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Jan Raas, l'indépassable Monsieur Amstel Gold Race

François Miguel Boudet
Jan Raas sur le podium du championnat du monde 1979 à Valkenburg, sur les routes empruntées par l'Amstel Gold Race
Jan Raas sur le podium du championnat du monde 1979 à Valkenburg, sur les routes empruntées par l'Amstel Gold RaceProfimedia
Quintuple vainqueur de l'Amstel Gold Race, Jan Raas n'a pas uniquement dominé cette classique au niveau du palmarès mais par la variété de ses victoires.

Avec 4 victoires en 8 éditions, Philippe Gilbert peut se targuer de connaître l'Amstel Gold Race comme sa poche, lui le spécialiste des Ardennaises des années 2010. Mais un coureur a fait encore mieux. Il s'appelle Jan Raas et il a gagné la classique néerlandaise à 5 reprises. 

Le vent le portera

Le nom de Jan Raas n'est peut-être guère évocateur aujourd'hui. Pourtant, à l'heure où son héritier Mathieu van der Poel s'est adjugé Paris-Roubaix, rappeler le palmarès de ce glorieux aîné n'est pas vain pour le replacer dans la hiérarchie des grands coureurs de classiques. Il a en effet remporté 3 des 5 monuments (Milan - San Remo 1997, Tour des Flandres 1979 et 1983, Paris-Roubaix 1982), Paris-Tours 1979 et 1981, Gand-Wevelgem 1981, sans oublier le championnat du monde 1979. Et donc 5 fois la Gold Race. 

Pas du demi-sel donc et de quoi gagner le statut de rival de Bernaud Hinault par le Blaireau en personne. Avare en interview, Raas, c'est encore les autres qui en parlent le mieux. "Il n'avait pas spécialement le physique d'un cycliste. Il était plutôt massif, surprenant au premier coup d'oeil mais ensuite, quand on l'avait dans les pattes, il ne lâchait jamais le morceau", considérait le Français dans les colonnes de L'Equipe en mai 2021. 

Raas, c'est aussi son équipe, la Ti-Raleigh avec son paletot noir-jaune-rouge aux couleurs de la Belgique mais une structure bel et bien néerlandaise. Une double raison de vérifier le sens du vent au moment d'aborder les classiques du Nord parce que ce genre de cycliste est autant expert dans le gonflage des boyaux que dans les prévisions météoroligues. Et savoir naviguer dans les rafales, c'est autant un truc de marin que de Flahute. "C'était une bonne école de courir contre lui, je voyais comment il se baladait dans le vent avec ses équipiers, se souvenait Hinault. J'ai pris exemple sur eux plus d'une fois car c'était la seule solution pour pouvoir gagner sur leurs courses. C'est en les observant que j'ai appris à courir toujours dans les trente premiers, à ne jamais tenir compte de ce qui se passait derrière dans le peloton quand je faisais vraiment la course pour gagner".

Un "Klasbak" capable de gagner de plusieurs manières

La première victoire de Raas sur l'Amstel Gold Race est une revanche sur Peter Post. Après deux saisons chez Ti-Raleigh, le coureur est écarté, car considéré comme trop individualiste et ombrageux. Sa 2e place l'an passée, conquise en solitaire derrière un Freddy Maertens intouchable, n'avait peut-être pas été du goût de tout le monde alors qu'il était novice sur l'épreuve créée en 1966... Avec le maillot de la Frisol-Thirion-Gazelle, il est animé par une force supplémentaire dans le final. Lui qui n'était encore vu comme un authentique leader écoeure Gerrie Knetemann et Hennie Kuiper. Maillot de champion des Pays-Bas sur le dos, Raas va chercher les deux équipiers à tour de rôle pour terminer au sprint. Kuiper lance mais se fait déborder avec aisance par Raas alors que Knetemann est trop court pour remonter. L'année d'après, de retour chez Ti-Raleigh, il termine en solitaire et met 1'16'' dans la vue de Francesco Moser qui, sitôt la ligne franchie, hurle "je ne reviendrai plus jamais ici".

Jan Raas avec le maillot de la Ti-Raleigh
Jan Raas avec le maillot de la Ti-RaleighProfimedia

Le Cauberg n'a plus de secret pour Raas, devenu Limbourgeois d'adoption une fois dans l'année. En 1979, il devance son coéquipier Lubberding de 39 secondes et signe le triplé. La décennie change, mais pas le vainqueur. En 1980, alors qu'il est devenu champion du monde à Valkenburg en haut... du Cauberg (autre point commun avec Philippe Gilbert titré au même endroit en 2012), il est accompagné par 12 coureurs au moment d'aborder les derniers hectomètres. Cela ne l'empêche pas de l'emporter au sprint devant Fons de Wolf, Sean Kelly ainsi que 4 Français (Jean Chassang 4e, Hinault 5e, Jacques Bossis 6e, Gilbert Duclos-Lassalle 8e) et Kuiper, 11e. 

La série s'interrompt en 1981, la faute au Blaireau, pas plus motivé que ça à l'idée de disputer une course qui a longtemps navigué à plusieurs périodes du calendrier, soit en mars soit en avril. "On était là en touristes mais comme on était sur les terres de Raas, je me suis pris au jeu. se souvenait-il. Il nous regardait de haut, alors j'ai voulu le faire chier. Quand j'ai vu qu'à un kilomètre de l'arrivée on était encore là avec eux, je me suis dit que ça valait peut-être le coup de faire le sprint. Au moins pour le chatouiller un peu, vu qu'il avait déjà gagné quatre fois.  À un moment, j'ai aperçu Raas à ma droite, qui tentait de me remonter. Il est arrivé au niveau de mon pédalier et il a explosé". Raas fait 5, une vraie surprise. Il se venge l'année suivante, en faisant le coup du kilomètre, au nez et à la barbe de Stephen Roche.

Avec 5 succès, il est l'incarnation de la course qui est surnommée l'Amstel Gold Raas. Désormais organisateur de la classique ardennaise, Léo van Vliet racontait à la RTBF en avril 2021 que "c’était sa course aux Pays-Bas, un jour très spécial pour lui, peut-être son jour de l'année. Il avait une puissance et une force incroyable. C’était un “Klasbak” (terme néerlandais caractérisant un cycliste intelligent, ndlr). Outre Milan-Sanremo, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, il aurait aussi pu gagner Liège-Bastogne-Liège s'il ne s’était pas autant focalisé sur l’Amstel Gold Race"

Avec ses lunettes sur le nez, Raas offrait un profil de coureur un peu en marge. Désormais, à 70 ans, ses sorties médiatiques sont très rares. Peut-être une des raisons pour lesquelles il est moins connu que d'autres grands des années 1970-1980 alors qu'il a donné ses lettres de noblesse à l'Amstel Gold Race. 

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