Hervé Renard, un authentique profil de sélectionneur mais novice dans le football féminin
Avec 20 minutes de retard sur l'horaire annoncé, Hervé Renard a officiellement été intronisé sélectionneur de l'Equipe de France féminine de football. Chemise noire impeccable, souriant et affable comme à l'accoutumée, il est apparu à la tribune en présence de Philippe Diallo, président par intérim de la FFF, Jean-Michel Aulas et Aline Riera.
Diallo a évoqué le travail collégial au sein du comité exécutif pour trouver un profil mêlant "expérience et compétence". Selon lui, Renard s'est "imposé". Connaissance du haut niveau, charismatique, titré avec la Zambie et la Côte d'Ivoire, le nouveau sélectionneur des Bleues est le profil adéquat choisi "à l'unanimité" pour redorer le blason tricolore et lui donner une image plus amène que Corinne Diacre dont l'image publique et le management en interne ont été vertement critiqués, au point d'avoir causé sa perte à 4 mois de la Coupe du monde.
Les efforts de Renard pour se libérer de son contrat avec l'Arabie Saoudite et rejoindre les Bleues ont été salués par Diallo qui a évoqué "l'attachement à la France, à la sélection nationale" du nouvel arrivant. "C'est une immense fierté d'être dans cette maison aussi prestigieuse, a expliqué Renard qui sera en poste au moins jusqu'aux JO 2024. A quelques mois d'une échéance très importante, je remercie toutes les peronnes qui m'ont fait confiance. Place au travail et cap sur cette Coupe du monde 2023 qui va arriver très vite".
La venue d'un personnage habitué à la fois du travail au sein d'une fédération et aussi des missions complexes constitue un avantage en termes de temps. Renard sera, à ce titre, un élément central du projet ambitieux de la FFF afin que la France comble son retard au niveau de la professionnalisation des clubs. Jean-Michel Aulas et Aline Riera, tous deux élus du Comex, seront "au plus près de cette équipe pour l'accommpagner et réunir les conditions du succès" pour reprendre les mots de Diallo.
Pour Renard, c'est aussi un moyen de revenir en France par la grande porte, sans pour autant nourrir un quelconque esprit de revanche : "j'ai fait ma formation avec la DTN française et j'ai toujours été fier d'être Français à travers le monde. Comme chaque entraîneur, j'ai eu des hauts et des bas, ça fait partie d''une carrière".
Cependant, Renard n'a jamais travaillé dans une section féminine, ce qui pourrait nécessiter un temps d'adaptation au niveau managérial. Un argument battu en brèche dans un sourire par le technicien qui a rappelé qu'il a "4 filles à la maison". Rappelant au parterre de journalistes qu'il comptait sur eux pour transmettre son message, l'ancien coach de Sochaux et Lille s'est dit très motivé par ce challenge imminent car "rien ne remplace les grandes compétitions. On est servi avec, dans quelques semaines, la Coupe du monde, ensuite les JO dans notre pays. Il n'y a pas meilleure explication pour comprendre mon choix. Nous avons un groupe de qualité pour faire de belles choses".
S'intéressant au football féminin "depuis 2014", Renard a avoué avoir déjà décortiqué beaucoup de matches depuis qu'il a envisagé la possibilité d'être choisi. Son adjoint, Eric Blahic, qui fut celui de Diacre en 2020-2021, sera son principal relais et les premiers échanges ont été "très enrichissants". Forcément interrogé sur la fin de l'ère Diacre, le nouveau sélectionneur a considéré que "ce qui s'est passé avant ne me reagrde pas. Je me focalise sur le présent et le futur" mais a tout de même tenu à saluer les "très bons résultats" de sa prédécesseuse, demi-finaliste du dernier Euro. Néanmoins, il a déjà effectué des choix forts en rappelant Eugénie Le Sommer et en renouvelant sa confiance à Wendie Renard dont la retraite internationale a été de courte durée. Il a aussi tenu à appeler les blessées car "c'était important de leur dire que je les considère. C'était ma première démarche". À ce titre, il a confirmé ses contacts avec Amandine Henry, mis au placard par Diacre.
Staff élargi pour "correspondre aux plus grands clubs européens", plan global de progression avec la sélection comme locomotive, moyens financiers revus à la hause dès la saison prochaine, professionnalisation, développement de partenariats, appel d'offre qui lie l'équipe de France et la D1F pour la diffusion TV, créations d'une ligue professionnelle et de centres de formation avec l'appui du ministère des sports : la FFF veut se donner les moyens de ses ambitions alors que les Bleues ont souvent manqué le coche dans les grandes compétitions et voit sa marge en club se réduire fortement, en attestes les éliminations jeudi soir du PSG puis de l'Olympique Lyonnais en 1/4 de finale de la Ligue des Champions.
Mais pour parvenir à retrouver de la popularité après avoir manqué la période post-Coupe du monde 2019, Renard le sait bien, il faut gagner. "Le plus beau, c'est de remporter des titres et y a des possiblités avec cette Equipe de France". Dynamisme, séduction, ouverture : les premiers pas du nouveau sélectionneur ont été réussis. A présent, pour lui comme pour la FFF, le plus difficile commence.
