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Après le choc Maignan, l'heure de l'introspection en Italie

Flashscore, avec AFP
Mike Maignan face à l'Udinese.
Mike Maignan face à l'Udinese.GABRIELE MENIS/ANSA/AFP
À qui la faute ? Les injures racistes proférées samedi à l'encontre de Mike Maignan, le gardien français de l'AC Milan, oblige le football italien à se poser de nouveau la question de sa responsabilité face à un phénomène qui se répète.

En vingt-quatre heures, Maignan a peut-être plus marqué l'histoire du calcio qu'en deux saisons et demie d'arrêts décisifs pour l'AC Milan, son club depuis 2021. Le gardien des Bleus, cible de cris de singe samedi dans le stade de l'Udinese, a quitté le terrain, un geste fort qui a forcé l'arbitre à suspendre momentanément le match.

Le lendemain, le Guyanais a placé le football italien devant ses responsabilités : "si vous ne faites rien, VOUS SEREZ VOUS AUSSI COMPLICES", a-t-il écrit dans un message rebaptisé lundi par le quotidien Il Messaggero, en français en Une de son cahier Sports, "Maignan, j'accuse".

Pendant que la justice tente d'identifier les auteurs de ces injures racistes à partir des vidéos internes du stade, la Fédération italienne de football (FIGC) se retrouve en première ligne.

"Notre règlement défini en 2019 a fonctionné, personne n'a détourné le regard (...) L'interruption d'un match est un message très fort", a insisté sur Rai Uno son président, Gabriele Gravina, en référence à l'article 62 de ses "règles d'organisation interne".

Question d'ordre public

Il a été adopté après que le Sénégalais Kalidou Koulibaly, alors joueur de Naples, visé par des injures racistes en décembre 2018, avait été exclu pour avoir applaudi ironiquement l'arbitre qui n'avait pas interrompu le match. "Notre règlement en la matière est le plus sévère en Europe", assure-t-on du côté de la FIGC.

L'article 62 prévoit ainsi l'arrêt définitif d'un match en cas de récidive d'injures racistes ; ce qui n'est encore jamais arrivé. "L'arrêt définitif d'un match avec des milliers de spectateurs dans un stade est une question d'ordre public, ce n'est pas à nous de décider", s'est défendu le patron de la FIGC.

Samedi à Udine, le match a repris après cinq minutes d'interruption. "On a dit au capitaine et à l'entraîneur de l'AC Milan que tout avait été fait pour garantir à Maignan une protection maximale", a expliqué au Messaggero l'arbitre Fabio Moresca.

À l'issue de la rencontre finalement remportée 3-2 par le Milan, Maignan a été auditionné dans un bureau du Bluenergy Stadium d'Udine, pendant 40 minutes, par les représentants sécurité de la FIGC.

Ils ont transmis ensuite leur rapport à la commission de discipline qui va annoncer ce mardi l'éventuelle sanction visant l'Udinese. Et cette sanction risque fort de déstabiliser Maignan : selon l'article 28 du code de la FIGC, un club est responsable du comportement de ses supporters si leurs cris, injures ou comportements discriminatoires sont largement entendus ou diffusés.

Or, ils n'ont pas été entendus lors de la retransmission télévisée, ni par d'autres joueurs. Ils seraient le fait d'"une vingtaine de personnes au sein d'une tribune de 4.600 spectateurs", précise une source ayant connaissance de la procédure.

"Un certain déjà-vu"

Même si l'article 8 prévoit la fermeture de la tribune concernée pour un match ou plus, la suspension du stade ou même l'exclusion du club du championnat, l'Udinese pourrait s'en tirer avec une simple amende.

Et quand les clubs sont punis avec la fermeture de tribunes pour un match, comme la Lazio début janvier pour des cris de singe visant l'attaquant de la Roma Romelu Lukaku, ils déposent systématiquement un recours. "Il faut travailler sur les gens qui viennent au stade pour laisser exploser certaines pulsions", plaide Umberto Calcagno, le président de l'Association italienne des joueurs (AIC). Selon cette instance, la moitié des insultes qui visent les joueurs ont un caractère raciste.

En 2023, 2 956 interdictions de stade – pour comportements discriminatoires et actes de violence –, ont été prononcées, contre 1 865 en 2022.

"Après la pandémie du covid, c'est comme si on était revenu à des mauvaises habitudes", explique à l'AFP le sociologue Nicola Ferrigni. "C'est comme si les instances s'étaient un peu assoupies, après avoir réussi (avant la pandémie) à ramener les familles au stade."

Selon lui, le football italien est notamment en retard en matière d'encadrement des ultras : "La développement des Supporter Liaison Officers qui font le pont entre les clubs et les supporters est très timide en Italie par rapport à ce qui se fait ailleurs en Europe".

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