Huit mois avec sursis requis contre Chalureau pour une agression raciste
En première instance, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis. L'affaire avait ressurgi avant la Coupe du monde de rugby. La décision de la cour d'appel sera rendue le 16 janvier.
Ivre
À la barre de la cour d'appel de Toulouse ce mardi, Bastien Chalureau, veste gris bleue et lunettes à monture noire sur le nez, a joué profil bas. Il admet avoir beaucoup trop bu ce soir-là – bière, whisky, vodka –, et avoir porté des coups aux deux plaignants. Il assure qu'il traversait un "moment difficile" de sa carrière de joueur, car il ne jouait pas dans son club, le Stade toulousain.
"Ce n'est pas interdit de boire, c'est juste interdit de frapper des gens", répond à Bastien Chalureau le président de la cour d'appel. Le rugbyman de 31 ans nie leur avoir lancé "Ça va les bougnoules ?", comme l'affirment les plaignants.
"Je regrette énormément ce que j'ai fait, je ne suis pas raciste", "je n'ai jamais eu un propos déplacé envers quiconque", "j'ai travaillé sur moi avec un psychologue, j'ai changé mon hygiène de vie", se défend le deuxième ligne de Montpellier.
L'avocat général lui demande s'il avait présenté ses excuses à ses victimes. Il répond "non". Depuis, relate-t-il, il ne boit plus et ne sort plus la nuit, et il estime que cela a permis à sa carrière de décoller.
Obligation d'exemplarité
"Quand on est un sportif de haut niveau, on doit avoir un comportement exemplaire. Pourquoi agresser deux personnes qui ne vous ont rien fait ?", demande le représentant du ministère public. Il s'étonne ensuite que lors de son audition devant les policiers, 12 jours après les faits, le joueur a nié toute forme de violence.
Dans ses réquisitions, l'avocat général demande une peine plus lourde que celle à laquelle Chalureau a été condamné. "Les faits sont établis", les plaignants "évoquent des propos indéniablement racistes", avance-t-il, estimant que la consommation d'alcool avait probablement "désinhibé" le prévenu.
Pour David Mendel, l'avocat de la défense, le jugement de première instance, qui a retenu la circonstance aggravante du caractère raciste des propos du sportif, est "infamant". "Vous n'avez rien au dossier pour contredire les propos de M. Chalureau (...) Vous prenez les témoignages des témoins comme des témoignages objectifs", plaide Me Mendel.
"S'il n'y a pas de preuve que ces propos ont été tenus, la présomption d'innocence s'impose. Sur le mobile à caractère raciste, vous devez le relaxer. Bastien n'est pas raciste, tout le monde le sait", insiste-t-il. Parmi les pièces versées au dossier, une lettre de son capitaine et coéquipier au sein du club de rugby de Montpellier Yacouba Camara, qui dédouane Chalureau de toute tendance raciste.
D'après la défense, si le prévenu et ses deux victimes en sont venus aux mains à 04h00 du matin cette nuit-là, dans le centre de Toulouse, c'est à la suite d'un échange de mots dans un bar, plus tôt dans la soirée. "Mes clients ont entendu des injures à caractère raciste et ensuite ils ont été agressés. Ce n'est pas une bagarre. C'est une agression gratuite. Tout a commencé avec un coup porté par derrière à un de mes clients", souligne Me Laurent Sabounji, avocat des plaignants.
À l'approche de la Coupe du monde de rugby, l'affaire avait ressurgi dans les médias, conduisant le chef de l'État à s'exprimer sur le dossier. Emmanuel Macron avait alors estimé qu'en cas de confirmation en appel du jugement, il "serait préférable" qu'il ne porte plus le maillot de l'équipe de France.
Durant le Mondial, Chalureau n'a finalement joué qu'une demi-heure, contre l'Uruguay. Il avait été appelé le 1ᵉʳ septembre dans le groupe France pour pallier la blessure de Paul Willemse.