L'Olympique lyonnais en passe d'être enfin cédé à l'Américain Textor
L'annonce de la finalisation de cette opération valorisée à 800 millions d'euros environ, pour laquelle les négociations exclusives avaient été engagées en juin dernier, avait été différée à deux reprises, le 30 septembre puis le 21 octobre.
Mais dans un communiqué publié le 24 octobre, OL Groupe s'était voulu rassurant, évoquant "des progrès substantiels (...) sur toutes les étapes nécessaires à la finalisation de l'opération."
Ce texte affirmait que les parties s'étaient mises d'accord "sur la fixation de la nouvelle date de réalisation" le 17 novembre, le temps de permettre à Textor et à ses partenaires de finaliser "la documentation détaillée" et "les autorisations habituelles", ainsi que de boucler les "procédures de vérifications internes aux prêteurs du groupe."
La balle est donc dans le camp de l'homme d'affaires américain mais, des sources ayant connaissance du dossier côté lyonnais, indiquent que tout se poursuit selon le calendrier prévu et l'optimisme prévaut toujours sur une issue positive.
Via Eagle Football Holdings LLC, John Textor doit acquérir la totalité des actions et la moitié des Osranes (obligations convertibles en actions pour financer la construction du Groupama Stadium) détenues par Holnest, la holding de la famille du président Jean-Michel Aulas (27,7% du capital).
"Complexités et retards"
S'ajoute à cette opération la totalité des actions et des Osranes détenues par Pathé (19,3%) et le fonds d'investissement chinois IDG Capitals (19,8%), qui avaient annoncé le 9 mars vouloir céder leurs parts.
Mercredi soir, OL Groupe a annoncé avoir demandé la suspension de la cotation des actions et des Osranes à compter de l'ouverture du marché le 17 novembre "et dans l'attente de la publication d'un communiqué de presse relatif à l'opération avec Eagle football."
A la clôture de la bourse, mercredi, l'action affichait une valeur de 2,79 euros, en baisse de 0,20 euros (-0,71%).
Pour contrer le scepticisme apparu ces dernières semaines sur ses capacités de financement, John Textor avait tenu dans la nuit du 19 au 20 octobre à rassurer les supporters lyonnais par une lettre sur son site internet.
"Sachez que des transactions comme celle-ci peuvent être assez compliquées pour les acheteurs et les vendeurs, et il n'est pas rare de découvrir des obstacles sur le chemin d'un "closing" qui créent des complexités et des retards", avait-il écrit.
Passé des effets spéciaux au cinéma à la création digitale par intelligence artificielle puis au streaming d'événements sportifs en direct, John Textor s'est lancé en août 2021 sur le terrain du football.
Il est entré au capital du club londonien de Crystal Palace (Premier League) avant de devenir début 2022 actionnaire majoritaire du club brésilien de Botafogo et du RWDM Molenbeek (2e division belge).
En revanche, son récent projet de rachat partiel du Sporting Lisbonne a échoué.
Si l'opération devait se finaliser, Textor reprendrait un groupe en plein redressement financier.
Au 30 juin, OL Groupe affichait un chiffre d'affaires en hausse de 42%, à 252,5 millions d'euros, après une perte historique liée à la pandémie de Covid-19 (-107 millions d'euros) sur l'exercice précédent, même si la holding affichait encore une perte nette de 55 millions d'euros.
Aulas resterait trois ans
La publication des comptes du premier trimestre de l'exercice 2022-2023, lundi, laisse, cette fois, apparaître un chiffre d'affaires de 101 millions d'euros, en progression de 23 millions, soit 30% de mieux par rapport à la même période un an plus tôt et ce malgré une non-qualification européenne qui affecte le produit d'activité de plus de 7,6 millions de recettes.
Ce changement de propriétaire marquerait un tournant historique pour l'OL, même si Jean-Michel Aulas, qui en avait pris le contrôle en 1987, a confirmé qu'il allait "rester au moins trois ans" à son poste pour assurer la gestion opérationnelle du club.
En 35 ans, l'homme d'affaire lyonnais de 73 ans a fait passer l'OL d'un statut de club associatif stagnant en D2 à une holding cotée en Bourse, décrochant au passage sept titres consécutifs de champion de France, de 2002 à 2008.
Malgré le remplacement de l'entraîneur néerlandais Peter Bosz, le 10 octobre par l'ancien sélectionneur de l'équipe de France Laurent Blanc, l'OL vit une période difficile sportivement et végète autour de la 8e place de la Ligue 1 depuis un an et demi, loin de ses ambitions affichées d'un retour en Ligue des champions, malgré des investissements substantiels sur le marché des transferts.