnat portugais, où vous avez réussi à devenir champion à deux reprises avec le FC Porto. Avec du recul, comment voyez-vous votre carrière avec l'équipe première des Dragons ?

R : Au FC Porto, j'ai été entraîneur pendant cinq ans dans le centre de formation. Puis j'ai décidé de devenir entraîneur principal. La première fois que je suis parti, je suis allé dans un club de troisième division (AD Sanjoanense). Et Porto m'a dit : « Vítor, si tu pars, tu ne reviendras jamais »... Au bout d'un an, ils m'ont rappelé (rires). Et je l'ai fait, pour des raisons personnelles. Puis, un an plus tard, j'ai demandé à repartir, mais pour Santa Clara, en deuxième division. Ils m'ont dit : « Vítor, si tu pars... ». Mais je savais que je reviendrais.

Et, encore une fois, au bout d'un an, ils m'ont demandé de revenir. C'est comme ça que j'ai commencé à travailler pour l'équipe première. C'était avec André (Villas-Boas). André était à Porto et les dirigeants m'ont demandé de venir l'aider en tant qu'adjoint. J'ai accepté et c'est une année où nous avons tout gagné, en étant invaincu : la Ligue Europa, la Super Coupe, le championnat, la Coupe… Nous avons tout gagné ! André a alors décidé de partir à Chelsea. Il m'a proposé de partir avec lui, mais Porto m'a demandé de rester. Ils ont insisté et il m'ont dit "non, tu ne pars pas parce que tu vas être l'entraîneur principal". Ce n'est pas facile pour un entraîneur adjoint de devenir l'entraîneur principal d'un club comme Porto.

Vous savez, lorsqu'une équipe gagne l'Europa League, les joueurs, la grande majorité d'entre eux, s'attendent à jouer dans la cour des grands. La tâche n'a pas été facile. La première année a été même très, très difficile. Maintenant, je tiens à insister sur un point : c'est qu'en deux saisons, nous, l'équipe, en deux saisons avec moi en tant que coach principal, nous avons perdu qu'un match en championnat. C'était un match contre Gil Vicente. En deux ans, nous avons perdu un match en Liga. Pourquoi ? Parce que nous avions une équipe qui dominait ses matches, et nous avons pu travailler avec patience.

Après mes deux années de contrat, Porto voulait que je renouvelle. Ils voulaient que je continue, mais j'étais très proche de signer à Everton, en Premier League… Je voulais aller en Premier League. J'ai donc décidé de ne pas renouveler mon contrat et au lieu d'aller en Premier League – parce que j'y suis allé, en Angleterre, mais ça ne s'est pas concrétisé –, je suis venu en Arabie saoudite ! Voilà comment fonctionne le football. D'un jour à l'autre, tout peut changer.

Pourquoi j'ai, à ce moment-là, accepté ce challenge ? Parce que, pour moi, le football est une drogue. Quand j'ai quitté Porto, je n'ai pas voulu rester sans rien faire. Je voulais entraîner et je suis venu à Al-Ahli.

Q : Quelle histoire ! Vous parliez de ce record avec Porto où vous n'avez perdu qu'un seul match en deux ans. L'égaler, ce serait très compliqué, pour Porto, pour le Benfica, pour le Sporting… 

R : Oui. Très compliqué. Je n'ai vu aucune équipe faire la même chose. Je n'en ai vu aucune. Et beaucoup de grands entraîneurs sont passés par là…

Q : Comment voyez-vous l'état actuel du football portugais ? 

R : Le Portugal est un pays capable de rivaliser avec les plus grandes équipes européennes avec très peu de moyens. Vous comprenez ? C'est quelque chose qui est dans notre sang. Les équipes sont compétitives et avec peu de moyens, elles peuvent créer de grandes équipes. Aujourd'hui, le championnat est un peu comme à mon époque, avec trois ou quatre équipes qui se battent pour devenir championnes. Et puis, dans les compétitions européennes, ils suivent et font des choses incroyables avec les ressources dont ils disposent. Il faut donc valoriser ce travail constamment. 

Q : Le prochain Euro approche à grands pas et le Portugal fait partie des favoris. Comment évaluez-vous les chances de la sélection dans la compétition par rapport à l'autre grand favori, la France ?

R : Mon opinion est que nous n'avons jamais eu autant de joueurs de qualité. Même à l'heure de choisir les meilleurs joueurs, de faire la liste, des joueurs de grande qualité seront laissés de côté. Et puis, vous avez aussi un entraîneur qui est brillant pour ce qu'il fait et qui a la capacité de mener le groupe vers un seul objectif qui, je pense, peut être possible. Vous savez, c'est un tournoi où il faut avoir un peu de chance, l'alignement des étoiles doit être bon. Si vous gagnez, vous créez une dynamique de victoire… Je pense donc que tout peut arriver. Tout peut arriver, et ce, encore plus avec la qualité des joueurs que nous avons. Et avec le travail de Roberto Martínez, qui est excellent. 

Q : Souhaitez-vous devenir un jour sélectionneur ? Est-ce que c'est quelque chose que vous aimeriez faire et est-ce que vous considérez que c'est naturel dans votre évolution en tant qu'entraîneur ?

R : Peut-être un jour. Mais maintenant, honnêtement, non ! Pas parce que le football est pour moi une passion, mais aussi une drogue. Et quand vous prenez une drogue, vous en avez besoin tous les jours pour vivre. Je ne peux pas vivre sans. Pour me sentir vivant, je dois en prendre tous les jours. 

Pablo Gallego - Senior News Editor
Pablo Gallego - Senior News EditorFlashscore News France
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