Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
Publicité

Histoire(s) de rivalité franco-anglaise (3/4) : Le Crunch et le mythe du "sorry, good game"

L'Angleterre ne perd jamais mais, parfois, la France gagne
L'Angleterre ne perd jamais mais, parfois, la France gagneProfimedia
Il y a bien plus que la Manche qui sépare la France de l'Angleterre. Une rivalité séculaire qui depuis le XXe siècle s'est déplacé du champ de bataille aux terrains de sport. Dans cette série, nous évoquerons plusieurs moments forts de ce rapport spécial, entre rejet et admiration. Le 3e épisode est consacré au Crunch, un monument du rugby.

S'il y a bien un sport où la rivalité franco-anglaise prend tout son sens, c'est bien en rugby. Le "Crunch" est une onomatopée qui explique bien la confrontation détonnante entre les deux pays. Le "Sorry good game" adressé à son adversaire est un délice de fin gourmet... surtout quand la France gagne. 

La horde sauvage de 77

En 1977, les deux équipes ont rendez-vous à Twickenham pour un match capital. En effet, le XV de la Rose a battu l'Ecosse et l'Irlande, tandis que les Bleus, exemptés lors de la 1re journée, ont dominé le Pays de Galles. Une victoire rapprocherait du Grand Chelem. Emmené par "le petit caporal" Jacques Fouroux, le XV de France est galvanisé par l'atmosphère hostile.

François Sangalli inscrit le seul essai de la rencontre lors de cette victoire homérique (4-3). Mais outre-Manche, la brutalité française est mise en exergue et la presse qualifie les Bleus de "horde sauvage". Quelques semaines plus tard, la France signera le 2e Grand Chelem de son Histoire, avec les 15 mêmes joueurs et sans encaisser le moindre essai. 

Le supplice de Blanco au Parc, une vengeance pour "l'essai du siècle"

Dans la même veine de "crimes et châtiments", les Anglais prennent leur revanche en 1991. Au Parc des Princes, en quart de finale de Coupe du Monde, Serge Blanco est la cible des crampons adverses. A la réception d'une chandelle, l'arrière tricolore va au sol et a droit à une séance de stamping en bonne et due forme. Tout le paquet d'avants britannique va lui passer dessus, le rendant inefficace pour toute la rencontre. Une rencontre qui avait une importance particulière pour le XV de la Rose. 

En effet, les deux équipes s'étaient affrontées comme tous les ans, quelques mois plus tôt, lors du Tournoi - à l'époque, un temps que les moins de 20 ans ne connaitront pas - des 5 Nations. Pour la dernière journée, c'est la victoire et le Grand Chelem qui se jouaient. Et si l'Angleterre l'avait emporté, on n'avait parlé que d'une chose : L'essai de Philippe Saint-André, sur une relance de l'en-but, le fameux french flair. Comble de l'insulte, il a été élu "try of the century at Twickenham" par les Anglais eux-mêmes.

Il fallait marquer le coup, au propre comme au figuré. Ce fut chose faite avec ce succès 19-10 sur les terres françaises. Un match dont est issu l'expression "Sorry good game" délivrée par Will Carling, qui avait cependant expliqué qu'elle représentait le respect que pouvait inspirer le XV de France. Personne n'a jamais été convaincu de cette explication.

Moins d'un an plus tard, la revanche au Parc lors du 5 Nations prend une tournure toujours violente. Avec comme conséquence deux cartons rouges dans le même match pour la seule fois de l'histoire du XV de France. Grégoire Lascubé, coupable d'un stamping honteux, puis Vincent Moscato, qui a voulu rentrer "au casque" en mêlée - quelle époque - seront sortis en fin de match, et ne retouveront plus jamais les Bleus. Le mot de la fin de cette peu glorieuse période revient au journal anglais The Guardian « Le match de 1991, c’est la bagarre générale à la fermeture du bar. Celui de 1992, c’est sa poursuite sur le parking ».

La consécration en 1997, la déroute en 2001

Dans le 5 puis 6 Nations, n'importe quel succès lors du Crunch sur les terres de son rival s'avère particulièrement mythique. Comme ce sera le cas en 1997. Là encore, le Grand Chelem est en jeu, même si ce n'est que l'avant-dernière journée, tant les deux équipes sont au dessus du lot. Mais les Anglais sont toujours un peu prétentieux au moment de recevoir le XV de France. Et vont le payer plein pot.

En effet, ils mènent 20-6 à 20 minutes de la fin, et semblent au-dessus du lot. Mais il vient alors un autre dicton : "Impossible n'est pas Français" qui se vérifiera deux ans plus tard en Coupe du monde, mais c'est un autre débat. L'Angleterre fait connaissance avec un certain Christophe Lamaison, alias "Titou the House" qui va inscrire le deuxième essai français après avoir initié le premier de Laurent Leflamand - encore un nom pour les plus de 35 ans - avant de passer la pénalité de la victoire 23-20. Un cinquième Grand Chelem tricolore qui en appelera un sixième l'année suivante.

La lutte France - Angleterre est toujours le sommet du Tournoi lors du début des années 2000, où les deux équipes alternent les Grands Chelems. Mais une rencontre reste marquante, celle de 2001 à Twickenham. La France livre une superbe première période, mène de trois points à la pause, et "Les Bleus sont là" comme dirait l'autre. Avant de complètement craquer et d'encaisser à l'époque la plus large défaite de son histoire contre le XV de la Rose, 48-19. Incompréhensible. Mais annonciateur, d'une certaine façon, de la suite de la décennie 2000.

La Rose foudroie le Coq en Coupe du monde

Seulement deux Coupes du monde durant cette décennie. Deux fois où les Bleus termineront au pied du podium, après avoir été sortis par leurs meilleurs ennemis en demi-finales. 2003 d'abord. L'année précédente, la France réalise le Grand Chelem en étalant au grand jour la tactique défensive dite des "blocs". Une révolution. Mais une stratégie sand doute perfectionnée trop tôt. 

L'année suivante, c'est au tour des Anglais de réaliser le Grand Chelem. Et donc d'arriver en favoris à la Coupe du monde. Mais au moment de se retrouver en demi-finales, les deux équipes viennent d'effectuer un parcours écrasant de supériorité. On s'attend donc à ce que ce choc soit une montagne, mais elle va accoucher d'une souris.

Et ce par la faute d'un certain Johnny Wilkinson. Le 10 va inscrire au pied tous les points de l'Angleterre dans ce match. Une démonstration de pragmatisme du XV de la Rose, qui l'emporte 24-7 et brise les espoirs de Bleus pourtant tellement ambitieux. Une cicatrice, celle de la fin de carrière - entre autres - de Fabien Galthié. Pourtant, au vu de l'équipe, du niveau, du jeu proposé, il semblait que ce soit l'année ou jamais. Wilkinson, lui, va aller offrir sept jours plus tard la Coupe du monde à l'Angleterre, la première pour un pays de l'Hémisphère Nord, d'un drop victorieux en prolongations contre les hôtes australiens.

Mais en 2007, le Mondial a lieu en France. Cette fois, c'est Bernard Laporte qui s'apprête à tirer sa révérence en tant que sélectionneur, avant d'aller embrasser la carrière politique qu'on connait. Un Mondial qui sera totalement raté par les Bleus, à une exception près. Et quelle exception, la victoire contre les All Blacks en quarts de finale. À Cardiff, puisque les Bleus, battus par l'Argentine en ouverture - après la fameuse lettre de Guy Môquet -, avait perdu le droit de jouer son quart au Stade de France. Il existe une théorie selon laquelle c'était un mal pour un bien.

Une théorie largement appuyée par la demi-finale contre les Anglais dans ce stade. Puisqu'après 80 secondes, Damien Traille vient commettre une inimaginable cagade en n'allant pas au ballon sur un coup de pied par dessus, laissant Josh Lewsey venir lui manger la soupe sur la tête. La demi-finale ne débutera jamais pour les Bleus, qui s'inclinent 14-9 et vont s'effondrer lors du match pour la troisième place contre l'Argentine, ne montant pas sur le podium de leur Coupe du monde. 

L'antagonisme est toujours là

Depuis ce jour funeste de 2007, les choses sont toujours en faveur des Anglais. Un bilan de 13-7, avec toutefois des nuances. Les Bleus avaient notamment empêché le jamais deux sans trois en quarts de finale du Mondial 2011. Une victoire bizarre, tant les Anglais semblaient la tête ailleurs, prélude à une fin de compétition archaïque, qui verra le XV de France passer à un point du triomphe final. 

Depuis, la rivalité est quelque peu alternative. Le milieu de décennie 2010 était trèèèès moyen pour les Bleus, Avec un Mondial 2015 affreux en point d'orgue. Mais on le sait, depuis quelques temps, les Bleus sont étincelants. Depuis la dernière déroute qu'ils ont connu en Angleterre lors du tournoi 2019. Quand un certain Johnny May nous avait anéanti d'un triplé, pour un succès 44-8. La dernière fois que les Anglais avaient vraiment pu chambrer. 

Désormais, le XV de France est inconstestablement parmi les trois meilleures équipes du monde. Et le XV de la Rose peut-être en crise, après le renvoi d'Eddie Jones. Mais au global, l'Angleterre mène 60-42 dans les confrontations directes. De quoi s'enorgueillir donc. Mais à l'aube d'une match importantissime des Bleus du foot, ils pourront s'inspirer de certains des exploits de leurs collègues rugbymens, pour pourquoi pas appliquer à leur tour le fameux "Sorry good game". 

 

Retrouvez l'intégralité de la série : 

Histoire(s) de rivalité franco-anglaise (1/4) : Alphonse Halimi venge Jeanne d'Arc... contre un Irlandais

Histoire(s) de rivalité franco-anglaise (2/4) : 1964, Tabarly remporte la transat anglaise

Histoire(s) de rivalité franco-anglaise (4/4) : Anelka et Zidane face aux inventeurs du football

France gouvernement

Les jeux d’argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d’argent, conflits familiaux, addiction…

Retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09-74-75-13-13, appel non surtaxé)