Hyperandrogénie : l'affaire Semenya en appel devant la CEDH le 15 mai
Caster Semenya, double championne olympique du 800 mètres (2012, 2016), présente un excès naturel d'hormones sexuelles mâles mais a toujours été légalement identifiée comme une femme.
Elle se plaint d'un règlement de World Athletics, la fédération internationale d'athlétisme, qui l'oblige depuis 2018 à réduire son taux naturel de testostérone pour pouvoir participer aux compétitions internationales dans la catégorie féminine.
Ses recours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) et le tribunal fédéral suisse ont été rejetés. Mais l'athlète de 33 ans a remporté une bataille judiciaire le 11 juillet dernier quand la CEDH lui a donné raison en première instance contre la Suisse, estimant qu'elle était victime de discriminations et de violation de la vie privée.
Les autorités helvètes, appuyées par World Athletics, ont porté l'affaire devant la Grande chambre de la CEDH, sorte d'instance d'appel composée de 17 juges et dont les décisions sont définitives.
La décision de première instance n'avait été rendue qu'à une courte majorité de quatre juges contre trois.
La justice helvète avait confirmé en 2020 une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) validant le règlement de World Athletics. Celui-ci oblige l'athlète hyperandrogène à prendre un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone si elle veut s'aligner sur sa distance fétiche.
L'arrêt rendu en juillet dernier par la CEDH n'invalidait toutefois pas le règlement de World Athletics et n'ouvrait pas directement la voie à une participation de Semenya sur 800 m sans traitement.
"La règlementation actuelle sur les DSD (différences du développement sexuel, ndlr), approuvée par le Conseil de la Fédération internationale d'athlétisme en mars 2023, reste en place", avait en effet précisé l'instance.
World Athletics a même durci en mars 2023 son règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, comme Semenya, qui doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nanomoles par litre pendant 24 mois (au lieu de 5 nanomoles pendant six mois) pour concourir dans la catégorie féminine, peu importe la distance.