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Interview - Bastien Ballesta : "j'ai affronté des boxeurs dangereux mais Yvan Mendy est la plus grande référence"

François Miguel Boudet
Interview - Bastien Ballesta : "j'ai affronté des boxeurs dangereux mais Yvan Mendy est la plus grande référence"
Interview - Bastien Ballesta : "j'ai affronté des boxeurs dangereux mais Yvan Mendy est la plus grande référence"Profimedia
Fils du boxeur Patrick Ballesta, challenger pour une ceinture européenne dans les années 90, Bastien Ballesta a suivi les traces de son père. Invaincu en 26 combats, il défie ce jeudi Yvan Mendy, vendredi soir à Castelnau-le-Lez, pour la ceinture IBF Intercontinental des super-légers. Pour Flashscore, il fait découvrir son parcours, son quotidien et ses ambitions à l'aube d'affonter l'une des références françaises.

Flashscore : Yvan Mendy est le challenger, vous êtes le champion IBF International mais le public vous connaît peu. 

Bastien Ballesta : je suis de Béziers, licencié à l'Esprit Boxe 34, j'ai 28 ans, je suis passé professionnel à 20 ans et j'ai 26 combats à mon actif. Je suis invaincu avec 25 victoires et un match nul. J'ai été champion de France, de l'Union Européenne, IBO Méditerranée, WBC Francophone et IBF International que je remets en jeu contre Yvan Mendy. Cette ceinture m'a permis d'être classé dans le Top 15 de l'IBF.

Vous êtes venu à la boxe par tradition familiale ? 

Exactement. J'ai commencéla boxe à 15 ans mais j'ai toujours baigné dans ce milieu car mon père, Patrick, était professionnel et avait été challenger européen pour son dernier combat en 1995. C'était contre Khalid Rahilou qui ensuite est devenu champion du monde. Pour l'anecdote, je vais boxer dans la même salle contre Yvan Mendy. Vingt-huit après, alors que je n'avais que quelques mois, je reviens à Castelnau-le-Lez. Au début, mon père ne voulait pas que je mette les gants mais j'y suis quand même allé, j'ai enchaîné les combats jusqu'à être sélectionné avec l'Equipe de France amateur, à 18-19 ans. Je suis passé professionnel après 35 combats amateur. 

Hormis le fait d'être gaucher, quelles sont vos caractéristiques dans le ring ?

Je ne suis pas un boxeur avec un talent inné mais j'ai toujours été un travailleur pour mettre toutes les chances de mon côté. Mes forces, ce sont le déplacement, la vitesse, le coup d'oeil. 

Comment se déroule votre préparation ?

C'est un processus en deux étapes. D'abord, je m'entraîne dans mon club avec mon père et mon coach, Patrice Guidoni. Quand un combat est programmé, je vais dans les Yvelines pendant un mois et demi avec Abadila Hallab. Ça fait des années que je travaille avec lui. 

Vous analisez vos adversaires ou c'est votre équipe qui s'en charge ?

Quand on boxe quelqu'un comme Yvan, c'est plus simple de trouver ses combats parce qu'il est passé pro quand j'avais 12 ans et ça fait longtemps qu'il est dans le circuit. Forcément, il a des références et je sais à quoi m'attendre. Ce n'est pas comme quand tu affrontes qui sont forts mais qui sortent un peu de nulle part. C'est plutôt ça qui est dangereux. Yvan, je le suis depuis longtemps, que j'ai même supporté parce que j'aime son humilité et ses qualités humaines. Mais tout ce qui est technico-tactique, c'est Hadida Hallab qui met la stratégie en place.

C'est compliqué d'affronter un boxeur qu'on estime ?

Non, c'est le boulot. Yvan a un nom et je veux prendre sa place, c'est tout. Il a régné chez les légers pendant de longues années, maintenant c'est à moi de montrer que je peux prendre la succession. Ce combat arrive au bon moment pour me révéler parce que je suis au top de ma forme.

Yvan Mendy a le double de combats, beaucoup plus d'expérience. C'est handicapant ? 

J'ai 26 combats, donc j'ai aussi de l'expérience. Je suis prêt pour ce défi et j'ai hâte d'y être. Je connais Yvan parce que lors de sa préparation lors de son deuxième combat contre Luke Campbell, il m'avait appelé pour être son sparring-partner parce que je suis aussi gaucher. Je suis très heureux de faire ce combat parce que ça permet de tirer la boxe vers le haut. Le public est intéressé et veut voir ce genre de spectacle. À nous de faire un grand combat pour la boxe soit gagnante. 

Yvan Mendy est le plus grand défi de votre carrière, une victoire vous ouvrirait des portes.

J'ai déjà fait de gros combats mais c'est vrai que quand on est "exilé", loin de la région parisienne, c'est plus dur de faire ses preuves car nous n'avons pas de gros promoteurs ou des personnes pour nous mettre en avant. C'est très difficile d'y arriver et j'ai beaucoup attendu ce moment-là. Affronter Yvan est une excellente opportunité, je suis très content de faire un tel combat. Je me suis donné les moyens pour être au top. Cela fait des années que je travaille dans l'ombre, j'ai fait mes classes, j'ai affronté des boxeurs dangereux mais Yvan est la plus grande référence. Je voulais un grand nom, je l'ai obtenu. Je vois que ce combat fait parler, il y a de l'écho, on parle même de choc franco-français de l'année donc je suis très content d'être acteur de cet événement. 

Le Sud-ouest de la France n'a pas la réputation de Paris, du Nord ou du Sud-est. Se faire connaître est encore plus complexe, d'autant que le paysage pugilistique français n'est pas forcément très reluisant. 

Il faut prendre notre destin en main et c'est très dur de vivre de la boxe. En plus, moi je sors de nulle part et arriver à ce niveau en partant de rien... Ça fait 8 ans que je trime pour en arriver là. Ce n'est pas un aboutissement mais ce combat est une étape à franchir pour aller vers quelque chose de plus grand.

Si vous remportez ce combat, vous serez potentiellement dans le Top de l'IBF. Comment envisagez-vous la suite, notamment dans l'hypothèse d'aller boxer à l'étranger ?

On sait très bien qu'on est amené à voyager. Aujourd'hui, on fait avec nos petits moyens pour aller le plus haut possible. Lorsque j'attendrai mon maximum ici, il faudra s'exporter mais on n'y est pas pour l'instant. D'abord, il y a Yvan Mendy et je suis 14e à l'IBF. Je veux faire une belle performance pour exister et montrer que je suis prêt pour d'autres grands défis. 

Vous avez 28 ans, vous n'êtes pas encore à votre prime, il y a encore une marge de progression. 

Sans doute. Je sens que j'atteins une maturité dans ma boxe, ma préparation, dans tout. Tous les voyants sont au vert. Je monte en puissance. De 28 à 33 ans, dans ma catégorie, c'est là où on arrive au sommet de sa forme. Il faut le prouver dans le ring parce que la boxe n'est pas une science exacte, tout se décide le jour du combat. 

Financièrement, comment êtes-vous accompagné ?

Je suis employé par le département de l'Hérault qui me permet de bénéficier d'un statut particulier pour que je puisse m'entraîner. Pour le combat, je suis appuyé par le Cercle Mozart, un groupement d'entreprises du bassin montpelliérain qui voulait m'aider pour faire avancer ma carrière. Avec des partenaires qui me suivent depuis mes débuts, il a contribué à organiser un combat. Un an après, on y est ! Et ce n'est pas n'importe quel combat, donc je suis heureux de pouvoir compter sur eux ainsi que sur Punchline TV qui diffusera en PPV. La boxe, ce sont des sacrifices et des concessions. J'ai un enfant, ma femme est enceinte mais quand on est piqué, on est piqué. On peut se dire qu'un jour on va toucher le jackpot mais c'est illusoire. Si c'était à refaire, je le referai mais j'y penserais à deux fois vu toutes les difficultés et le niveau d'exigence. Je pense que tout sert à quelque chose. J'ai été éboueur pendant 5 ans à Béziers, je n'avais qu'un bac pro commerce mais j'ai repris mes études, je me suis inscrit en licence STAPS et je vais passer ma soutenance après le combat parce que ça me servira dans le futur. Dans le ring comme dans la vie, je suis un mec de défi. 

France gouvernement

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