Dernière journée du triptyque transalpin, cette première étape de plat a été un doux flashback vers les fondamentaux du Tour des années 90, une ode à la sieste qui a même rebuté Jonas Abrahamsen et Johannes Kulset, compères et compatriote d'Uno-X Mobility, sortis du peloton avant... de descendre de machine pour attendre le retour du peloton.
Ce Baracchi d'à peine 5 bornes achevé, le "Tracteur" Tim Declercq (Lidl-Trek) s'est mis en tête de peloton pour assurer le tempo. Sur les routes du Campionissimo Fausto Coppi, la première heure de course a eu des airs de procession avec une moyenne de 37,3km/h. Les deux premiers jours de course ayant été rudes, notamment pour les sprinteurs qui aiguisaient enfin les cale-pieds, cette mise en jambes sur un rythme moderato a eu le mérite faire chauffer les moteurs dans une ambiance relativement détendue, un vrai luxe sur la Grande Boucle.
À Tortone, là où Coppi est décédé en 1960, Abrahamsen a renforcé son maillot à pois, qu'il portera mardi pour grimper le Galibier en s'adjugeant le point du grimpeur de 4e catégorie.
À Alexandrie, patrie de Gianni Rivera, Ballon d'Or 1969, Mads Pedersen (Lidl-Trek) a remporté un duel psychologique au sprint intermédiaire devant Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) et Bryan Coquard (Cofidis).
L'accéleration suivante s'est produite à quelques encablures du sommet de la Côte de Barbaresco (4e catégorie) mais, cette fois-ci, Abrahamsen a été surpris par l'Italien Matteo Sobrero (Red Bull - Bora - Hansgrohe), natif d'Alba, à 10 kilomètres de là.
À 66 bornes de Turin, Fabien Grellier (TotalÉnergies) s'est lancé seul vers la Côte de Sommariva Perno (4e catégorie), prenant rapidement une trentaine de secondes d'avance et un virage un peu large, sans conséquence. Le Français a basculé en tête mais son sort était déjà réglé : il a été repris à 27 kilomètres de la capitale piémontaise.
Dès lors, la nervosité est montée d'un cran. À un peu plus de 6 kilomètres de l'arrivée, Mathieu van der Poel a crevé, retirant à Philipsen son poisson-pilote. Le sprinteur a été impliqué dans les derniers hectomètres dans une chute massive. Alors que Pedersen et Arnaud De Lie (Lotto-Dstny) étaient les favoris, c'est Birnam Girmay (Intermarché - Wanty), le long des barrières qui s'est extripé devant Fernando Gaviria (Movistar). Vainqueur sur le Giro en 2022, l'Erythréen s'était blessé... avec le bouchon de la bouteille de Prosecco au moment de célébrer sur le podium. Clin d'oeil de l'histoire, c'est en Italie qu'il remporte sa toute première victoire d'étape sur le Tour de France.
Soucieux de se délester de son Maillot Jaune ravit dimanche à Romain Bardet (DSM-firmenich), Tadej Pogacar (EAU-Team Emirates) a fait en sorte de perdre quelques secondes au général. Cela sourit à Richard Carapaz (EF-Easy Post), un joli pied de nez alors que l'Equatorien, champion olympique en 2021, a été snobé par sa fédération pour défendre son titre à Paris.