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Il y a 25 ans, Marco Pantani réalisait le dernier doublé Giro d'Italia - Tour de France

François Miguel Boudet
Marco Pantani en jaune à Paris, avec son dauphin Jan Ullrich.
Marco Pantani en jaune à Paris, avec son dauphin Jan Ullrich.Profimedia
Réaliser le doublé Giro-Tour est devenu quasiment impossible. Le dernier à l'avoir fait est l'unique Marco Pantani en 1998. Dans une période troublée, et sans être dupe des pratiques du peloton de l'époque, le Pirate a bâti sa légende sur les forts pourcentages, avec son charisme, ses attaques incroyables et, parfois, des conditions climatiques dantesques.

"Attention, attention ! Moment décisif ! Pantani fait sauter Tonkov qui a cédé !" Le commentateur de la Rai s'égosille dans la montée de Montecampione ce 4 juin 1998. La veille, le Russe, vainqueur du Giro deux ans auparavant, a gagné avec le Pirate dans sa roue. En rose depuis la 17e étape, Pantani a gagné à Piancavallo lors de la 14e étape. Alex Zülle a pris le maillot de leader mais ce n'est que temporaire. Le Suisse de la Festina remporte le contre-la-montre de Trieste, conserve son bien à Asiago avant de céder devant la maestria du Romagnol. 4'37 dans la vue pour le coureur myope : il ne reste donc que Pavel Tonkov qui peut remonter les 27 secondes de débours lors du dernier chrono prévu la veille de l'arrivée.

Encore faudra-t-il résister à Pantani. Au pied de Montecampione, le grimpeur italien attaque mais le leader de la Mapei se cale dans la roue. Giuseppe Guerini a sauté, Zülle est à une demi-heure, de nouveau victime d'une défaillance. À deux kilomètres de l'arrivée, Tonkov craque et concède 57 secondes.

Marco Pantani sur le Giro 1998
Marco Pantani sur le Giro 1998Profimedia

En 1998, Pantani est l'un des favoris de son Tour national mais la concurrence est féroce entre Ivan Gotti, Tonkov, Guerini et Zülle. Ses lacunes en contre-la-montre peuvent constituer un obstacle indépassable pour lui le pur grimpeur qu'il est. Révélation du Giro 1994 où il a remporté deux étapes et n'a pas eu peur d'attaquer Miguel Indurain, troisième du Mondial 1995, le Romagnol a vécu des moments difficiles par la suite. Une gamelle sur Milan-Turin lui brise le tibia et le péroné et il est forfait pour le Giro 1996.

La fin d'année marque sa rupture avec la Carrera et son leader charismatique Claudio Chiappucci. Désormais, Pantani est un leader, celui de la Mercatone Uno. Sur le Tour 97, Pantani signe un chef-d'œuvre : dans la montée de l'Alpe D'Huez, il fait sauter le tenant du titre Bjarne Riis, puis le maillot à pois Richard Virenque, et enfin le Maillot jaune et futur vainqueur Jan Ullrich. Il termine les 8 derniers kilomètres en solitaire. L'Elefantino est devenu le Pirate.

14e étape entre Schio et Piancavallo. Pantani est 8e d'un classement général dominé par Michele Bartoli. Plus que la minute 20 qui le sépare du grand spécialiste des classiques, le Romagnol veut frapper un grand coup. Dans la montée finale, ses coéquipiers de la Mercatone Uno serrent la poignée et préparent le terrain. Affublé de ses lunettes et avec son maillot, Pantani ressemble à une guêpe. Et il pique fort. Seul Tonkov parvient à le suivre mais ne tient que 5 minutes dans la roue. Il reste encore 10 kilomètres à gravir et le Pirate. Zülle réagit, récupère Tonkov et les deux coureurs ne perdent que 13 secondes. 

Trois jours plus tard, à Val Gardena, Pantani laisse la victoire à Guerini quand lui se pare de rose. C'est le début de la fin pour Zülle qui perd 4'37'' qui s'écroulera totalement à Montecampione. Seul Tonkov tient le choc. Le Russe est arrivé au Passo di Pampeago avec Pantani et s'est adjugé l'étape. Seul lui peut encore espérer un retournement de situation après Montecampione, lors du contre-la-montre disputé en Suisse entre Mendrisio et Lugano. Las, l'écart augmentera de 5 secondes. Transcendé, Pantani termine 3e à 30 secondes du spécialiste Serhiy Honchar et s'adjuge le Giro. 

L'archange du Galibier

Pour rester dans l'Histoire du Tour en 1998, il fallait vraiment réaliser une performance hors du commun. La France est secouée par l'affaire Festina, le peloton a quasiment réduit de moitié. Vainqueur de l'édition précédente, Jan Ullrich a pris le Maillot Jaune à Luchon au soir de la 10e étape. Si Rodolfo Massi a remporté l'étape, Marco Pantani est arrivé à 36 secondes de son compatriote. À ce moment-là, il est 11e du général, à 4'41 de l'Allemand. Le lendemain, l'enchaînement Menté-Portet d'Aspet-Core-Port-Plateau de Beille est faite pour le Pirate. Il va chercher le Suisse Roland Meier parti seul et remporte l'étape. Ullrich perd 1'40 et a donné quelques signes négatifs en fin d'étape. Pantani est dès lors 4e, à 3'01”.

Croix-de Fer, Galibier par le Télégraphe et les Deux-Alpes : la 15e étape est faite pour Pantani. Difficulté supplémentaire : le temps est apocalyptique. À l'avant, Massi et Vicente García Acosta ferraillent dans le Galibier. Dans le peloton des favoris, la Telekom a commencé à accélérer, notamment avec Bjarne Riis, vainqueur en 1996. Mais très vite, Ullrich se retrouve seul. Alors il accélère. Lui qui a l'habitude d'attaquer en force, assis sur sa selle, s'est mis en danseuse pour user ses rivaux. L'Allemand veut montrer qu'il a de bonnes jambes, qu'il a récupéré de son effort de la veille mais en réalité, il bluffe. 

Alors que la retransmission télévisée est erratique, surgi du côté droit de la route, un archange de la montagne. Pantani a placé une attaque violente et soudaine. Lui-même surpris, il prend le temps de se retourner en roue libre pour voir les dégâts. Seul Luc Leblanc a suivi mais le champion du monde 1994 ne restera pas longtemps au contact. Il reste plus de 5 km à gravir avant de basculer dans une descente vertigineuse et encore plus périlleuse avec la chaussée transformée en patinoire.

Marco Pantani après sa victoire sur le Tour 1998
Marco Pantani après sa victoire sur le Tour 1998Profimedia

Pantani préfère s'arrêter pour enfiler son imperméable et voir les échappés revenir sur lui. La montée vers la station des Deux-Alpes, inédite sur le Tour, sera avalée par le Pirate qui gagne avec 1'54 d'avance sur Massi et 1'56 sur Fernando Escartín. Bobby Julich arrive avec un retard de 5'43”. Ullrich quant à lui vit sa pire journée sur un vélo. Transi de froid, sans jambes, il perd le Tour et passe la ligne avec 8'57” de débours. Il perd évidemment son Maillot Jaune au profit de Pantani qui compte 3'53” d'avance sur Julich, 4'14 sur Escartín et 5'56” sur Ullrich. 

Le chrono de 52 km de Montceau-les-Mines au Creusot la veille de l'arrivée à Paris sourit évidemment au tenant du titre. Mais l'écart est trop important. Ullrich reprend la 2e place à Julich mais, avec 2'35” de retard, Pantani conserve plus de 3 minutes d'avance au général. 

C'est la dernière fois que le doublé Giro-Tour est réalisé. En 1999, à deux étapes de la fin, Pantani est exclu du Giro à Madonna di Campiglio. Jusqu'alors, il avait remporté 4 étapes et dominait le général avec plus de 5 minutes d'avance sur Paolo Savoldelli. Le contrôle positif du Pirate, héros cloué au pilori, reste encore aujourd'hui entouré d'un halo de mystères, l'ombre de la mafia et de paris sportifs frauduleux planant au-dessus de cette exclusion. Pantani reviendra, gagnera même au Ventoux. Mais son temps est déjà passé. Lance Armstrong a déjà tout vampirisé dès le fumeux "Tour du renouveau" en 1999 qui mettra simplement au pouvoir ce qui pouvait se faire de pire en matière de dopage et de corruption. Le 14 février 2004, moins de 6 ans après ce doublé historique, le Pirate débranchera la prise. 

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