Kielce, la survie d'un géant polonais et européen en question
Le brasseur polonais Van Pur, principal sponsor de la formation de Kielce (200 000 habitants), entre Varsovie et Cracovie, a annoncé début novembre son désengagement.
Un coup de tonnerre pour le club champion d'Europe en 2016 et finaliste de la dernière édition : le contrat lié avec Van Pur lui permettait de couvrir un tiers de ses dépenses. Début février, Kielce a cependant assuré qu'il irait bien jusqu'au terme de la saison, malgré les difficultés financières.
"On l'a su un petit mois avant, on a eu une réunion avec le président, il nous a expliqué la situation", indique à l'AFP Dylan Nahi, un des trois internationaux français encore sous contrat avec le club polonais, avec Benoît Kounkoud et Nicolas Tournat.
"Politique sportive agressive"
Nedim Remili, cadre des Bleus, a lui quitté la Pologne pour rejoindre l'équipe hongroise de Veszprem début février, assurant ainsi une entrée d'argent salvatrice pour le club dirigé depuis 2002 par l'homme d'affaires néerlandais Bertus Servaas.
Un président décrit comme "un peu excentrique, très ambitieux et très pressé dès le début, à la Bernard Tapie", par François-Xavier Houlet, consultant handball pour BeIN Sport et agent de joueurs.
"Il mène une politique sportive très agressive, cela s'est manifesté par un gros recrutement l'été dernier avec une vingtaine de joueurs sous contrat", précise l'ancien international français.
De quoi bâtir un effectif taillé pour décrocher un deuxième sacre européen après la finale perdue l'an dernier contre Barcelone, au risque de mettre les finances du club dans le rouge en cas de départ d'un partenaire, comme ce fut le cas.
Bertus Servaas cherche désormais un autre sponsor, avec l'appui des autorités du pays.
La ministre polonaise déléguée aux Sports, Anna Krupka, en a appelé mi-février, dans une lettre ouverte, au maire de Kielce Bogdan Wenta, ancien joueur et sélectionneur de la Pologne, pour qu'il "entreprenne des actions pour soutenir l'Industria Kielce".
"Héritage local"
"Le handball est un héritage local dont nous devons tous nous occuper malgré les divisions", a déclaré Mme Krupka, affirmant que le club avait reçu 750 000 zloty (158 000 euros) d'aide gouvernementale.
Pour François-Xavier Houlet, la fragilité d'une telle institution régionale, qui fait partie "des cinq clubs capables de gagner la Ligue des champions", doit interpeller les instances.
"Cela doit poser question au niveau de l'EHF (Fédération européenne de handball, NDLR) car on n'a pas de contrôle des budgets au niveau européen, ce serait le troisième finaliste de la Ligue des champions qui disparaîtrait depuis 2010", souligne-t-il, en référence à la chute de l'Atlético de Madrid et à la rétrogradation de Hambourg dans les années 2010.
La situation sportive, elle, est au beau fixe : deuxième en championnat de Pologne, Kielce a dominé sa poule de C1 avec dix victoires et deux défaites en 12 rencontres. Les Jaune et Bleu sont assurés de participer aux quarts de finale pour la septième fois sur les 11 dernières compétitions.
Kielce a grandi lors des vingt dernières années, emmené par l'entraîneur espagnol Talant Dujshebaev depuis 2014 et qui fait face aujourd'hui. "Il nous en a parlé comme il doit en parler, comme un meneur d’hommes", assure Nahi.
"On ne peut pas faire grand-chose pour l'instant, on attend de voir les prochains événements, mais quoiqu'il arrive, on a toujours un gros effectif donc c'est mieux de ne pas se laisser abattre par la situation et d'avancer tous ensemble", exhorte Dylan Nahi, vice-champion du monde avec la France en janvier.