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"I did not move" : Jon Drummond, l'homme qui jurait n'avoir pas bougé

Une photo pour tout résumer
Une photo pour tout résumerProfimedia
C'est l'histoire d'un faux départ qui devient un sketch qui n'en finit plus. Coupable d'avoir anticipé le starter, Jon Drummond est prié de quitter la piste du Stade de France lors des 1/4 de finale du 100 mètres des championnats du monde en 2003. Retour sur cet instant tragi-comique.

C'est l'histoire d'un moment gênant immédiatement devenu culte. 24 août 2003, quart de finale du 100 mètres des championnats du monde : dans un Stade de France comble et surchauffé, les meilleurs sprinteurs de la planètes veulent gagner leur place pour la journée du lendemain. Sur la ligne de départ, il y a notamment Ronald Pognon, premier Français sous les 10 secondes, le meilleur performeur mondial de l'année Patrick Johnson, la légende Ato Boldon, le futur double recordman du monde de la distance Asafa Powell et Jon Drummond, membre du relais 4x100m américain vainqueur aux Jeux olympiques de Barcelone 11 ans plus tôt.

The last dance

Pour le natif de Philadelphie, c'est bientôt l'heure de tirer sa révérence. Qualifié aux Trials, les si relevées qualifications US où tout est remis à zéro le temps d'une course où seule compte la place indépendamment de toutes les performances de la saison, Drummond rêve d'une finale, voire mieux. Même à 34 ans, le plateau cette année-là n'est pas des plus relevés et le chemin vers le podium est ouvert. 

Coup de pistolet... suivi d'un écho : faux départ. Dwight Thomas a trop anticipé et reçoit un carton jaune. Jadis, chaque athlète avait droit à un faux départ. Désormais, un faux départ vaut pour tout le monde, une arme pour les mauvais partants qui pouvaient réduire le différenciel avec la concurrence et remettre un coup de pression. Deuxième départ, coup de pistolet et nouvel écho. Cette fois-ci, il y aura de la casse.

"Ce n'est pas juste !"

Sur le bord de piste, les juges sont formels : deux athlètes ont jailli trop tôt, en-dessous de la limite de 0.100 seconde. Il s'agit de Powelll et Drummond. Si le Jamaïcain se fait une raison, l'Américain, lui, n'a pas du tout l'intention de quitter la piste. Il en est convaincu : l'électronique se trompe. "I did not move !", répète-t-il.  Mais il a beau jurer ses grands dieux qu'il n'a pas bougé, les officiels lui indiquent l'évidence : il est sorti trop tôt des starting-blocks.

La situation dure, la colère de Drummond ne faiblit pas. Mieux : il se met en scène. Vexé, il s'allonge dans le couloir 4, les mains derrière la tête tandis qu'un officiel lui indique la sortie à gauche. Un autre s'approche et s'accroupit pour le raisonner mais rien à faire. "Ce n'est pas juste, je n'ai pas bougé !", dit-il dans la perche-son qui capte la séquence. Dans la tribune officielle, Juan Antonio Samaranch et Jacques Rogge, l'ancien président du CIO et son successeur, sont effarés se demandent bien ce qui se passe. 

Bruit de couloir
Bruit de couloirProfimedia

L'intox ne fonctionne pas

Et puis, de guerre lasse, il salue le public dont une partie l'applaudit, tout comme son ami et partenaire d'entraînement Boldon, il baisse le haut de sa combinaison et finit par partir... avant de rebrousser chemin, repasser les bras de sa tenue et proposer un rappel. Powell est resté en retrait mais n'est pas sorti avant la résolution du conflit. Drummond est devant son plot, prêt à partir. Il serre les mains de tous ses adversaires, totalement exalté et persuadé d'être dans son bon droit. Et soudain... Powell fait son retour au couloir 5 ! Drummond est sulvolté, harangue les tribunes. Un temps, on croit que les deux sprinteurs sont requalifiés et que le concours de muscles et de grande gueule de l'Américain a fonctionné. Mais les officiels ont trouvé la parade : les 8 coureurs sortent pour faire retomber la pression... et signifier à Drummond et Powell que la loi est dure mais c'est la loi. Plus tard, sur le stade d'échauffement, Drummond fondra en sanglots dans les bras de John Smith. Cela aurait pu être l'année du sacre pour lui : au couloir 1, Kim Collins remportera l'or en... 10''07. 

Mais l'histoire du 100 mètres le plus long de l'Histoire n'est pas terminée. Après 40 minutes dans une autre dimension, les 6 derniers sprinteurs en lice refont leur apparition, avec une pression plus importante puisque les pourcentages de qualification ont augmenté sensiblement. Le public, manifestement mécontent de ne pas voir leur nouvelle idole reparaître, siffle et empêche les athlètes d'entendre les annonces du starter. Pognon s'avance pour demander le silence et, accessoirement, un peu de respect car l'egotrip de Drummond a refroidi les organismes et bousculé les habitudes physiques et mentales avant une course de cette importance. 

Finalement, près d'une heure après le premier faux départ, Boldon l'emporte devant le Nigérian Uchenna Emedolu, le Canadien Nicolas Macrozonaris et Ronald Pognon qui casse in extremis pour entrer dans le Top 16 mondial. Preuve que certains ont apprécié le numéro de stand up, Drummond recevra en fin d'année le President's Award pour l'ensemble son action en faveur de la fédération US d'athlétisme. Devenu entraîneur, il sera au coeur d'un scandale de dopage en compagnie de son élève Tyson Gay qu'il a encouragé à tricher et lui a valu une suspension de 8 ans qui s'est achevé en décembre 2022. 

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