Gymnase Alice Milliat ou stade Marie Marvingt : les noms d'équipements sportifs au féminin
"C'est rendre visibles les invisibles", résume Marie-Françoise Potereau, responsable de la mixité au Comité olympique français (CNOSF) pour qualifier ce processus en cours dans les collectivités. Et ainsi permettre aux jeunes sportives de "se projeter" dans un modèle de championne.
C'est ainsi que Marie Marvingt, aviatrice, cycliste, nageuse - elle traversa Paris à la nage en 1906 et participa au Tour de France contre l'avis des organisateurs - est devenue il y a quelques mois le nouveau nom du Stade du Mans, après s'être appelé MMArena du fait d'un contrat de naming.
Une piscine parisienne porte également le nom de cette femme intrépide surnommée "la fiancée du danger", que rien n'arrêtait. Autre figure de sportive sortie de l'oubli depuis quelques années : celle d'Alice Milliat, pionnière du sport féminin, à l'origine des premiers JO féminins à Paris en 1922. "À l'époque, on les a passées sous silence", observe Marie-Françoise Potereau, ancienne coureuse cycliste professionnelle.
Des noms de sportifs 9 fois sur 10
À Romainville (Saint-Saint-Denis), un gymnase multisports flambant neuf, porte le nom d'Alice Milliat depuis deux ans, de même qu'une piscine de Pantin.
À Bourges, la patinoire rénovée vient d'être baptisée Sarah Abitbol, du nom de la championne de patinage artistique qui a brisé le silence en 2020 sur les viols qu'elle avait subis dans son adolescence de la part de son entraîneur.
D'après une étude de l'association Egal Sport de 2018, un peu plus de 10 % des équipements portent le nom d'un sportif, et quand c'est le cas, neuf fois sur 10, il s'agit d'un homme. Parmi les sportives les plus honorées : Colette Besson, championne olympique du 400 mètres aux JO 1968 de Mexico, mais derrière la scientifique Marie Curie.
Prochaine inauguration en vue : le 20 mai à Limoges, une piste de BMX qui prendra le nom d'Anne-Caroline Chausson, première championne olympique de l'histoire du BMX en 2008. "C'est une plus-value dans le monde sportif, d'autant que de plus en plus de filles pratiquent ce sport", se réjouit auprès de l'AFP Marie Laure Brunaud, vice-présidente du club de Limoges et du comité régional Nouvel Aquitaine de cyclisme.
Un stade Marianne-Mako
La ville de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) va, elle, baptiser mercredi un terrain de football du nom de Marianne-Mako, première journaliste à intervenir sur le plateau de l'émission Téléfoot, native de la ville et décédée en 2018.
Le président du comité d'organisation des JO de Paris (Cojo), Tony Estanguet, devrait être présent, car le Cojo a décidé depuis quelques mois d'encourager les collectivités à nommer ou renommer au féminin gymnases et stades dans le cadre des actions que le Cojo mène en faveur de la parité. "Une soixantaine de villes" ont contacté Paris 2024, a récemment expliqué Raphaël Leclerc, un de ses responsables. D'ailleurs, depuis quelques années, il n'est pas rare de voir des collectivités organiser des votes en vue de féminiser les noms de rue ou d'équipements, comme à Tours.
"La parité, cela passe aussi par le naming des équipements sportifs. On en est très très loin. C’est pourtant essentiel parce que cela met en avant les sportives, ça les valorise, ça touche les jeunes générations et ça peut les inspirer. Et pas que les femmes. Cela permet de casser les stéréotypes, de casser les codes", a expliqué à l'AFP l'escrimeuse Astrid Guyard.
À Paris, après le gymnase Althéa Gibson, championne américaine de tennis et de golf, la ville proposera prochainement d'appeler les deux gymnases attenant à l'Arena La Chapelle des noms d'Alice Cochman, première athlète afro-américaine championne olympique aux JO 1948 de Londres (saut en hauteur), et Aimée Lallement qui a notamment participé aux premiers JO féminins à Paris en 1922.