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Interview Flashscore - Miguel Zorío : "C'est le début de la fin pour Lim au Valencia CF, j'en suis convaincu"

Les gradins de Mestalla lors de Valencia-Girona, le 19 mai dernier
Les gradins de Mestalla lors de Valencia-Girona, le 19 mai dernierAitor Alcalde/Getty Image/AFP
Ancien vice-président du Valencia CF, Miguel Zorío a déposé une plainte, via son association Marea Valencianista, pour blanchiment à l'encontre de Peter Lim, actionnaire majoritaire du club che, et sa société Meriton Holdings. Vendredi matin, il a été annoncé qu'il y aurait une instruction menée par le juge fiscal. Pour l'ex dirigeant, c'est le début de la fin pour le magnat singapourien, même s'il reste très soutenu par Javier Tebas, le président de LaLiga et toujours très proche de Jorge Mendes.

Flashscore : Vous avez créé Marea Valencianista qui, depuis 2015, cherche un moyen légal pour pousser Peter Lim à vendre le Valencia CF. Or ce matin, nous avons appris qu'une instruction était ouverte pour, notamment, un potentiel blanchissement d'argent de 23M€. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Miguel Zorío : C'est une demande que nous avons formulé le 7 juin dernier, avec une documentation que nous avons obtenue. Dans celle-ci, il est démontré que des délits présumés ont été réalisés au sein du Valencia CF avec un détournement de 17M€ en 2022 et de 6M€ en 2023, des comptes du club à Meriton Holdings à Hong Kong. Cela est inscrit dans la présentation des comptes faites devant le groupement des peñas du club. Par ailleurs, il y a eu des mouvements opérés avec une entreprise qui, avec l'accord de ce groupement de petits actionnaires, aurait dû être fermée en 2017. 

Or cette société ouverte par Meriton et "Valencia CF Asia", au lieu d'être fermée, a eu des rentrées d'argent alors qu'il n'y a pas d'employés, comme nous en avons eu la confirmation via des détectives singapouriens que nous avions mandaté. 4M€ ont transité par cette société. L'année dernière, un bazar de Barcelone récemment créé appelé "Hi ha de tot" ("il y a de tout" en catalan) a perçu 3M€ en 6 mois du Valencia CF. En fait, le club a offert des services à un bazar de Barcelone ! Que suppose-t-on ? Qu'il y a eu blanchiment d'argent avec l'Asie dans des domaines qui dépassent ceux du football. 

L'officialisation de votre plainte intervient quelques jours après que Javier Tebas a fait la promotion du modèle de gestion de Peter Lim, ce qui n'a pas manqué de faire réagir les Valencianistas. Est-ce que le début des ennuis judiciaires du magnat singapourien pourrait pousser vers un départ à court terme ? 

Que ce soit le début de la fin pour Lim au Valencia CF, j'en suis convaincu, d'autant plus que j'ai été le tout premier à signaler ce qui allait arriver. Jusqu'à aujourd'hui, nous n'étions pas encore parvenu à faire bouger le fisc : nous y sommes arrivés, et il y a désormais une instruction. 

En ce qui concerne la relation entre Tebas et Lim, ils sont partenaires dans la promotion de la Liga en Asie. Dans cette plainte, LaLiga est également incluse. Il y a quelques jours, Tebas est venu à Valencia pour vanter le modèle durable de Peter Lim, et c'est vrai qu'il y a de quoi être fier... Or ce contrôle économique, c'est LaLiga qui doit le faire. Donc Tebas et la direction financière de LaLiga ont leur part de responsabilité, tout comme la présidente Layhoon Chan et Germán Cabrera, l'avocat de Meriton. De plus, ce n'est pas la première fois que Peter Lim est impliqué dans une affaire de blanchiment. Ce fut déjà le cas quand Cristiano Ronaldo a été condamné par la justice espagnole pour une dette fiscale à de la prison, commuée par le versement d'une amende. Le lien avec le joueur était une entreprise, MINT Capital, détenue par Jorge Mendes et Peter Lim qui étaient les détenteurs des droits d'image de Ronaldo et dont la directrice administrative était Layhoon Chan. 

Quand vous dites que Lim et Tebas sont partenaires, est-ce une relation d'intérêts communs moraux ou une relation légale ? 

Ils sont partenaires légaux à travers LaLiga car elle a signé un accord avec Peter Lim pour le développement en Asie. 

"Depuis l'arrivée de Lim, un milliard d'euros a transité sur le marché des transferts en achats-ventes. Autant que le Real Madrid et le FC Barcelone !"

Actuellement, Peter Lim limite au maximum les achats de joueurs, ce qui affaiblit la situation spotive du Valencia CF. À l'instar de Mark Ashton qui a pratiqué une telle politique d'aridité salariale pendant des années à Newcastle afin de mieux vendre, pensez-vous que ce soit une stratégie pour trouver un repreneur et se désengager du club plus vite ?

Il y a deux clefs : d'abord, baisser la masse salariale, ensuite obtenir l'accord urbanistique voté par la mairie de Valencia par trois partis politiques (Partido Popular, Partido Socialista, Compromís), ce qui suppose un gain de 200M€. Mais avec cette plainte, le plus important est de rendre cet accord caduc. La mairie ne peut pas signer un tel accord avec une personne sous investigation pour un possible blanchiment d'argent.

La certitude exprimée par de nombreux observateurs du Valencia CF, journalistes comme supporters, c'est que Peter Lim, via ses liens avec Jorge Mendes, a gagné et gagne encore beaucoup d'argent via les transferts. C'est le cas même si le club a sérieusement réduit la voilure depuis plusieurs mercatos ?

 

Revenons en arrière. Le premier grand transfert de Peter Lim à Valencia, c'est Rodrigo Moreno. Or Benfica est coté à la bourse de Lisbonne, ce qui signifie que le club doit publier tous les détails de ce type d'opérations. La venue de Rodrigo s'est réalisée avec Meriton Holdings comme intermédiaire. Benfica a indiqué que l'opération financière est de 30M€ + 10M€ de variables. Après la saison suivante, Benfica a expliqué que de ces 40M€, il n'en a touché que 12,7. Et les 23,3 qui restent, on ne sait pas où ils sont. Et on pourrait aussi parler d'Enzo Pérez, d'Aymen Abdennour et de tout un tas de joueurs que le Valencia CF a recruté parce que, depuis l'arrivée de Lim, un milliard d'euros a transité sur le marché des transferts en achats-ventes. Autant que le Real Madrid et le FC Barcelone ! Il a vidé le club. Selon les comptes officiels, le club a gagné, sur l'ensemble des opérations d'achats-ventes, 200M€. Et malgré cela, nous ne pouvons pas payer les salaires des joueurs. Quand j'étais au club, nous avions dû payer les joueurs via des moyens hors des circuits traditionnels. Autre exemple : le VCF paye 9M€ par an d'intérêt à CVC pour de l'argent que le club ne peut pas toucher ! Encore une grande trouvaille de Don Javier Tebas ! C'est un désastre financier, sportif, social et politique car je ne comprends pas comment des élus peuvent appuyer une personne comme Lim qui est la plus détestée de la ville. 

Quand vous évoquez les 9M€ d'intérêt, pouvez-vous étayer ? 

Dans l'accord avec CVC, Valencia touche 120M€ mais il y a des répartitions : 40 pour les salaires et des infrastructures technologiques entre autres, 80 pour le stade. Or le contrat établit que, peu importe si les 120M€ sont utilisés ou non, il faut rembourser les intérêts. 

Ne craignez-vous pas que votre passé de vice-président du Valencia CF jusqu'en 2009, dans une situation très critique pour le club, ne soit utilisé contre vous pour minimiser la portée l'instruction qui vient de s'ouvrir après plusieurs tentatives infructueuses, en affirmant que vous voulez exercer une vengeance personnelle ? 

C'est un portrait que l'on a fait de moi, mais dont ont aussi été victimes d'autres personnes passées par le club. Si nous évoquons la situation économique du club quand j'y étais, j'ai rompu le contrat de diffusion TV avec Canal 9 (chaîne locale qui a disparu depuis, ndlr), alors que le VCF était le 5e club qui recevait le plus d'argent via les droits télévisés et nous avions dépassé l'Atlético de Madrid. Nous avions aussi quitté Nike et noué un accord de 3 ans pour une somme jamais atteinte. En tout, j'ai fait gagner 350M€ au club. Ensuite, il y a eu une opération politique ourdie par Bancaja qui a contraint le club à ne pas payer les salaires des joueurs. Le lendemain de mon départ, un accord a été trouvé avec Banco de Valencia, propriété de Bancaja. Cela a été un grand mensonge : le Valencia CF n'avait à se vendre à personne ! L'unique bénéficiaire a été la banque.

Et après toutes les promesses de Peter Lim qui a acheté le club pour 150M€, certes avec un stade toujours pas terminé mais qui était en Ligue des Champions tous les ans, nous avons désormais un club qui doit toujours la même somme d'argent et avec un effectif composé par de joueurs dont certains évoluaient en 4e division il y a peu. À mon époque, quand l'Espagne est devenue championne du monde, il y avait 5 joueurs du VCF,  le club était le 3e d'Espagne et le 8e d'Europe. Aujourd'hui, on n'apparaît même pas dans la liste des 100 premiers ! Et le stade est toujours dans le même état ! À présent, il veult demander un nouveau prêt, donc créer plus de dettes, commencer le stade pour mieux revendre le club et empocher une énorme somme d'argent sinon, le club disparaîtra. 

France gouvernement

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