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La boussole du rugby indique encore une fois le Sud en Coupe du monde

François Miguel Boudet
Antoine Dupont, Grégory Aldritt et Sekou Macalou dépités
Antoine Dupont, Grégory Aldritt et Sekou Macalou dépitésAFP
C'était l'année ou jamais pour que les Nations du Nord prennent le pouvoir. Mais le ballon ovale est capricieux : le dernier carré de la Coupe du monde comportera trois représentants de l'hémisphère Sud.

Des larmes vertes aux larmes bleues. En l'espace de 24 heures, la pelouse du Stade de France a vécu deux tragédies pour les pays de l'hémisphère Nord, tellement convaincus, résultats à l'appui, que 2023 serait leur année. Las, Trèfle comme Coq se sont pris le retour de flamme des géants orgueilleux, dans la nasse pendant des mois avant de retrouver leurs forces quand ça compte vraiment. 

La flamboyance n'a finalement que peu d'importance quand il s'agit de gagner les matches au couteau. Et il faut bien admettre une chose : l'Irlande comme la France n'ont pas cette culture. La première Nation mondiale n'a jamais gagné un match à élimination directe depuis la création de la Coupe du monde, en 1987. Pour les Bleus, la dernière victoire en phase finale remonte à 2011, contre des Gallois rapidement à 14. Le dernier succès contre une Nation du Sud remonte à 2007, avec un essai très tangeant qui démontre qu'il faut aussi une part de chance pour que la pièce bascule du bon côté.

Pieter-Steph du Toit pointe les index au ciel, enlacé par Handre Pollard
Pieter-Steph du Toit pointe les index au ciel, enlacé par Handre PollardAFP

Le plafond de verre est une question de psychologie et de confiance et ça, les pays du Sud en ont à revendre, y compris quand la phase de poules n'a pas été bonne. Finalement, seule l'Angleterre cumule une première place et un billet pour la 1/2 finale. Acculées, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine et l'Afrique du Sud sont au rendez-vous. Sur leurs fondamentaux, leurs acquis, leurs facultés à ne jamais douter, même quand les doutes les assaillent. Les All Blacks ont mené 13-0 au bout de 20 minutes contre l'Irlande et mis la main sur le match. Les Boks, dont il n'est pas inutile de rappeler qu'ils sont les tenants du titre, ont beaucoup misé sur leur "Bomb Squad", ce banc 5 étoiles, pour commencer un nouveau match à partir de la 50e minute et ils ont réussi leur pari. Les Pumas ont eux aussi terminé très fort, au diapason de Nicolás Sánchez, demi-finaliste en 2015 et venu apporter sa science dans les derniers instants. 

Évidemment, les choses auraient pu être différentes sans ce foutu tirage au sort qui a offert des 1/4 de finale déséquilibrés (et accessoirement 5 jours de repos supplémentaires pour les Sud-Africains par rapport aux Bleus...) et qui permet aujourd'hui au XV de la Rose de plastronner, ultime survivante des 6 Nations passée proche de la porte contre les Fidji mais suffisamment aguérrie pour s'en sortir. Malgré tout, il faut bien, à un moment ou un autre, affronter les cadors. Cette fois-ci, la déception est d'autant plus grande que les pays du Nord ont régulièrement battus les Sudistes et que la phase de groupes a conforté cette impression.

L'écart n'a jamais été aussi ténu avec 4 pays européens vainqueurs de leurs poules respectives. Sur la durée, le rapport de force s'est même inversé, une première dans l'histoire de ce jeu. Mais quand la coupe Webb Ellis est en vue, le destin prend souvent le même chemin. Et le pire dans tout ça, 20 ans après la bande à Jonny Wilkinson, c'est encore de se dire que pour voir le Nord l'emporter... il faudra supporter l'Angleterre. 

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