La culture de la gagne à la sauce Didier Deschamps
Mais voilà, dans les faits, Didier Deschamps (54) va disputer ce dimanche une deuxième finale de Coupe du monde en tant que sélectionneur des Bleus. Une prouesse que seuls Vittorio Pozzo, Carlos Bilardo, Franz Beckenbauer, Helmut Schön et Mário Zagallo ont accompli dans le passé. Le champion du monde 1998 a su une nouvelle fois créer une osmose entre ses joueurs, élément capital dans la quête du titre mondial en 2018.
Un savoir-faire unique à la sauce Didier Deschamps. Il faut dire que l'entraîneur français, passé par l'AS Monaco, la Juventus et l'Olympique de Marseille, a toujours marqué les esprits là où il a mis les pieds. Une culture de la gagne unique, symbole de l'état d'esprit de 1998 et influencé par le football italien de Marcelo Lippi.
La force du groupe comme doctrine
"Il aime échanger avec les joueurs, savoir ce qu’on ressent. Il va toujours essayer de trouver la meilleure solution pour l’équilibre de l’équipe. Il fait énormément confiance à tout le monde. C’est une force de sa part et on a un groupe qui en est conscient. C’est pour ça que lorsqu’il donne un ordre ou un conseil, on est derrière et on suit", affirmait Antoine Griezmann peu avant la rencontre face à la Pologne.
À cela, le sélectionneur français répondait : "Avec Antoine et d'autres qui sont là depuis un moment, il y a une relation de confiance qui s'est développée. Ce qui ne m'empêche pas de lui dire des choses qui ne vont pas dans le bon sens. Je suis sélectionneur, mais je suis aussi un être humain. Antoine et les plus anciens savent que je suis là pour eux, pour les protéger, sans pour autant ne pas dire ce que j'ai à dire".
La puissance des équipes de Didier Deschamps est la cohésion du groupe et la force de celui-ci de croire en son entraîneur. Les résultats sont là pour prouver la réussite de la recette, que ce soit en club comme avec la France. Alors même si le jeu proposé peut diviser l'opinion publique, à la fin, c'est toujours Didier Deschamps qui gagne.
Une constante qui continue de s'appliquer dans cette Coupe du monde 2022. Les choix du sélectionneur français ont fait couler beaucoup d'encre et les critiques ont été permanentes avant et pendant la compétition, mais finalement DD a reproduit le même résultat qu'en 2018 : atteindre la finale du Mondial. Il est à 90 minutes de les faire taire définitivement.
Le cas Benzema est l'exemple parfait pour montrer la doctrine du groupe que prône l'entraîneur originaire de Bayonne. La synergie passe avant tout : le choix d'écarter finalement du groupe le récent Ballon d'or à cause de sa blessure était bien entendu une décision préventive pour le joueur, mais aussi un choix pour assurer la stabilité de l'union sacrée. DD a fait passer le groupe avant l'individu, qui n'était pas, à la base, accueilli avec plaisir par certains des cadres de l'équipe de France, selon les informations recueillies par Flashscore, confirmant celles sorties par la presse sportive française quelques semaines auparavant.
Une approche tactique continuellement en mouvement
En ce cas, Didier Deschamps a dû faire un choix fort, mais celui-ci n'a pas été l'unique. D'un point de vue tactique, les plans du sélectionneur français ont été remis en cause par lui-même en l'espace d'un mois. Entre le dernier match de la Ligue des nations contre le Danemark (défaite 2-0) et le premier match de la Coupe du monde, DD a décidé de repasser à une défense à 4 alors que les Bleus jouaient à 5 depuis un an.
Un bon entraîneur sait se remettre en question et c'est ce que Deschamps a fait à ce moment-là. Pour cela, le sélectionneur convoque pour le rassemblement des Bleus huit défenseurs centraux de formation, avec des joueurs comme Jonathan Clauss laissé à la maison. Des décisions similaires à celles prises en 2018, alors que Lucas Hernandez et Benjamin Pavard, des joueurs d'axe, avaient été positionnés dans les couloirs. Aujourd'hui, seul Theo, le petit frère de Lucas, et qui a profité de la blessure de son ainé dans le premier match pour être titulaire, est un latéral de formation. Koundé, lui, habitué à jouer dans l'axe au Barça, joue dans le couloir droit.
Autre solution trouvée par l'entraîneur français pour pallier les absences de Pogba et Kanté et rééquilibrer le milieu de terrain : redescendre d'un cran Antoine Griezmann et de le repositionner dans le milieu à 3 aux côtés de Tchouaméni et Rabiot. Le tour de magie était si simple à trouver... le joueur de l'Atlético de Madrid est le joueur le plus influent de son équipe et très certainement de la compétition, comme Leo Messi.
Enfin, la force de Deschamps est de savoir lire ses adversaires et trouver un plan adéquat pour gagner la bataille. Contre le Maroc, la France a fait ce que les autres n'ont pas su faire ou n'ont pas voulu faire : laisser le ballon à l'adversaire. Les Lions de l'Atlas étaient sortis victorieux de leur match face à l'Espagne et au Portugal après avoir eu moins de 25 % de possession de balle. Contre les Bleus, ces derniers ont eu le ballon (60 % sur l'ensemble de la rencontre) et à la fin, c'est Didier Deschamps qui gagne.
De la chance ? Il faut savoir la provoquer…
Alors beaucoup parlent de chance ou même d'un animal qui protégerait le sélectionneur. Il est vrai que sur certaines situations, on peut se dire que la chance est toujours du côté de Deschamps. Les Bleus subissent souvent et il faut que l'adversaire rate un penalty (comme Harry Kane) ou que la défense française soit positionnée sur la ligne (comme Koundé contre le Maroc) pour empêcher le ballon de rentrer.
Cependant, lorsque cela se reproduit dans le temps, l'hypothèse d'une quelconque chance se doit d'être mise de côté. Didier Deschamps sait faire gagner ses équipes et peu importe la manière, le résultat passera avant toute autre chose. Que ça plaise, ou non. La France dispute ce dimanche une nouvelle finale de Coupe du monde et peut rentrer à Paris lundi avec une troisième étoile brodée sur son maillot. Trois étoiles pour lesquelles il aura eu un rôle majeur. Didier Deschamps. What else ?