Joueuse centrale pour Hervé Renard, Kenza Dali est en mission
A 32 ans, Kenza Dali dispute samedi (9h00) le plus gros match de sa carrière internationale, un quart de finale de Coupe du monde face aux Australiennes.
Cet apogée tardif s'explique par une carrière hachée. Depuis sa première convocation en équipe de France en 2014, elle a toujours été appelée par les différents sélectionneurs tricolores mais n'a pas été épargnée par les blessures, l'éloignant souvent des Bleues.
La précédente Coupe du monde reste l'un de ses pires souvenirs: victime d'un accident domestique, elle se casse l'orteil et dit adieu au Mondial à domicile. Quelques années avant, en 2016, la joueuse formée à l'Olympique lyonnais s'était déjà blessée gravement au genou lors d'un match avec l'équipe de France. Juste après avoir joué deux matches lors du Mondial au Canada, en juin 2015.
"Là pour les autres"
Ses pépins physiques derrière elle, la milieu, qui a très peu joué lors de l'Euro-2022, a acquis depuis l'arrivée du sélectionneur Hervé Renard un nouveau statut chez les Bleues dans le vestiaire, mais en dehors aussi, comme avec les médias.
"Kenza, c'est un leader pour moi, elle a toujours les bonnes paroles", affirme Selma Bacha. "Elle va nous inspirer la "grinta". Elle est toujours là pour les autres. C'est un exemple à suivre en dehors et sur le terrain parce que c'est une personne qui donne tout".
"Je suis très contente qu'elle ait pris une place importante dans le groupe", a poursuivi Eve Perisset, ajoutant qu'elle a "toujours été une personne qui a une voix importante dans le vestiaire".
Interrogée sur ce sujet, la milieu aux 59 sélections et 12 buts refuse le statut de cadre : "il y a des leaders techniques, il y a des leaders naturels. Leader aujourd'hui, ça veut un peu tout dire. Je pense qu'il y a un groupe de cadres dont je ne fais pas partie et ça ne me dérange pas du tout parce que je n'aime pas qu'on me l'impose".
"J'aime bien mon rôle. Je suis quelqu'un d'entier, donc quand je dis quelque chose, c'est sincère et ce n'est pas forcé", a poursuivi la native de Saint-Colombe (Rhône), qui a été l'une des meilleures Bleues lors de la préparation du Mondial.
En plus de ce rôle dans le vestiaire, cette grande lectrice, bilingue en anglais et consommatrice assidue de matches de football et de statistiques, est devenue une pièce-maîtresse du système de jeu d'Hervé Renard, avec un nouveau poste à apprivoiser, celui de milieu droit.
"Je ne me pose plus de questions"
"Elle évolue sur le flanc droit, depuis le début de la compétition elle s'en sort bien, c'est pas évident d'être en changement de poste comme ca, elle le fait vraiment bien. Elle arrive à combiner, elle passe aussi à l'intérieur pour apporter une solution supplémentaire", a commenté Grace Geyoro, vice-capitaine des Bleues, et coéquipière au milieu.
Buteuse contre le Maroc en 1/8de finale (4-0) après un superbe mouvement qu'elle a elle-même initié, Dali, qui évolue dans le championnat anglais depuis 2021 d'abord à Everton puis Aston Villa, est la première à impulser plus d'agressivité dans le jeu des Françaises.
"J'en avais un peu marre d'entendre que la France était tendre et soft, c'est ce qu'on dit de nous en Angleterre", a-t-elle lancé après le match contre le Brésil (2-1), où elle a reçu un carton jaune pour un tacle appuyé. "Je sais que ce n'est pas la vérité, je le vois à l'entrainement, on est tout sauf "soft" même entre nous, et je voulais vraiment qu'on le montre. C'était important de faire passer un message pour dire qu'on était capable de mettre des coups et qu’on n'allait pas que subir. J'ai envie de faire quelque chose cette année, donc je ne me pose plus de questions". Contre l'Australie, samedi, il ne faudra pas s'en poser pour gagner la bataille du milieu.