"Je volais", savoure Pauline Ferrand-Prévot après son triomphe olympique
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QUESTION: Que ressentez-vous après ce succès?
REPONSE: "Pour l'instant c'est beaucoup d'émotions. Tout ce que j'ai fait ces derniers mois ressort, toute l'émotion que j'ai retenue, elle s'évacue en ce moment. Je pense que je vais beaucoup pleurer. Je me suis tellement entraînée dur pour ça, je me suis tellement mise dans ma bulle, en ermite. Là je suis comme un Indien dans la ville. J'arrive, il y a tout le monde qui clame mon nom, je vois ma famille pleurer, ce sont des émotions incroyables."
Q: Que représente cette victoire?
R: "C'est un aboutissement, après des années de travail. C'est clairement la victoire d’une vie. Au premier tour j'ai essayé de voir comment étaient les autres et j'ai rapidement vu que j'étais dans une journée incroyable. Dès l'échauffement j'étais bien, je poussais des watts élevées. Après un tour j'ai essayé de faire toutes les montées à fond, les descentes propres sans trop en mettre, pour tenir le rythme pendant sept tours, c'était incroyable. Dans le dernier tour je n’ai pas voulu prendre de risque donc j’ai savouré un peu. Après tant de d’années de dur labeur, j’ai vécu une journée de rêve, je volais aujourd'hui."
Q: Comment vous sentiez-vous ce matin?
R: "L'attente de la course a été longue. Mais je me sentais prête. J'ai essayé de faire comme si on était en Coupe du monde. Tom Pidcock (le champion olympique en titre, son coéquipier chez Ineos) a demandé hier à mon entraîneur de me dire que c'était une course normale."
Q: Avez-vous repensé à vos précédentes expériences olympiques?
R: "Mes échecs m'ont servi aussi pour avoir cette victoire aujourd'hui (dimanche). A Tokyo (aux Jeux de 2021, 10e) j'étais bien physiquement mais mentalement et techniquement ça n'allait pas. Je me suis servi de tout ce qui m'a fait défaut par le passé. Ca m'a permis de travailler mes points faibles, c'est ce qui a fait la différence."
Q: Qu'avez-vous travaillé en particulier?
R: "Je travaille avec un préparateur mental depuis quelques mois, sur le fait de penser à moi et pas aux autres, de faire mes propres courses, avec mes schémas. Je n'entendais rien, juste une masse, j'étais en mission. Je n'ai pas prêté attention à ce qui se passait derrière moi (...) On pousse notre corps à son maximum mais parfois on oublie ce travail mental. Pour accepter la douleur il faut être prêt. Cette préparation mentale m'aide à repousser les limites, à accepter cette douleur, à y prendre goût. C'est un peu comme une méditation, essayer de rester calme même quand ça fait mal, de rester concentré sur soi même quand des choses extérieures viennent polluer, c'est hyper important."
Q: Que signifie votre tatouage sur le cou, "life is a joke" ("la vie n'est qu'une blague"):
R: "Je pense que c'est une bonne leçon de vie. Il faut être sérieux mais il n'y a pas besoin de tout prendre trop à cœur. J'ai fait ce tatouage après ma deuxième opération de l'artère iliaque (en 2020). J'ai connu beaucoup de mauvais moments dans ma carrière, donc aujourd'hui (dimanche) je peux dire que la vie n'est qu'une blague oui."
Propos recueillis en zone mixte