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Hervé Renard, de l'autre côté du miroir et déjà au pied du mur avant France-Brésil

François Miguel Boudet
Hervé Renard avec Kenza Dali
Hervé Renard avec Kenza DaliAFP
Davantage habitué à diriger des équipes outsiders, le sélectionneur des Bleues s'est retrouvé dans la situation inverse et il n'a pas été en mesure d'infléchir le cours de ce match nul contre la Jamaïque (0-0), plaçant l'Equipe de France dans une situation très complexe.

Ce début de Coupe de monde a démontré que les nations dites majeures ne disposaient pas d'une marge de manoeuvre très large face à des adversaires qui progressent à tous les niveaux. Les résultats de ce dimanche, avec la victoire in extremis de la Suède contre l'Afrique du Sud (2-1) et des Pays-Bas contre le Portugal (1-0) en attestaient avant le coup d'envoi de France-Jamaïque

Les notes de France-Jamaïque de Flashscore

L'équation était connue pourtant

Hervé Renard est un sélectionneur de renom et son palmarès se suffit à lui-même. À la tête des Bleues, le revoilà dans une situation plus proche de celle vécue avec les Éléphants de Côte d'Ivoire, souvent favoris mais rarement vainqueurs, que de la Zambie, voire de l'Arabie Saoudite dont la victoire contre l'Argentine, aussi inattendue fut-elle, n'a malgré tout pas permis d'aller en 1/8 de finale. 

Le passage du 4-3-3 au 4-4-2 était déjà un bon indicateur de ses doutes à l'égard de son équipe. Certes, Marie-Antoinette Katoto et Griedge Mbock, ainsi qu'Amandine Henry et Oriane Jean-François dans une moindre mesure, manquent. La plupart des équipes qui visent le titre suprême comptent aussi des absentes mais peut-être davantage de certitudes sur leur jeu.

En l'espèce, il n'y a pas eu de surprise dans le contenu des Reggae Girlz : ordonné, quadrillé, espérant un coup de pied arrêté ou une inspiration de leur star Khadija Shaw pour trouver la faille. La surprise réside peut-être dans le fait que la Jamaïque n'a pas baissé de pied de la première à la dernière minute. En récompense, elle a eu de la réussite quand Kadidiatou Diani a trouvé la transversale et le poteau sur sa tête à la 89e minute. 

Clairement, les Bleues ont été très insuffisantes, d'autant qu'elles étaient prévenues et que leur expérience aurait dû suffire pour s'extirper du piège. Peu de vitesse, de décalages de spontanéité, pas assez de présence dans la surface et trop de déchet technique. Dans un jour où ça veut rigoler, ça peut passer. Mais pour cela, il faut aussi provoquer la réussite. Quand on met en perspective les moyens mis à la disposition des Jamaïcaines par leur fédération à ceux employés pour les Bleues, il s'agit de deux mondes différents et cela doit se répercuter sur le terrain. Les circuits de passes dans le secteur offensif ont été pauvres, à l'image de l'impact mis dans les duels où les Reggae Girlz ont sans cesse voulu marquer leurs adversaires à chaque contact. Cette volonté a été payée au prix cher par Shaw, exclue pour deux fautes évitables mais, au bout, il y a le tout premier point inscrit par la Jamaïque lors d'une Coupe du monde. 

Statistiques de France 0 - 0 Jamaïque
Statistiques de France 0 - 0 JamaïqueStats Perform

Le choix de l'embarras contre le Brésil

Dans ce bourbier, Renard n'a jamais semblé en mesure de transcender son équipe. Les entrées de Vicki Becho et Kenza Dali, ses deux seuls changements du match, ont certes apporté davantage de tranchant, mais on a senti le sélectionneur sur la réserve, presque apathique, comme s'il doutait de la force de conviction de ses joueuses après la défaite en amical contre l'Australie (1-0). 

Le passage à deux pointes en raison de la blessure de Selma Bacha a peut-être aussi transmis de la crainte et, quand on voit la vitesse de Becho dans la dernière demi-heure, on peut se demander si elle n'aurait pas dû être titularisée poste pour poste dans le 4-3-3 que le successeur de Corinne Diacre avait privilégié depuis son intronisation. 

Pour un retour à ce schéma contre le Brésil, il faudra davantage d'engagement de la part de Grace Geyoro, peu en vue contrairement à Sandie Toletti, ce qui n'est guère rassurant quant à la copie rendue par les Bleues. La milieu de terrain parisienne est capable d'apporter beaucoup plus dans le dernier tiers, y compris de tenter sa chance de loin. 

À présent, Renard se retrouve face à un dilemme : continuer avec le 4-4-2 qui apporte peu de vitesse dans le jeu en l'état actuel des choses ou repasser en 4-3-3 avec le retour de Bacha, avec la possibilité de manquer de présence au milieu et de se retrouver en infériorité numérique dans l'entrejeu dans les transitions rapides. Choix cornélien car l'entre-deux ne peut plus être toléré. 

Grace Geyoro
Grace GeyoroAFP

À présent, il faut espérer que le Brésil connaisse le même genre de mésaventure contre le Panama lundi. Le pays d'Amérique centrale est a priori l'adversaire le plus faible de la poule. Même sans Shaw, la Jamaïque peut croire en une victoire lors de son 2e match, rendant la victoire des Bleues contre la Seleçao plus que jamais impérative. 

Renard est déjà au pied du mur, dans une position à laquelle il n'est pas coutumier. Après ce faux départ, il doit prouver que son arrivée à la tête de l'Equipe de France était bien plus qu'un simple coup de communication pour la FFF. Même si ce groupe est capable de beaucoup mieux et de jouer les premiers rôles, il faut néanmoins faire preuve de lucidité : après ce premier match, le risque de fiasco existe bel et bien. 

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