Goodchild, Lunven et Richomme, trois bizuths en embuscade du Vendée Globe
Quinze des quarante skippers au départ n'ont jamais participé à la célèbre course autour du monde en solitaire. Mais parmi eux, ce trio de marins talentueux a tiré son épingle du jeu lors de la campagne qualificative.
"Au-delà du top 5 à l'arrivée, ce serait décevant, un top 3 satisfaisant, mais ma tête est plutôt tournée vers la première place", dit sans complexe Richomme (Paprec Arkéa), qui pour sa deuxième année seulement à bord d'un Imoca figure même parmi les favoris.
Ce spécialiste des dynamitages de course à grand renfort d'options audacieuses avait déjà beaucoup gagné sur d'autres supports avant de se lancer sur le tour du monde : deux Solitaire du Figaro (2016 et 2019) et deux Route du Rhum (2019, 2022) en Class 40.
Il n'a pas trainé une fois en mer sur son nouveau voilier de 18 mètres. Le marin de 41 ans originaire du Var a enchaîné les victoires (Retour à la Base en 2023 et The Transat en 2024) et les places d'honneur.
"Champion du monde" Imoca
"Ces résultats ne me surprennent pas, on a fait un peu pareil en arrivant dans la classe", note Charlie Dalin, cador de l'Imoca qui régate face à Richomme depuis leurs années en Figaro, tous les deux sous les couleurs de l'assureur Macif.
"Yoann a un peu bénéficié de l'expérience de Thomas Ruyant puisque Paprec est un sistership de son bateau (Vulnérable, ndlr)", ajoute Dalin. Ruyant, l'un des favoris, a aussi pesé sur la trajectoire montante d'un autre poids lourd de cette édition.
En intégrant Sam Goodchild à l'écurie TR Racing et en lui donnant la barre de son précédent voilier (ex-LinkedOut, désormais également appelé Vulnérable), le Nordiste a fait du Britannique un client plus que sérieux au sein de la flotte.
Très régulier l'année dernière (quatre fois 3ᵉ sur les grandes courses), Goodchild a même décroché le titre de champion du monde Imoca en remportant le classement général. "L'objectif n'est pas le même sur ce tour du monde", tempère le marin de 34 ans.
"Thomas et les autres favoris veulent gagner, moi, je veux avant tout finir", précise cet ancien équipier d'Alex Thomson (2ᵉ du Vendée Globe 2016/2017), installé en Bretagne depuis 2011.
À l'aise sur tous les supports
Nicolas Lunven est lui arrivé plus tard que Goodchild et Richomme au sein de la classe. Il a pris la barre du voilier Holcim-PRB, en remplacement du marin Kevin Escoffier, à l'automne 2023 seulement.
"C'était un peu express comme préparation. Mais j'ai eu la chance d'être bien entouré et d'avoir un super bateau, cela permet d'accélérer les choses", juge le marin de 41 ans, double vainqueur de la Solitaire du Figaro (2009 et 2017).
L'expérience autour du monde, il est allé la chercher en tant qu'équipier sur The Ocean Race (ex-Volvo Ocean Race), course avec escales bouclée à trois reprises (2015, 2018 et 2023). "Ces épreuves en équipage, elles permettent sans doute de s'améliorer plus vite que de se lancer tout seul, dans son coin. C'est par l'échange que tu progresses le plus", estime ce navigateur polyvalent, à l'aise sur tous les supports.
Spécialiste du routage météo, il a aiguillé à distance Armel Le Cléac'h lors de l'Ultim Challenge 2024, tour du monde en solitaire entre maxi-trimarans, et sait donc à quoi s'attendre sur le parcours.
L'un de ces trois marins peut-il remporter l'Everest des mers ? L'histoire du Vendée Globe les encourage à y croire. Sans compter la grande première, gagnée en 1990 par Titouan Lamazou, 50 % des éditions du Vendée Globe ont été remportées par des bizuths.
Dernier exemple en date, "François Gabart n'avait pas d'expérience sur le Vendée avant de gagner en 2013", note Samantha Davies (Initiatives Cœur) qui s'élance pour la 4ᵉ fois dimanche : "le niveau est fou cette année, tout peut arriver".