La dernière danse de Gigi Datome alias le Highlander italien
Le dernier tour est celui où il faut tout tenter, celui où il faut avoir une tenue de route maximale et la combinaison parfaite entre les pneus et le châssis, pour ne pas faire sauter les boulons ou fondre le moteur. Cette boule de feu qu'est Gigi Datome, qui à presque 36 ans s'apprête à disputer le dernier tournoi de sa carrière, en sait quelque chose. Et, il est arrivé aux Philippines l'âme envahie par un mélange d'adrénaline et de nostalgie.
Le capitaine
Leader technique mais surtout moral, celui que tout le monde appelle Gigione a été salué par toute l'Italie lors des derniers matches amicaux disputés à domicile, faisant preuve d'un amour énorme pour le personnage. Ce grand gaillard s'est révélé lentement et sans excès, faisant ses débuts avec l'Italie à 19 ans lors d'un match amical contre la Croatie, au cours duquel il a marqué cinq points. Avec Simone Fontecchio, il a été le moteur de l'équipe italienne qui, l'année dernière, lors de l'Euro 2022, n'a été stoppée qu'en quarts de finale par une France supérieure physiquement et techniquement. Datome est arrivé à ce rendez-vous avec le calme et la motivation nécessaires pour pouvoir faire quelque chose de concret et de mémorable.
Objectif 200
Pour l'instant, le natif de Montebelluna compte 196 sélections avec l'équipe nationale italienne et il aspire évidemment à atteindre, voire à dépasser, la barre des 200 qui lui permettrait d'entrer dans le top 10 des sélections de tous les temps. La dixième place, avec 201 matches joués sous le maillot des Azzurri, est occupée par Renzo Vecchiato, et la 207ᵉ par le légendaire Antonello Riva. L'objectif est donc de pouvoir amener l'équipe nationale jusqu'au deuxième tour, voire au-delà. Un objectif qui n'est pas impossible et pour lequel Datome lui-même se battra bec et ongles, même si sa condition physique n'est plus celle des années fastes.
Après s'être défini comme écrivain mais aussi comme musicien amateur, comme lorsqu'il s'est produit avec une certaine Patti Smith à Milan l'année dernière, le numéro 70 italien est appelé à son dernier exploit en tant que Highlander du basket-ball italien. Lui qui, en NBA, n'a pas eu la continuité de Marco Belinelli ou de Danilo Gallinari, mais qui, avec le maillot des Azzurri, a toujours été résolu et constant. Aux côtés de la vieille garde, il n'y aura que Nicolò Melli, un autre de ceux qui devront se donner à fond d'un point de vue psychologique pour tirer les ficelles.
Toutes les finales
Par rapport aux autres, Gigione n'est pas seulement talentueux ou expérimenté. C'est un joueur qui a su faire ses preuves dans plusieurs environnements, dans différents scénarios, en dépassant les frontières patriotiques et surtout en recherchant des défis particuliers. Car s'il est vrai qu'aucun basketteur ne peut refuser l'appel de la NBA, il a vécu cinq bonnes années à Istanbul, où il a activé un défi absolu comme celui de Fenerbahce, une équipe historique dans une place chaude.
Au-delà du classique Erasmus outre-Atlantique de tout talent attiré par les sirènes nord-américaines, Gigione a donc accumulé une longue et éprouvante expérience à l'étranger, dans un championnat où il a remporté trois fois le titre mais, surtout, où il a achevé de se former comme un phénomène. Son triomphe en Euroleague 2016-2017 en tant que cinquième meilleur marqueur moyen de l'équipe turque l'a définitivement propulsé dans l'élite du basket européen.
Caractérisé par un culot de Viking, le capitaine soufflera dans la corne bleue et jouera chaque match comme une finale, en véritable leader d'un groupe solide qui, dans les moments difficiles, le cherchera toujours. Sur le terrain et en dehors.