Jouer le hors-jeu, spécialité du Barça de Flick... et prise de risque assumée contre le Real Madrid ?
Les attaquants du Deportivo Alavés ont cru à un running gag. À 11 reprises, le drapeau d'un arbitre assistant s'est levé pour signaler un hors-jeu. Avec sa défense très haute, le FC Barcelone d'Hansi Flick s'est fait une spécialité de mettre ses adversaires en position illicite. La statistique est tellement improbable que la presse espagnole, y compris celle de la capitale, a effectué la comparaison : en un match, les Culés ont provoqué plus de hors-jeu que le Real Madrid depuis le début de saison !
En tout, le piège s'est refermé 65 fois en 10 journées ! Parfois avec l'appui de la VAR, le Barça a vu 6 buts annulés (3 contre Villarreal, 2 contre Alavés, 1 contre Séville). En Ligue des Champions, même à un de moins pendant près de 90 minutes, les Blaugranas ont mis Monaco hors-jeu à 6 reprises et annulé un but. Quant aux Young Boys, ce furent 7 occurrences avec également un but annulé. Enfin, le Bayern a été mis 3 fois en position illicite et a également vu un but refusé via l'assistance vidéo.
Si cela n'a pas garanti la victoire contre Osasuna, dans le reste des cas, cette capacité à s'aligner au bon moment a largement contribué aux 9 succès en Liga.
Depuis son arrivée en Catalogne, Flick veut que son équipe joue haut. Voire très haut. Cela se traduit par une position moyenne où seuls les deux centraux sont systématiquement dans leur camp, mais ils ne sont pas toujours accompagnés par des coéquipiers. Cette philosophie de jeu se complète sur le plan offensif par une moyenne de 3,3 buts par match en Liga. En revanche, sur le plan défensif, cela laisse beaucoup d'espaces : un but pris en moyenne. Évidemment, tout dépend du contexte : en prendre 4 et perdre au Sadar n'a pas la même conséquence qu'à 4-0 comme ce fut le cas contre Séville dimanche dernier.
La défense haute à l'épreuve du Real Madrid
Jouer le hors-jeu est particulièrement risqué en règle générale. Mais est-ce la tactique adéquate contre le Real Madrid ? Équipe axée sur les transitions rapides et la recherche de verticalité, la Casa Blanca dispose d'une ligne offensive qui, typiquement, peut mettre à mal cette volonté affichée de jouer très haut.
Depuis le début de saison, Kylian Mbappé n'a guère brillé par son sens du placement en position de 9. Préférant évoluer à gauche, il a du mal à synchroniser ses appels aussi bien sur son côté de prédilection que dans l'axe. Cela ne se matérialise pas nécessairement par des hors-jeux déclarés mais, à plusieurs reprises, ses coéquipiers renoncent à essayer une passe en profondeur, au sol ou par les airs car la recrue est en position illicite évidente. Contre le Celta la semaine dernière, il a par exemple manqué de justesse. Alors qu'il avait un boulevard devant lui, il est parti avec un mètre d'avance sur le défenseur central.
Pour autant, laisser potentiellement 40 mètres à lui comme à Vinicius Jr est un pari sacrément élevé. Les efforts de coordination des défenseurs blaugranas ont beau être une réussite, ce travail de précision est à double tranchant. Flick osera-t-il la même tactique ? À son crédit, il y a cette faculté collective à contraindre l'adversaire à se replier pour opérer un travail défensif constant. En revanche, le Barça subit de nombreux contres, laissant toujours une porte entrebaillée. Si Marc-André ter Stegen avait une carrure qui faisait cogiter les attaquants, Iñaki Peña est beaucoup moins impressionnant sur sa ligne. Cependant, le gardien catalan n'a aucune difficulté à évoluer hors de sa surface pour écarter le danger. Ce fut plusieurs fois le cas contre Séville où il n'a pas hésité à jouer le libéro.
Peut-être que la solution se trouve dans le match contre Alavés. À Mendizorroza, le Barça a évolué avec ses deux centraux (Pau Cubarsí à droite, Íñigo Martínez à gauche) à 40 mètres de leurs cages mais Marc Casadó au milieu du terrain et l'apport de Ferran Torres à gauche pour épauler Alejandro Baldé.
Kane a vu les portes se refermer
La réception du Bayern en Ligue des Champions constituait un test d'envergure pour le Barça. Le score (4-1) donne raison à Flick, même si son équipe a eu une réussite maximale en attaque et que Vincent Kompany a probablement manqué d'un peu d'expérience pour oser réagir dès la mi-temps alors que le score était de 3-1. Pour autant, Harry Kane a été perturbant dans ses appels, même s'il est de peu devant la ligne sur son but annulé. Néanmoins, après son but à la 18e minute, l'Anglais a disparu de la circulation alors que les Bavarois ont eu la possession à 60%, preuve que les Culés ont su défendre de manière organisée et efficace car Peña n'a eu que deux parades à faire sur l'ensemble de la rencontre.
Cette victoire est d'autant plus intéressante tactiquement qu'elle s'inscrit dans un registre jusque-là peu usité : l'acceptation de laisser majoritairement le ballon à l'adverse pour imposer davantage de verticalité à la récupération. Cela s'est vérifié sur les 4 buts blaugranas, tous inscrits sur des modèles de transitions rapides. Cette capacité à mettre en péril la défense adverse en quelques passes est un marqueur de la patte Flick. De quoi aussi créer quelques doutes chez tous ses adversaires, un aspect que le Barça partage désormais avec le Real Madrid qui encaisse moins de buts mais qui, après 10 journées, laisse une impression défensive moins favorable que votre rival catalan.