Nedim Remili et l’équipe de France veulent "être reconnus pour avoir gagné"
Après les Barjots, les Costauds ou les Experts, les Français, qui s’apprêtent à débuter un stage de préparation à Créteil jeudi, veulent "construire (leur) histoire" avec, entre autres, le demi-centre de 28 ans qui avait manqué l’Euro en Hongrie il y a deux ans sur blessure, ressenti "comme un abandon envers (s)es coéquipiers".
Vous êtes, à titre personnel, déjà champion du monde (2017) et champion olympique avec les Bleus (2021). Pas encore champion d'Europe. Comment abordez-vous cet Euro en janvier ?
"Je peux parler au nom de l’équipe en disant qu'on y va pour essayer de gagner. Cela fait déjà dix ans que l'on n’a plus gagné ce titre. On a aussi envie d’écrire notre propre histoire. Chacun a eu une épopée et nous, on a envie de construire notre histoire. On a commencé en 2021, avec ce premier Mondial où on finit quatrième. Six mois après, on remporte les JO. Il y a deux ans, l'équipe finit quatrième (à l'Euro 2022, en Hongrie ndlr), cette année vice-championne du monde... On n'est jamais loin, on est toujours aux portes des médailles ou du Graal, mais on a envie que cette équipe soit reconnue pour avoir gagné, pour perdurer. A titre individuel, j'ai raté l'Euro il y a deux ans et ça avait été une belle déception car après les JO, les premières choses que l’on s'est dites c’est 'dans six mois on y retourne' avec l’envie d’enchaîner. Je l’ai vécu un peu comme un abandon envers mes coéquipiers, j’ai envie de me racheter."
Quelle sera selon vous la plus grande force des Bleus ?
"Quand on parle d’expérience, on est pas mal. On est habitués à jouer des gros matches, dans des grands clubs, à avoir des rôles importants. Maintenant il fallait encore acquérir l'expérience collective. Depuis 2021, un peu avant même, on a commencé ce nouveau cycle. C'est une mayonnaise qui doit prendre. Ces JO ont été incroyables, mais si on veut perdurer, ça doit sans cesse s'améliorer. On a une belle alchimie. On est vraiment tous très proches. Ce n'est pas un monde de Bisounours, mais ça se passe super bien. Mais même si c'est une chose importante dans un groupe, ça ne fait pas gagner. Il faut réussir à ce que cette alchimie se répercute sur le terrain, même si c'est déjà le cas, je trouve. Je pense que notre réussite sur le Mondial, outre la finale, est d'avoir vécu une aventure incroyable. Après la défaite (face au Danemark 34-29, ndlr), il n'y a pas eu de moment où quelqu'un a dit 'C'est de ta faute'. On était très déçus mais on est restés ensemble."
Après l'Euro viendront les Jeux. L'attente est-elle plus forte avec le hand français, après le carton des sports collectifs en 2021 à Tokyo ?
"Forcément, plus tu gagnes, plus on te demande de gagner. On sait que les nations fortes, dont la France fait partie, se doivent de sur-performer, spécialement quand elles jouent à la maison. Maintenant est-ce qu’on ressent la pression ? J’ai envie de dire non. On se concentre sur les choses sur lesquelles on a une influence et ce sera le résultat à aller chercher à l’Euro, d’une manière ou d’une autre. A l’image de ce qu’ont fait les filles. Bien sûr que les JO sont quelque chose de spécial. Pour nous, pour les spectateurs. Maintenant notre Fédération fait le filtre pour éviter que cela nous impacte, alors qu’on est à six mois et qu’on a déjà une compétition. On le fait aussi naturellement, car on a aussi nos clubs qui visent des titres. On aura le temps de voir venir."