Julian Alaphilippe n'a toujours pas redécollé, un an après sa terrible chute
Les images donnent toujours aussi froid dans le dos. Le 24 avril 2022, Julian Alaphilippe, alors double champion du monde en titre, est victime d'un grave accident lors de Liège-Bastogne-Liège dont il est l'un des favoris. Projeté à 70 km/h contre un arbre, il souffre d'un pneumothorax, d'une fracture à une omoplate et de plusieurs côtés cassées.
Dans le documentaire consacré à son équipe Quick Step sur la plateforme Amazon, on revit de l'intérieur la réaction paniquée de ses directeurs sportifs, les larmes de son mécano et celles de sa compagne Marion Rousse, aux commentaires ce jour-là pour France Télévisions.
L'accident est le point le plus noir d'une saison en enfer lors de laquelle l'Auvergnat de 30 ans accumule les virus, les blessures et les séjours à l'hôpital.
Après un hiver passé à se "ressourcer" en famille, "Alaf" est déterminé à attaquer 2023 avec le couteau entre les dents. "J'ai la rage", dit-il en janvier. "On va voir du grand Julian cette année", appuie son équipier Rémi Cavagna.
"Le sort s'acharne sur lui"
Et de fait, l'année commence plutôt bien avec une victoire le 25 février dans l'Ardèche Classic, son troisième succès seulement depuis son deuxième titre de champion du monde en 2021.
Mais depuis, la machine à scoumoune marche à nouveau à plein régime.
Alors qu'il avait fait des Flandriennes son objectif du début de saison, il tombe malade et abandonne au Grand Prix E3. Une semaine plus tard, il chute sur le Tour des Flandres qu'il quitte touché au genou gauche. La blessure s'infecte et il est obligé de laisser le vélo au garage pendant une semaine.
Forfait pour l'Amstel Gold Race et la Flèche wallonne, la course qu'il a gagnée trois fois, il doit faire son retour sur Liège-Bastogne-Liège dimanche, dans un rôle d'équipier de Remco Evenepoel.
"Le sort s'acharne sur lui", déplore sa compagne qui loue sa "force de caractère". "Pas mal de personnes auraient été désabusées. Mais lui reste sérieux et concentré. Il m'impressionne plus que quand il gagnait dix courses à l'année", insiste la directrice du Tour de France femmes.
Mais le manageur général de l'équipe Soudal-Quick Step, Patrick Lefevere, ne cache pas son impatience. Depuis cet hiver, il distille les mots acerbes et en a remis encore une couche lundi soir dans le Podcast de RMC "Grand Plateau".
"Il mange une grande partie de mon budget"
"Heureusement qu'il est devenu deux fois champion du monde. A part ça, il gagne la première étape du Tour et porte le maillot jaune (en 2021, ndlr). Je comprends que toutes les équipes françaises soient excitées avec ça, mais pas moi. Je l'aime bien, comme tout le monde. Mais je dois être réaliste. Il mange une grande partie de mon budget et je veux quand même aussi des résultats", a asséné le manager flamand.
"Il faut être honnête, quand Julian Alaphilippe brillait, il n'y avait pas Pogacar, Van der Poel, ces phénomènes-là", a-t-il ajouté dans un jugement particulièrement sévère, pointant le salaire important (estimé à 2,3 millions d'euros par saison) du Français, sous contrat jusqu'en 2024 et qu'il n'envisage pas de prolonger dans ces conditions.
"Mais je dis toujours que c'est comme à l'école: il y a trois trimestres. Imaginons qu'il gagne deux ou trois étapes dans le Tour de France et qu'il porte le maillot jaune pendant dix jours, ça devient une autre histoire", a conclu le Belge sur un ton plus conciliant.
De fait, Julian Alaphilippe dit penser "déjà au Tour" qui partira le 1er juillet du Pays basque espagnol et où il devrait être le leader de sa formation en l'absence d'Evenepoel, concentré sur le Giro.
"Il a déjà planifié des reconnaissances d'étapes. Il est vraiment revanchard et il a une très grosse envie de bien faire, surtout qu'il a manqué le Tour l'an dernier", souligne Marion Rousse.
En espérant que, cette fois, la malchance l'oublie un peu.