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La justice argentine examine la demande de non-lieu pour Jegou et Auradou

Flashscore, avec AFP
Auradou et Jegou en août dernier à Mendoza.
Auradou et Jegou en août dernier à Mendoza.ANDRES LARROVERE/AFP
La justice argentine examine ce vendredi à huis clos la demande de non-lieu formulée par les deux rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou, inculpés d'un viol qu'ils nient avoir commis, en marge d'une tournée du XV de France dans le pays en juillet.

À Mendoza (1 000 km à l'ouest de Buenos Aires) où se sont produits les faits présumés dans la nuit du 6 au 7 juillet, les avocats de la plaignante, une Argentine de 39 ans, et ceux des joueurs, débattront du non-lieu demandé fin août par la défense des rugbymen.

Avant eux, le parquet – deux procureurs co-chargés de l'enquête –, plaidera lui aussi en faveur du non-lieu, comme il l'a annoncé début octobre au terme de l'instruction, "pour cause de doutes ou d'absence de preuves".

Une décision sur le non-lieu par la juge Eleonora Arenas, qui présidera les débats, tenus à huis clos, ne devrait intervenir au mieux que le 25 octobre, date d'une deuxième audience programmée. Voire quelques jours plus tard, si la magistrate décide d'une mise en délibéré.

Plaignante et inculpés peuvent en théorie assister à l'audience, mais Rafael Cuneo Libarona, avocat des joueurs, a indiqué à l'AFP que ceux-ci, rentrés en France depuis plus d'un mois, n'y assisteraient pas même en virtuel. Les avocats de la plaignante n'ont pas communiqué sur son éventuelle présence.

Joué d'avance ?

Auradou et Jegou, 21 ans, sont depuis plus de trois mois inculpés de viol aggravé, car en réunion, faits présumés survenus dans une chambre d'hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un match contre l'Argentine, le 6 juillet.

Les joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence. Son avocate a au contraire évoqué un viol avec "violence terrible" et une cliente "sauvagement battue". Les deux joueurs encourent entre huit et 20 ans de prison.

D'abord placés en détention provisoire puis assignés à résidence à Mendoza, ils ont été libérés mi-août, puis autorisés à rentrer en France début septembre. Ils ont depuis repris le rugby dans leurs clubs : la compétition pour Auradou avec Pau, l'entrainement pour Jegou avec La Rochelle.

Dans son argumentaire autorisant, le 3 septembre, le départ des joueurs, le parquet avait conclu des éléments à sa disposition que "l'accusation initiale a perdu de sa force", reflétant un basculement progressif de la procédure.

Me Cuneo Libarona a indiqué à l'AFP que sa "longue plaidoirie" ce vendredi visera à "faire ressortir les contradictions, les incohérences, et surtout les omissions" de la plaignante, qui très tôt dans le dossier l'ont convaincu de "l'innocence de ces garçons".

Comme lui, l'autre avocat argentin des rugbymen, German Hnatow, s'est dit optimiste, considérant que tous les éléments du dossier "mènent à une seule direction : le non-lieu".

Fuites et surexposition

Du côté de la plaignante, le pessimisme domine. "Je n'attends rien (...) Je pense que cela va être un non-lieu, ce n'est qu'une question de temps", a confié à l'AFP Mauricio Cardello, l'un de ses avocats. L'avocate principale, Natacha Romano, ne répond plus aux médias depuis plusieurs jours.

Les avocats de la plaignante, mère de deux enfants, ont, à maintes reprises, dénoncé le traitement du dossier par la justice. "Comment ils ont traité la victime, comment ils ont géré médiatiquement, ont fait fuiter des informations...", s'est attristé Me Hnatow. Ils avaient tenté en vain, en septembre, de faire récuser les procureurs, l'accusant de "juger au lieu d'enquêter".

Sans surprise, la question du consentement a été au cœur du dossier au fil de l'examen de témoignages, d'images vidéos depuis la boîte de nuit jusqu'à l'hôtel, de messages audios… Autant d'éléments qui ont filtré dans la presse argentine à une fréquence spectaculaire, donnant aux protagonistes une exposition parfois malsaine.

La plaignante, "Maria", avait dit dans une interview à l'AFP en septembre se sentir "abandonnée" par la justice locale, selon elle "aux ordres" – l'avocat Cuneo Libarona est le frère du ministre de la Justice. Mais disait s'en remettre à "la justice sociale (qui) condamnera" les joueurs, comme la justice divine : "le Tout-Puissant sait les actes qu'ils ont commis".

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