L'Arabie Saoudite réalise le 1er exploit du Mondial en terrassant l'Argentine
Le 29 juin 1994 à Washington DC, Saeed al-Owairan transperçait toute la défense belge pour inscrire un but "Maradonesque" qui permettait l'Arabie Saoudite de battre la Belgique en ouverture du Mondial américain (1-0). Vingt-huit ans plus tard, ses héritiers se nomment Saleh Al Shehri et Salem Al Dawsari. D'un tir croisé parfait du gauche (48e) et d'une lourde frappe du droit (53e), ils ont infligé une défaite historique à l'Argentine, invaincue depuis 36 matches.
Rusé Renard
Hervé Renard est un habitué des gros coups. Ila remporté la CAN avec la Zambie en 2012 et la Côte d'Ivoire en 2015, qualifié le Maroc au Mondial 2018, 20 ans après la dernière participation des Lions de l'Atlas. Ce match a été une véritable démonstration tactique de sa part. Loin d'avoir garé le bus à impériale devant les cages, il a préparé son équipe pour qu'elle gagne. Et ça a marché, alors même que l'Arabie Saoudite a été menée au score dès la 10e minute. Après avoir chauffé les gants de Mohammed Al Owais (2e), Lionel Messi a transformé un penalty accordé par la VAR après le ceinturage de Leandro Paredes dans la surface.
Tout indiquait un tour de chauffe tranquille pour l'Albiceleste, d'autant que l'Arabie Saoudite prenait de grandes risques défensifs, notamment dans la gestion du hors-jeu. Messi d'abord (23e), Lautaro Martínez ensuite (28e, 35e) ont pu apprécier la précision de l'alignement adverse. Trois buts hors-jeu en 12 minutes : à un moment ou à un autre, les Green Falcons allaient le payer en 2e période.
Malgré ce but de retard, les Saoudiens n'ont pas renié leur plan de base. Certes, en première période, ils n'ont pas inquiété Emiliano Martínez. En revanche, ils ont très bien quadrillé le terrain, en tâchant de rapidement se projeter après une récupération de balle. Leurs transitions rapides étaient prometteuses mais la fluidité dans le dernier tiers du terrain semblaient rédhibitoires pour mettre en péril la défense du champion d'Amérique du Sud.
Et le piège se referma
Les Saoudiens sont revenus sur le terrain avec ambition, à la différence notoire de l'Argentine. Et sur leur première véritable opportunité, ils ont égalisé. Prenant Cristián Romero de vitesse, Al Shehri, d'une frappe croisée du gauche, a mis le ballon hors de portée de Martínez (47e). L'Histoire était en marche. Six minutes plus tard, Al Dawsari, qui venait de se parer du brassard de capitaine après la sortie de Salman Al Faraj sur blessure, a expédié une ogive du droit que le gardien argentin n'a plus qu'effleurer (53e).
D'ordinaire si volubiles, les supporters de l'Albiceleste étaient éteints par les Saoudiens, à l'image de ce qui se passait sur la pelouse. Perdant le fil de la rencontre, les hommes de Lionel Scaloni ont multiplié les mêmes circuits de passes, avec un Ángel di María aussi sollicité que brouillon et peu aidé par Nahuel Molina, latéral droit sans impact. Au milieu, ni Paredes ni Rodrigo de Paul n'ont été dans le ton, alors que les Green Falcons, agressifs et engagés, ne les laissaient pas respirer.
Même Messi n'a pu s'extirper du piège. La Pulga, décalée par Lautaro Martínez, a eu l'égalisation au bout du pied mais Hassan Tambakti a réalisé un tacle impeccable pour subtiliser le ballon (55e). Malgré un triple changement opéré à l'heure de jeu, rien n'a changé. Lautaro Martínez a traversé la dernière demi-heure comme un fantôme tandis que le nouvel entrant Julián Álvarez n'a pu se mettre vraiment en évidence qu'au bout du temps additionnel (90+10), sur une tête captée sans problème par un Al Owais impertubable, à l'image de sa parade sur la ligne après que Nico Tagliafico a détourné un centre de Nico Otamendi (63e).
Sans solution, seul un exploit de Messi pouvait sauver l'après-midi argentine. Mais ni sur coup franc (81e) ni de la tête (84e) ni à la réception d'un ballon après une sortie mal négociée d'Al Owais (90+5), le joueur du PSG n'est parvenu à sauver ne serait-ce que le minimum, le résultat autant que les apparences.
Par son culot, son agressivité, son engagement, son réalisme et son désir de bien jouer au football, l'Arabie Saoudite a réalisé le match parfait pour vaincre l'un des favoris. Un prétendant sous pression alors que se profile déjà un match capital contre le Mexique, un rival historique, samedi. Sur ce qu'elle a montré et, surtout, ce qu'elle n'a pas montré, l'Argentine est en danger et le spectre de 2002 pourrait réapparaître très vite.