L'invincibilité de Will Still et des Rémois va-t-elle prendre fin au Parc des Princes ?
Aucune défaite depuis le 18 septembre, Reims est sur une très belle série. Depuis, et surtout avec l'arrivée de Will Still en remplacement d'Oscar Garcia, les Rémois ont remporté quatre matches de championnat et concédé cinq nuls. À cela s'ajoutent deux victoires en Coupe de France et on obtient une équipe en pleine confiance, plutôt imperméable en défense.
Depuis sa nomination en tant que n°1, l'entraîneur anglo-belge a transformé son collectif. Celui-ci semble plus serein, plus réfléchi. Quatre petits buts ont été encaissés depuis mi-octobre, un total plus que louable et Reims est devenu une équipe difficile à manœuvrer. Pas sûr que le Paris Saint-Germain puisse infliger un gros score à leur adversaire du week-end.
Seuls Auxerre, Montpellier, Rennes et Lille sont parvenus à transpercer les filets rémois. Bonne chance aux Parisiens donc.
Un collectif soudé mentalement
Nous l'avions interrogé durant la trêve internationale fin-novembre, afin de recueillir ses premiers sentiments à l'occasion de son intronisation en tant qu'entraîneur principal du SdR, nous avions perçu de Will Still quelqu'un doté d'une forte personnalité, à la culture foot indéniable et un projet cohérent en tête. Notamment, sur le plan mental, il savait exactement où il voulait emmener ses joueurs et semaine après semaine, cela se voit sur le terrain et dans les résultats.
"Sur l’ensemble, je suis satisfait, parce qu’il y a une énergie qui est super intéressante, tout le monde est impliqué. On a réussi à réinstaurer une forme de concurrence et de compétition au sein de l’effectif, en réintégrant des mecs qui n’ont peut-être pas joué en début de saison, sur lesquels on ne s’attendait pas à ce qu’ils jouent forcément. Je pense à Thibault De Smet, à Alexis Flips et parfois à des postes qui ne sont même pas les leurs. Donc ça, c’est super intéressant, il y a beaucoup de positivité autour du groupe, autour du club. Il y a une satisfaction aussi par le fait que nous n’ayons pas perdu, et c’est bien en Ligue 1", nous avait-il confié à propos de ses premières semaines de travail.
Sur la solidité défensive, il nous disait : "C’était déjà un axe de travail (sous Oscar Garcia), j’ai seulement adapté et changé certains principes très simples. Au lieu de défendre en reculant, c’est mieux de défendre en avançant et d’éloigner le danger de notre but, ce qu’on a réussi à faire plutôt bien. Mais oui, il y a plein d’axes de travail, que tu repères, qui te viennent au fur et à mesure des semaines. On a encore plein de choses à travailler, c’est intéressant, c’est un challenge, c’est emballant, tu es continuellement dans le renouvellement et dans l’adaptation, notamment ce dont l’équipe a besoin."
Globalement, on ressent un groupe très soudé, absolument pas avare en efforts, capable de se donner pour ses coéquipiers ainsi que son coach. Car Will Still est parvenu à établir de vrais liens de confiance, il y a une vraie osmose qui est en train de s'opérer. On ressent beaucoup de solidarité sur le terrain depuis de nombreuses semaines.
Ce week-end, à l'occasion du déplacement chez le leader de Ligue 1, Prime Video suit les Rémois dans toute la préparation d'avant-match et un extrait d'une causerie au sein du centre d'entraînement Raymond-Kopa a été publiée. On voit Will Still en pleine transmission avec ses joueurs, qui évoque le match à venir. La séquence est très significative de l'ambiance qui règne à Reims.
Cela rappelle ce qu'il a pu dire durant son entretien pour Flashscore France, à propos de la relation qu'il a instauré avec ses joueurs :
"(...) J’ai leur âge, on est né dans le même contexte social, on a grandi dans la même vie et ça ne marcherait pas si j’essayais de me prendre pour un autre ou d’être le père… les joueurs s’en foutent complètement et moi aussi. J’essaye juste de rester honnête, sans me prendre la tête, car dès que tu commences à faire ça, le joueur te regarde « ouais, chef, c’est bon… ». Si j’ai envie de les faire chier, je vais les faire chier, parce que je sais qu’ils vont me rendre la pareille. (...) Ils savent que je vais prendre la décision derrière. C’est trouver le moment… parce que tu ne peux pas être patronnant. Tu es juste honnête. (...) C’est la chance qu’on a ici, au Stade de Reims, tu as des joueurs très ouverts d’esprit et sont prêts à entendre la critique, tant que c’est constructif, parce que si tu critiques pour dire « tu es un cancre, tu ne sers à rien, dégages », toute la nouvelle génération va te regarder et te dire « hé ho, va prendre ton linge et tu vas le faire sans moi, parce que je m’en fous ». Tant que tu arrives à les concerner, à être honnête avec eux et être droit, ils vont toujours accepter. (...)"
Un plan de jeu cohérent
De l'ambition, du risque, un goût de l'effort prononcé, de l'intensité et du rythme, du pressing, de la verticalité, tous les ingrédients sont réunis depuis plusieurs semaines lorsqu'on voit jouer le Stade de Reims. Même si c'est parfois brouillon, et que le réalisme n'est pas encore totalement au rendez-vous, on perçoit des Rémois bourrés de bonnes et belles intentions, autant balle au pied que sans ballon.
Un mot définit le précepte de jeu fondamental de Will Still, comme il nous l'avait expliqué : "Le mot qui me correspond le mieux, c’est être « proactif », c’est de générer quelque chose, et de ne pas être réactif ou dans l’attente. C’est aller de l’avant, éloigner le plus possible le danger de ton but."
Ce mot d'ordre, il semble être déjà bien passé au sein de son vestiaire, son discours aussi donc. Face à Nice il y a deux semaines (0-0), son équipe a livré une belle performance, même si elle a péché dans le dernier geste, la faute peut-être à une jeunesse un peu trop inexpérimentée.
"On doit beaucoup s’améliorer dans la propension à être dangereux, dans la symbiose en attaque, ce qui est logique puisque cela ne fait que 4 ou 5 semaines qu’on a commencé à mettre des choses en place. En tout cas, il faut être proactif, je n’aime pas être dans l’attente, regarder, on veut prendre des risques, aller de l’avant", nous avait confiés Will Still.
Néanmoins, lorsqu'on regarde le Stade de Reims jouer, on n'a pas envie d'éteindre notre télévision ou de zapper sur une autre rencontre. Pour le spectateur, pour l'observateur, ces Rémois représentent une belle vitrine pour la Ligue 1 et Will Still n'y est certainement pas pour rien.
Statistiquement, par exemple, depuis le début de saison, Reims est la 7e équipe du championnat en termes de tirs tentés par match (12,6 en moyenne). Autrement dit, toutes les 7,2 minutes, l'équipe champenoise tente une frappe. Le SdR est un collectif qui n'a pas peur d'avoir du déchet, car elle ose et entreprend beaucoup de choses dans ses matches. Face au PSG ce dimanche soir, on devrait assister à des Rémois qui n'hésitent pas à prendre des risques en mettant beaucoup d'intensité, "il n’y a que comme ça qu’on va réussir à prendre des points", nous avait dit Will Still. Rendez-vous au Parc des Princes ce dimanche, on ne devrait pas s'ennuyer…