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France - Israël 1993, souvenir d'un rêve américain qui commence à s'effondrer pour les Bleus

Eric Cantona
Eric CantonaVincent Amalvy / AFP
31 ans quasiment jour pour jour, le 13 octobre 1993, les Bleus recevaient Israël au Parc des Princes. Contre l'équipe la plus faible de son groupe de qualification qu'ils avaient laminé à l'aller, ils devaient gagner pour valider leur ticket pour la Coupe du monde 1994 aux États-Unis. Devant au score jusqu'à la 83ᵉ minute, ils ont finalement été battus dans les arrêts de jeu. Un joker qui n'a pas suffisamment servi de leçon et conduira à la douche froide contre la Bulgarie quelques jours plus tard.

C'est soir de fête au Parc des Princes en ce 13 octobre 1993. Il ne manque qu'un point à l'équipe de France pour se qualifier pour la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis, huit ans après la 3ᵉ place conquise au Mexique. Pelé a fait le déplacement pour donner le coup d'envoi malgré la pluie qui drache fort sur Paris. 

C'est détente, y compris au micro de TF1 où Jean-Michel Larqué narre une anecdote sur l'inauguration des projecteurs de Colombes lors d'un match opposant Santos à une entente Olympique de Marseille - AS Saint-Étienne et d'un coup d'envoi donné par Brigitte Bardot venue en très petite tenue, un souvenir encore vivace dans l'esprit de Thierry Roland

Ginola sublime en son jardin

C'est la première fois qu'Israël joue en France. Le match aller à Tel-Aviv a été une formalité pour les Bleus : victoire 4-0. Premiers de leur groupe, ils ont deux matches pour se qualifier : Israël qui n'a pas gagné le moindre match pendant cette phase de qualification, puis la Bulgarie qui l'a emporté à l'aller à Sofia (2-0). Battre l'équipe la plus faible du groupe à domicile : c'est du tout cuit pour les Bleus. Nouveauté : le Mondial réunira 24 équipes, il n'y a pas de barrages pour espérer un repêchage et il faut donc terminer impérativement parmi les deux premiers. Mais avec cette génération guidée notamment par le Ballon d'Or Jean-Pierre Papin, Eric Cantona et David Ginola, imaginer l'équipe de Gérard Houllier absente du tournoi l'été prochain relève de la science-fiction. 

Les 40.000 places n'ont pas trouvé preneur, preuve que le football n'a pas encore fait sa place dans l'Hexagone. Très rapidement, Didier Deschamps trouve Franck Sauzée dans la surface mais le milieu bute sur Bonni Ginzburg

La pelouse est gorgée d'eau, les tacles ne sont pas maîtrisés de part et d'autre et jouer au ballon s'avère très délicat. Le premier éclair de la partie est israélien. Sur le côté gauche de la surface, Ronny Rosenthal s'enroule autour d'Alain Roche qui se blesse puis centre au second poteau sur Reuver Atar qui remise sur Ronen Harazi, oublié par Emmanuel Petit et qui n'a plus qu'à pousser du droit (21ᵉ). Dans la foulée, Roche cède sa place à Bixente Lizarazu

Les Bleus ne sont pas au mieux, mais il reste plus de 70 minutes pour égaliser. Et avec tout le talent présent, il n'en faut que 8 pour revenir à hauteur. À 20 mètres des cages adverses, Ginola fixe la défense et décale Sauzée qui, d'une belle frappe du droit au ras du poteau, trouve les filets de Ginzburg. Au micro, Jean-Michel Larqué offre un rapide cours de maths sur les fractions : "je dirais qu'un tiers du but est pour David Ginola, un tiers pour Franck Sauzée". 

Les Bleus prennent l'ascendant et pour valider ce temps fort, Ginola prend la balle dans le coin gauche de la surface et expédie une frappe du droit fabuleuse en pleine lucarne opposée (40ᵉ). Du grand art. "El Magnifico" dans son stade fétiche fait l'admiration d'Houllier... Qui pouvait songer à ce moment-là de la future brouille entre les hommes quelques jours plus tard ? 

Mauvaise pub pour Wenger

À ce moment-là, pour aller aux États-Unis, c'est tout droit. Entre deux pages de pubs, interrogé par Pascal Praud dans les gradins du Parc, Arsène Wenger est sûr de son fait : "on a eu du mal à démarrer mais le but israélien a eu le mérite de réveiller à la fois le public et l'équipe. Je pense qu'on ne devrait pas connaître de problème en deuxième mi-temps. Dès qu'on a haussé le rythme, l'équipe d'Israël a craqué"

Si vous avez moins de 30 ans et que vous ne comprenez pas les lignes suivantes, c'est tout à fait normal. La promotion du best of d'Herbert Léonard (14 succès dont 3 inédits, ce n'est pas rien), l'opération exceptionnelle de McDonald pour les 25 ans de la marque en France avec le BigMac à 12 francs (moins de 2 €, eh oui), la bande-annonce de la série "Deux justiciers dans la ville" avec Jean-François Stévenin et Thierry Lhermite au sommet du ringardisme, la sortie en VHS de Talons Aiguilles de Pedro Almodóvar avec Victoria Abril, "la force de rugir" avec Lion et, cerise sur le gâteau, la diffusion après le match du programme baptisé "Télevision"qui interroge sur "les émissions de charme" qui "font fureur en France comme à l'étranger" avec notamment Jean-Pierre Foucault qui palpe la poitrine de Lova Moor mais tout ça, rassurez-vous, c'est pour "ouvrir le débat" : cette mi-temps est un florilège de ce qui se fait de mieux sur la première chaîne d'Europe pour patienter avant que les joueurs ne reviennent sur le terrain. 

Retour au Parc avec une banderole "USA nous voilà" et Thierry Roland qui montre à la caméra un t-shirt "Faites-nous confiance" signé par Laurent Blanc, Basile Boli, Eric Cantona, David Ginola et Luis Fernandez et disponible "dans toutes les grandes surfaces, c'est pour des bonnes œuvres" (il y a une bonne demi-douzaine d'associations et tout est à l'avenant, des "enfants des banlieues" aux "enfants atteints du SIDA" et l'arrivée prochaine des "enfants de la Terre, chers à Yannick Noah"). 

"Oh que je n'aime pas ça"

Le récital de Ginola continue dès le retour des vestiaires, avec une ouverture délicieuse de l'extérieur du droit pour Lizarazu dont le centre est intercepté. Sauzée tente à nouveau sa chance de loin, directement dans les gants de Ginzburg. Les Bleus sont en contrôle, mais Houllier montre des signes de crispation quand Cantona manque le cadre. Le "King" offre un centre délicieux à Papin qui claque une volée : Ginzburg bloque au sol. À 25 minutes de la fin du temps réglementaire, on peut voir la flamme de la statue de la Liberté depuis le Parc. Toujours servi par Cantona, JPP a un face-à-face qui poinçonnerait définitivement le billet pour l'Amérique : son tir croisé passe à côté. Après que Marcel Desailly s'est arraché pour sauver un centre de Cantona qui allait finir en sortie de but, Deschamps trouve le Marseillais de naissance au second poteau, mais la tête de Canto passe à côté. Les Bleus récupèrent le ballon de plus en plus haut. Sauzée manque nettement le cadre, mais pas de stress : c'est la 79ᵉ minute et Israël n'a rien montré depuis son but. 

"Il doit y avoir 8 petites minutes à souffrir et après, c'est comme on dit in the pocket... c'est ce qu'on dit du côté de Manhattan" : Thierry Roland galèje parce que même si les Israéliens n'ont pas coulé, ils sont clairement un ton en dessous des Français. Quinze secondes plus tard montre en main, la pocket est trouée : Rosenthal a glissé le ballon à Harazi, Bernard Lama s'est interposé, mais Eyal Berkovic, qui n'avait pas encore marqué de toute la phase de qualification, a suivi et égalise malgré le retour désespéré de Desailly sur la ligne (83ᵉ). 

Le trouillomètre se rapproche sérieusement de zéro. Drôle de moment pour lancer Youri Djorkaeff qui honore sa toute première sélection en remplacement de Ginola. Côté gauche, Lizarazu centre pour Cantona mais Nir Klinger détourne en corner (88ᵉ). Les Bleus veulent absolument gagner et ne pas se contenter du 2-2. 

Dernier changement pour les Israéliens, début des arrêts de jeu : Gérard Houiller tire la tronche, engoncé dans son dufflecoat. Deschamps centre en direction de Cantona mais c'est Djorkaeff qui est à la retombée : le Monégasque voit le ballon lui arriver sur la tête mais Alon Hazan touche le cuir du bout du crâne.

"Oh que je n'aime pas ça, oh que je n'aime pas ça" : Jean-Michel Larqué voit le coup venir. Côté gauche, Rosenthal déborde, dépasse Desailly puis Blanc et centre en retrait. Après un rebond, Reuven Atar arrive lancé et envoie le ballon sous la transversale de Lama d'une reprise du coup du pied gauche (90ᵉ+3). 

Au coup de sifflet, Pascal Praud alpague Gérard Houiller et donne à son tour, un rapide cours de calcul mental : "la Bulgarie a gagné ce soir, la France a 13 points, la Bulgarie en a 12, c'est-à-dire que vous devrez gagner contre la Bulgarie". Avant de quitter l'homme de terrain, le sélectionneur affirme que son équipe sera "à la hauteur de la tâche" contre la bande à Hristo Stoichkov et certifie qu'"aujourd'hui on n'était pas très bien, c'est tout, ça arrive". La suite lui prouvera que cela arrivera une deuxième fois, encore dans les arrêts et encore avec une frappe sous la transversale. 

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