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Interview Flashscore - Denis Genreau (Toulouse) : "En Australie, les gens sont heureux et optimistes, en France, c'est plus critique"

Denis Genreau lors de Liverpool - Toulouse
Denis Genreau lors de Liverpool - ToulouseČTK / imago sportfotodienst / Steve Flynn/News Images / Profimedia
International australien (5 capes), Denis Genreau dispute sa 4e saison à Toulouse où il est arrivé quand le club évoluait en Ligue 2. Très peu utilisé par Carles Martínez Novell, le milieu de terrain espère toujours gagner du temps de jeu avant d'envisager la suite, dans la Ville rose ou ailleurs en Europe, tout en gardant dans un coin de la tête l'ambition de porter de nouveau la tenue des Socceroos.

Flashscore : On a vous a peu vu avec Toulouse cette saison (une seule entrée en jeu contre Lyon à la 89e minute lors de la 6e journée, ndlr), vous avez été blessé plusieurs fois l'an dernier. Aurez-vous du temps de jeu ce dimanche contre Angers ?

Denis Genreau : J'ai bien commencé la saison dernière mais j'ai eu des pépins physiques. Je me suis mieux senti à la fin et j'ai réalisé une bonne pré-saison. Je n'ai pas beaucoup joué jusqu'à présent mais je suis prêt à jouer davantage. 

Vous affontez la lanterne rouge : c'est le bon moment pour vous relancer ? 

Oui, surtout que c'est un match important car nous n'avons pas eu le meilleur des démarrages. Le SCO est dernier mais ça reste une bonne équipe. Nous jouons à la maison et nous avons l'obligation de gagner. Il y a de la pression mais c'est le genre de match important que chaque joueur veut disputer. 

Quelles sont vos relations avec Carles Martínez Novell vu votre situation ? C'est un dialogue quotidien ou est-ce plus distant ? 

Ma situation était particulière cet été. Les dirigeants m'ont demandé de partir donc j'étais en quête d'un nouveau club. Mais finalement, ils m'ont demandé de rester parce que j'avais fait une très bonne pré-saison. Et puis les choses ont de nouveau changé. La période du mercato a été difficile à vivre mais je suis toujours là et je travaille dur depuis 2-3 mois pour être dans le XI de départ. Pour le moment, je n'ai pas encore eu d'opportunité mais, dans le football, il faut aussi savoir être patient, attendre et rester prêt. 

Vous avez été l'un des artisans majeurs de la remontée de Toulouse en Ligue 1. À l'époque, le coach était Philippe Montanier qui avait réussi en Espagne avec la Real Sociedad. Son management est-il similaire à celui de Carles Martínez Novell ? 

Ce sont deux personnes et deux entraîneurs très différents. Carles est très tactique, Philippe est très humain. En plus, la Ligue 2 n'a rien à voir avec la Ligue 1, physiquement, mentalement, tactiquement. Et le club prend une nouvelle direction depuis la victoire en Coupe de France. C'est très difficile de comparer les deux périodes. 

Même question qu'à votre coéquipier Niklas Schmidt le mois dernier : est-ce plus difficile d'être un milieu de terrain quand on est entraîné par un coach qui a eu un poste à la Masia du FC Barcelone ?

Oui, c'est vrai ! Il mentalise énormément notre travail parce que, précisément, le rôle des milieux est essentiel dans sa façon de développer le jeu. Il vous demande de beaucoup réfléchir avant de recevoir la balle pour savoir à l'avance ce que vous allez en faire, chaque détail est important avec Carles. Même si je n'ai pas souvent joué avec lui, j'apprends beaucoup de choses qui me serviront à l'avenir. C'est exigeant mentalement et physiquement, c'est un travail de chaque jour mais c'est très enrichissant de l'écouter. 

Vous vous entraînez principalement avec le ballon en incluant la partie physique ou c'est séparé ? On imagine aussi qu'il y a une grosse utilisation de la vidéo. 

On fait de la vidéo tous les jours (rires). Il y a beaucoup de sessions d'analyses tactiques sur notre dernier match ou pour préparer le suivant. Carles organise ses séances d'entraînement avec des séquences dédiées à l'adversaire que nous allons affronter. Chaque exercice est important. Pour le physique, si vous estimez que vous devez vous renforcer, vous pouvez faire des extras spécifiques après l'entraînement. C'est un bon équilibre. 

Denis Genreau contre Liverpool en Ligue Europa
Denis Genreau contre Liverpool en Ligue EuropaAFP

Vous êtes né à Paris mais international australien : c'est un cas assez rare !

Mes parents sont Français mais quand ils se sont mariés, ils ont passé leur lune de miel en Australie et après ma naissance, quand j'ai eu 2 ans, ils ont décidé d'aller y vivre. J'ai grandi en Australie mais on a toujours parlé français à la maison. Mes parents y vivent toujours et finalement c'est moi qui suis en France (sourire). 

La mentalité australienne est-elle si différente de la française ? 

C'est complètement opposé (rires). Grandir en Australie, c'est ce qu'il y a de mieux pour un enfant. Il y a la nature, vous jouez dehors, on vous encourage, les gens sont heureux et optimistes. Si vous avez un rêve, on vous dit d'y croire car tout est possible si on n'abandonne pas. En France, c'est un peu plus critique, négatif, jaloux. C'est une manière de penser vraiment distincte. 

Parlons de l'Australie justement. Vous avez évoqué la différence entre la Ligue 1 et la Ligue 2 : quelle est celle entre l'A-League et l'Europe ?

Avant d'arriver en France, j'ai joué un an aux Pays-Bas, à Zwolle, avant de repartir une saison en A-League. Quand j'ai découvert la Ligue 2 je suis monté d'un cran par rapport au championnat australien, et encore plus quand j'ai joué en Ligue 1. J'ai trouvé qu'il n'y avait pas non plus un grand écart entre la L2 et l'A-League car les meilleurs équipes australiennes se maintiendraient en L2. Mais entre la L2 et L1, il y a un vrai fossé, en termes d'intensité, physiquement, techniquement. Le niveau en A-League est très bon mais il manque l'engouement des supporters et une meilleure diffusion pour grandir davantage. 

Effectivement, le football n'est pas le marché numéro 1 dans les sports de balle. Vous ressentez les différentes façons de jouer, y compris avec l'Europe ? 

En France, c'est très axé sur le physique. Aux Pays-Bas, on joue davantage, les équipes ne pressent pas démesurément. En Ligue 2, ça pressait tout le temps et la Ligue 1 est très tactique. En Erevidisie, il y avait beaucoup de jeunes joueurs alors qu'en France il y a plus de joueurs établis, avec beaucoup d'expérience. 

L'A-League vous manque ? 

Oui, bien sûr et je reviendrai y jouer un jour parce que l'Australie me manque. Je n'ai pas vraiment eu le temps de revenir depuis que je suis en France et même avec l'équipe nationale, c'est un rythme effréné, on n'a pas le temps de se poser. Et puis j'aimerais monter à mon fils de 18 mois là où j'ai grandi. 

Même si vous n'êtes pas appelé, suivez-vous toujours les matches des Socceroos

Absolument, j'ai d'ailleurs regardé le match contre le Japon (1-1) et aussi contre la Chine (3-1). Même si je ne suis pas entré en jeu, j'ai tout de même été convoqué et donc j'ai passé du temps avec le groupe, notamment pendant les qualifications pour la Coupe du monde. Je n'y ai pas participé et ça m'a fait mal évidemment. J'aurai pu participer à la Coupe d'Asie mais j'étais blessé. Avec l'équipe nationale, c'est beaucoup de trajets. Pour y aller, c'est plus de 20 heures d'avion et je n'avais pas la certitude de jouer alors que j'avais ma place dans un club de Ligue 2. Partir c'était aussi prendre le risque de perdre ma place à Toulouse et donc travailler encore plus dur pour la retrouver. Quand tu pars 10-12 jours et que tu ne joues pas, ça te coupe les jambes, physiquement mais aussi mentalement. Mais évidemment, représenter son pays, c'est le maximum. Je supporte l' équipe en espérant la retrouver tôt ou tard. 

Vous l'avez évoqué et c'est un point souvent omis : la confédération asiatique est tellement vaste, les transports d'un bout à l'autre du continent sont très fatiguants. 

C'est même la partie la plus délicate. Si vous êtes en Europe, vous partez dès la fin de votre match de championnat pour un jour et demi dans les avions. Puis vous arrivez à la convocation, vous allez ensuite dans la ville où vous jouez deux jours plus tard, vous revenez au camp de base puis vous repartez dans un autre pays pour disputer le match suivant, puis vous rentrez en Europe. Cela demande beaucoup. Et c'est sans parler du climat car vous pouvez jouer dans un pays très humide ou très chaud. 

C'est une question que beaucoup d'Australiens se posent : quel est le bon âge pour signer dans un club européen ? 

Tout dépend et notamment de vos ambitions. Vous pouvez très bien rester en Australie, disputer la Ligue des Champions asiatique et faire une carrière magnifique. Mais si vous voulez aller en Europe, parce que c'est plus relevé et aussi parce que vous êtes mieux payé, je ne sais pas s'il y a un âge particulier. En revanche, il faut réaliser qu'en venant d'A-League mieux vaut ne pas être attiré par un trop gros club. Nestory Irankunda au Bayern est un cas particulier mais Daniel Arzani avait enchaîné les prêts avec Manchester City. Tous les cas sont différents mais, dans mon cas, je suis venu dans un très bon club de Ligue 2, j'ai eu du temps de jeu tout de suite. Il faut choisir une destination où vous avez l'opportunité de jouer. Sans dire que c'est facile, avoir un contrat en Europe n'est pas impossible. En revanche, jouer, prouver et rester, c'est autre chose. 

Est-ce plus dur aussi parce que l'Australie est lointaine et que la culture footballistique est moins réputée qu'ailleurs ? 

Oui, et aussi parce que l'équipe nationale n'est pas perçue comme l'une des meilleures du monde. En venant d'A-League, vous n'aurez pas la même opportunité que si vous êtes un Espagnol qui sort du centre de formation. 

Denis Genreau avec le maillot de Macarthur en 2021
Denis Genreau avec le maillot de Macarthur en 2021AFP

L'A-League débute la semaine prochaine. Gardez-vous un oeil dessus et regardez-vous les matches de Macarthur

Oui toujours, d'autant que les matches sont soit le matin soit à midi en France et c'est disponible gratuitement sur YouTube. J'ai d'ailleurs regardé les matches de Coupe remportée par Macarthur. 

Un mot sur l'expansion de l'A-League : pensez-vous qu'il y a de la place pour de nouvelles franchises ? 

Je pense parce que des opportunités se créent et de jeunes joueurs arrivent en quête de temps de jeu au niveau professionnel. C'est important d'avoir plus d'équipes. Le problème c'est que les stades sont souvent à moitié vide alors on peut se demander si ça peut servir mais en réalité, oui, ça sert car c'est comme ça que vous aurez plus de joueurs avec un bon niveau. Néanmoins, il faudra aussi de bons stades, même plus petits, et les remplir parce que ça donne envie de regarder et de s'intéresser. 

Revenons aux Socceroos : pensez-vous que l'arrivée de Tony Popovic comme sélectionneur est une bonne idée ? 

Il mérite ce poste, ne serait-ce qu'en regard de ce qu'il a accompli pour le football australien. Il a eu beaucoup de succès en Asie et en A-League. On voit d'ailleurs que ça fonctionne aux résultats qu'il obtient. Battre la Chine et faire match nul au Japon, c'est le signe que ça a amené de la fraîcheur. Je n'ai jamais travaillé avec lui et je ne le connais pas personnellement mais j'ai eu de très bons échos sur sa mentalité et sa capacité à faire progresser les joueurs . Il est réputé pour obtenir le meilleur de vous. 

Vous avez de bons souvenirs avec la sélection ? 

De très bons, car j'ai participé aux Jeux olympiques. C'était tellement spécial avec Graham Arnold car ensuite j'ai obtenu ma première sélection chez les A avec lui. Notre relation a très bien démarré. Ensuite, ça ne s'est pas fait pour la Coupe du monde et la Coupe d'Asie mais il a accompli un tel travail à la tête des Socceroos... Il mérite tout ce qui lui arrive et rester à la tête de la sélection pendant 6 ans, ce n'est pas si simple que ça, surtout qu'il y a eu le Covid, une période qui n'a été facile pour personne, ni pour les joueurs ni pour lui. 

Vous avez évoqué les JO de Tokyo : vous avez battu l'Argentine en ouverture !

C'est le résultat de la confiance qu'il nous a transmis pendant toute la campagne olympique. Il nous avait dit que nous étions capables d'avoir de grands résultats et que nous battrions l'Argentine... et on l'a fait (2-0) ! On tombe en toute fin de match contre l'Espagne (1-0) et il nous en a manqué contre l'Egypte. C'est dommage parce qu'avec un match nul contre l'Espagne, on serait passé en quarts. C'est un regret. 

Pour conclure, quelles sont vos ambitions cette saison avec Toulouse ? 

Pour être honnête, je pense que mon passage à Toulouse arrive petit à petit à sa fin. J'ai passé tant d'excellents moments, avec la montée en Ligue 1, la victoire en Coupe, la Ligue Europa. Le club évolue, grandit et attire de plus en plus de grands joueurs. Je veux avoir le maximum de minutes possibles sur le terrain et ensuite voir ce qui arrivera. Le football peut être tellement étrange et, si je rejoue, peut-être que je resterai, on ne sait jamais (sourire). Mais je chercherai des options et je veux rester en Europe et choisir un club où je pourrai jouer régulièrement, même si c'est un cran en-dessous. La saison dernière a été longue pour moi et je veux retrouver le terrain donc je serai à l'écoute de toutes les opportunités. 

France gouvernement

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