La France joue son image en accueillant les Jeux olympiques d'été dans six mois
"Depuis dix ans, on travaille dur pour que la France rayonne, pour que la France accueille le monde (...) et je sais qu'on sera prêts", promet le patron des JO, le triple champion olympique Tony Estanguet, pour ce qu'il considère comme "le principal moment universel" dans le monde.
La promesse carte postale des JO en plein centre de Paris – Tour Eiffel, Concorde, Invalides, Pont Alexandre III, trempette dans la Seine comprise –, est alléchante, mais le défi organisationnel est élevé.
Depuis l'obtention des JO en septembre 2017, les crises se sont accumulées. Le Covid a retardé certains projets, puis la guerre en Ukraine a alourdi la facture à la fois du Comité d'organisation (Cojo) et de la Société chargée de construire les ouvrages olympiques (Solideo).
Pour autant, le village olympique, qui sera transformé en bureaux et logements après les Jeux, sera fini à temps. Les clés de ce nouveau quartier, situé à Saint-Denis (banlieue nord), seront remises au comité d'organisation début mars.
Cérémonie bande-annonce
Ces JO seront-ils un "espace de célébration et de paix" comme le veulent les organisateurs ? À Paris se côtoieront des Russes et des Ukrainiens puisqu'en décembre, le Comité international olympique (CIO) a décidé que les sportifs russes et biélorusses pourraient participer en individuel et sous bannière neutre.
Israël, en guerre contre le Hamas depuis octobre, sera aussi là, comme l'a assuré à l'AFP la présidente du comité olympique israélien Yaël Arad. La cohabitation entre sportifs israéliens et arabes constituera aussi certainement un sujet de vigilance.
Avec potentiellement, ces deux conflits majeurs toujours en cours, les autorités devront gérer, devant les caméras du monde entier, les expressions aux abords des terrains et assurer la sécurité des athlètes. A minima, "il y aura des Ukrainiens qui ne serreront pas la main des Russes", décrit une source gouvernementale.
Des JO "fierté française", comme le déclame Emmanuel Macron ? En tout cas, le président suit leur organisation de très près, comme récemment en se penchant sur les cartes des périmètres de sécurité autour de la Seine, selon une source proche de l'exécutif. Le 26 juillet 2024 à 20h24, la cérémonie d'ouverture sur 6 km plantera le décor, devant des centaines de milliers de spectateurs et millions de téléspectateurs. Pas question de se louper.
En coulisses, l'affaire fait transpirer les plus hauts responsables policiers, et encore plus depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, puis l'assassinat, quelques jours plus tard, d'un professeur à Arras devant son lycée.
En cas de menaces, on "adaptera le concept" de la cérémonie autour de la Seine, a redit, la semaine dernière Michel Cadot, délégué interministériel aux JO qui a écarté l'idée qu'un plan B, évoqué par Emmanuel Macron, puisse se tenir au Stade de France. Autorisées par la dernière loi olympique en 2022, les nouvelles caméras dites "intelligentes" quadrilleront le centre de Paris.
Le garde des Sceaux a assuré de son côté que la justice serait "prête" face à ceux qui voudraient "gâcher la fête". Parmi les consignes : le respect des interdictions de stade prononcées contre les personnes violentes et des "poursuites systématiques" en cas d'arnaque aux faux billets d'entrée. Malgré la réussite de la Coupe du monde de rugby en septembre 2023, l'image du fiasco de la finale de la Ligue des champions 2022 Liverpool - Real Madrid au Stade de France rôde toujours.
"Tout le monde joue gros"
"Tout le monde a envie que ça marche (...) tout le monde joue gros", résume Tony Estanguet. Entaille dans cette union sacrée, la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a dit son inquiétude sur les transports alors que le système francilien est à la peine au quotidien. De son côté, elle devra présenter une ville accueillante, propre et une eau de la Seine baignable pour les épreuves, un grand défi aussi.
Et pour parer à un conflit social, des négociations sont ouvertes dans la police, les transports et l'hôpital pour compenser les congés reportés et les heures supplémentaires de l'été.
Un zeste de politique viendra aussi s'ajouter un mois et demi avant cet évènement planétaire : les élections européennes. À son arrivée, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal n'a pas caché devant les députés de la majorité "les perspectives économiques incertaines" et "un contexte politique (…) tendu". C'est dans cette ambiance particulière qu'approchent les JO 2024.