L'Olympique de Marseille a de l'argent... mais sait-il le dépenser ?
L'Olympique de Marseille n'a pas une ligne de crédit illimité comme le Paris Saint-Germain ni les avantages fiscaux dont bénéficie l'AS Monaco. Néanmoins, il a de l'argent et en quantité suffisante pour bâtir un effectif cohérent, dense et qualitatif.
Beaucoup de paris, peu de réussites claires
Or à la mi-saison, les comptes ne sont pas bons et le bilan de Pablo Longoria est négatif. En l'espèce, depuis qu'il est président, l'OM achète beaucoup (240M€) et revend mal (87M€). Au-delà de ça, l'OM offre d'excellents salaires, condition sine qua non pour attirer des joueurs de renom mais aussi constitutif d'une grosse prise de risques. Les salaires de Jordan Veretout (6,6M€ bruts par saison), Geoffrey Kondogbia (6) et Pierre-Emerick Aubameyang (8,4) sont colossaux pour des joueurs qui sont arrivés à Marseille soit en provenance d'un club qui ne participait pas à la lutte pour le titre et ne se qualifiait pas pour la Ligue des Champions (Roma), soit en étant remplaçant (Atlético) soit après une année quasi-blanche (Chelsea). Le cas d'Aubameyang est éloquent : à 34 ans, il a paraphé un contrat de 3 ans pour 700.000€ par mois et ce n'est pas sa réussite en Ligue Europa qui parvient à compenser ses difficultés en Ligue 1, la priorité d'un club qui doit se qualifier pour la Ligue des Champions afin de conserver son standing.
En 2023, le club a déboursé 105M€ et aucun transfert n'est une réussite indiscutable. Étiqueté "geek du football", Longoria devait, par sa connaissance encyclopédique du football, trouver des bons coups pour faire progresser l'OM. Or il apparaît qu'il a surpayé pour des joueurs qui tardent à montrer qu'ils sont taillés pour le challenge, et c'est un euphémisme.
La difficulté principale réside dans le fait de trouver des profils offensifs. Mais entre Vitinha (25M€ + 7 de très éventuels bonus vu son rendement), Iliman Ndiaye (17), Ismaïla Sarr (13), Ruslan Malinovsky (10), le prêt payant de Joaquín Correa (2), Arkadiusz Milik (12), Cengiz Ünder (11,5), Luis Suárez (10), Konrad de la Fuente (3), Luis Henrique (8) auxquels il faut ajouter les arrivées libres d'Alexis Sánchez (3.5M€ bruts de salaire), Cédric Bakambu (3.2 M€ bruts sur 8 mois) et Aubameyang, l'OM a beaucoup tenté mais peu réussi. Sur ces 13 joueurs, seuls Ünder et Sánchez sortent du lot. 15% de réussite...
Des lendemains qui déchantent ?
Il faudra une remontée énorme pour que l'OM soit sur le podium, donc en Ligue des Champions. Participer à une Coupe d'Europe, même la Ligue Europa Conférence, est très loin d'être acquis et la dynamique insufflée par Gennaro Gennaro n'est pas dictée par le Mistral. Le club stagne et sans l'argent de l'UEFA, déjà que les reventes sont insuffisantes, qu'en sera-t-il avec la contrainte de vendre ?
La dernière question en suspens concerne la faculté de Longoria et, par extension, le directeur financier Stéphane Tessier, pourtant très réputé dans ce secteur, à gérer les cordons de la bourse. L'Asturien est un scout avant d'être décideur et si cela avait fonctionné avec lui à Valencia, c'est aussi parce qu'il avait Mateu Alemany au-dessus de lui, peut-être ce qui se fait de mieux en Europe à l'heure actuelle en la matière.
La venue de Medhi Benatia comme conseiller sportif et l'évolution de la cellule de recrutement permettront-elles une inflexion dans les choix ? La diminution du bugdet provoquera en tous cas un besoin crucial d'acheter malin. C'est peut-être dans son domaine de prédilection que Longoria se révèlera le meilleur... s'il est encore là la saison prochaine.