Interview - Yvan Mendy : "Je ne regarde pas la ceinture mais l'objectif"
Flashscore : Ce jeudi soir, vous serez dans la peau du challenger, ce n'est pas habituel pour vous.
Yvan Mendy : ça ne change rien pour moi parce qu'une fois dans le ring, on est l'un face à l'autre, on est à nu. Il n'y a plus rien d'autre entre les mains que ton destin.
C'est un retour en super-légers, 11 ans après votre dernier combat dans la catégorie contre Viktor Postol à Kiev (pour la ceinture WBC International Silver, défaite par décision unanime).
Pour tout vous avouer, après plus de dix ans chez les légers, j'étais à deux doigts de descendre en super-plumes et finalement, j'ai eu une opportunité, mais dans le sens inverse ! C'est un challenge intéressant donc je me suis dit pourquoi pas ?
Ce ne sera pas la première fois que vous serez face-à-face puisque Bastien Ballesta a été l'un de vos sparrings lors de la préparation pour la revanche contre Luke Campbell à Wembley en 2018.
Effectivement, on était à la recherche des meilleurs sparrings de l'Hegaxone. Pour être honnête, je n'ai pas de grands souvenirs avec lui parce que c'est un camp d'entraînement qui avait duré 10 jours, avec différents sparrings gauchers comme Mohamed Kani et Guillaume Fresnois. Je n'ai pas trop retenu ces séances-là.
D'habitude, les boxeurs montent de catégorie en prenant de l'âge, vous étiez prêt à faire le chemin inverse. Ne pas être au poids est pourtant la hantise des combattants.
Le poids n'a jamais été un problème pour moi, dans un sens comme dans l'autre. La plupart des boxeurs sont en mode "cutting" alors que moi, la veille pour le lendemain, juste en sautant un repas je suis quasiment au poids. Je me disais simplement que j'allais me faire un peu violence pour descendre en super-plumes si une opportunité se présentait.
Bastien Ballesta met sa ceinture IBF International en jeu avec une place dans le Top 10 IBF des super-légers. Vous envisagez de rester dans la catégorie en cas de succès ?
Je ne regarde pas la ceinture, mais l'objectif. J'ai déjà été nº4 IBF et classé dans le Top 10 de toutes les fédérations internationales. Aujourd'hui, être de nouveau classé dans une fédération, sincèrement, ça ne me rapporte plus. Ce qui m'excite ce n'est pas le classement, c'est le challenge.
Par rapport au changement de catégorie, vous avez modifié votre préparation, notamment par rapport à la force de frappe et l'allonge ?
Non, on a suivi les mêmes choses, en faisant appel à des sparrings italient notamment et à mon ami Guillaume Fresnois que je connais depuis longtemps et qui a été champion d'Europe. Je me sens assez fort pour combattre dans cette catégorie. Je pense que je peux boxer des super-plumes aux super-légers.
Ce combat ressemble à un duel de générations puisque vous avec quasiment dix d'écart avec votre adversaire qui a beaucoup de respect pour votre carrière.
C'est vrai que quand je parle aux plus jeunes et que je croise les gants avec eux, ils ont 22-23 ans et j'étais déjà professionnel avant même qu'ils ne commencent la boxe. Je vois qu'ils me respectent, qu'ils s'inspirent un peu de moi. Il y a aussi une part d'étonnement de me voir toujours en activité et toujours aussi fort.
Votre dernier combat, en décembre dernier contre Denys Berinchyk (défaite par décision unanime), était au Tottenham Stadium : l'ambiance sera très différente à Castelnay-le-Lez.
C'est sûr, mais je serai accompagné par des proches qui m'encourageront, il y aura un clan Mendy que je pourrai entendre alors que dans un stade, c'est impossible. À Wembley et à Tottenham, c'est vrai que c'est impressionnant, mais je suis parvenu à rester focus. J'en avais parlé avant avec Brahim Asloum qui m'avait dit "j'ai été champion olympique et champion du monde et je n'ai jamais pu boxer dans un stade, alors kiffe, profite, prends du plaisir dans le ring parce que tu es un des rares Français à avoir accompli ça". Avec le recul, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance et que j'ai vraiment été un privilégié.