Griezmann, l'homme des matches qui comptent
Qui aurait pu croire au mois de juin dernier qu'Antoine Griezmann serait à ce point essentiel dans le jeu de l'Equipe de France ? Essoré, il n'était plus que l'ombre de lui-même au point que, même s'il était hors de question de le laisser à quai, son rôle ne pouvait plus qu'être celui de remplaçant, terminant les matches, davantage pour gérer que pour provoquer des renversements de scenario. Outre une blessure, fruit d'un tacle de Dani Carvajal lors d'un eterno derbi en Liga, la COVID n'a pas épargné le Colchonero, parti à New York avec Koke Resurrección et revenu avec un test positif dans les valises.
Le retour de Karim Benzema juste avant l'Euro n'avait pas fait les affaires de "Grizou". Son positionnement sur le terrain lui a moins convenu et l'absence de repères a largement contribué à l'élimination en 1/8 de finale, en plus de tensions au sein du groupe, avec le déclassement d'Olivier Giroud et la place prise par Kylian Mbappé.
Son début de saison a été marqué par une clause sortie de nulle part dans son contrat de prêt du FC Barcelone à l'Atlético de Madrid limitant son temps d'apparition. Le jeu déployé par les Rojiblancos, malgré tous les efforts du Mâconnais, n'a convaincu personne. De quoi percevoir Griezmann comme un recours plus que comme un patron.
Platini + Zidane
Et puis le corps de Benzema a commencé à grincer. La simple surchage musculaire s'est transformée en forfait et en reconfiguration tactique. Les récentes bonnes performances du tandem Mbappé-Giroud, retournement de situation improbable alors que les deux hommes étaient en froid pendant l'Euro, ont convaincu Didier Deschamps de profiter du volume de jeu de Griezmann pour rebâtir son système. Terminée la défense à 3 qui n'a jamais convaincu. Le retour à 4 a offert plus de stabilité, avec Aurélien Tchouaméni et Adrien Rabiot, lui aussi revenu en grâce, pour apporter de la qualité technique et la projection. L'ensemble a de l'allure mais il manque le chaînon qui reliera l'entrejeu au trident offensif. Et qui d'autre que Griezmann ?
Déjà contre l'Australie, le Colchonero avait réalisé un match inaugural de très bonne facture, ne laissant aucun doute que cette équipe serait la sienne, laissant le rôle de soliste à Mbappé. S'il n'a pas encore marqué lors de cette Coupe du Monde, il n'en demeure pas moins décisif. Avec trois passes décisives dont deux contre l'Angleterre, Griezmann traduit en chiffres son influence dans le jeu. Sa capacité à défendre, à faire jouer les autres, à comprendre le sens du jeu est la clef de voûte de cette équipe.
Et ce qui est souvent fustigé quand il porte le maillot rojiblanco devient admiré avec la tunique bleue. Dans les matches à élimination directe en Coupe du Monde, Griezmann est impliqué sur 14 buts, soit comme buteur soit comme passeur décisif. En guise de comparaison, il faut additionner Michel Platini (5+1) et Zinedine Zidane (7+1) pour l'égaler ! Et c'est sans oublier qu'à l'Euro 2016, son bilan était de 5+2. Moins en verve en 2021, la France est sortie prématurément. CQFD. Mis dans les meilleures conditions, peu importe son positionnement, Griezmann fait toujours la différence. La marque d'un grand qui doit être considéré comme tel, tout en haut du panthéon footballistique français.