La "Vecchia Signora" validera des comptes déficitaires pour la cinquième année consécutive, et pour la deuxième fois au-delà des 200 millions d'euros de perte : 239,3 millions pour l'exercice 2021/2022, après 226,8 millions la saison précédente.
Cette assemblée générale des actionnaires, à l'ambiance morose, aura lieu alors que la Juve est officiellement sans conseil d'administration : Andrea Agnelli a démissionné le 28 novembre avec le reste du conseil d'administration, sous la pression d'une enquête sur des irrégularités comptables présumées.
Trois jours plus tard, le 1er décembre, le parquet de Turin a demandé que l'homme qui dirigeait le club depuis 2010 soit jugé, ainsi que onze autres anciens administrateurs, pour ces infractions présumées aux finances du club. La Juve est soupçonnée d'avoir manipulé le marché en diffusant des informations financières biaisées et en produisant des factures de transfert inexistantes pour la période 2018-2021.
Le siècle d'Agnelli
L'année 2023, qui marquera le 100e anniversaire de la propriété de la famille Agnelli, sera donc loin d'être aussi festive que prévu pour un club souvent embourbé dans des scandales, comme le "calciopoli" (influence dans le choix des arbitres), qui a valu aux Bianconeri une relégation en Serie B en 2006.
Mais en plus de l'enquête judiciaire sur ses comptes, le club est également dans le collimateur des autorités boursières italiennes, de la Fédération italienne de football et de l'UEFA.
La Juve, déjà en conflit ouvert avec l'instance européenne au sujet de la Superligue depuis un an et demi, est engagée dans un plan de redressement visant à se remettre en conformité avec les règles financières de l'UEFA.
Cependant, ses comptes restent insuffisants : le club le plus titré du football italien (36 Scudetti) approuvera des pertes de près de 240 millions d'euros, un chiffre légèrement revu à la baisse par rapport au déficit de 254 millions d'euros annoncé en septembre.
Cette révision tient compte des commentaires des autorités financières et entraîne une augmentation compensatoire des pertes par rapport à l'année précédente (226 millions d'euros au lieu de 209 millions d'euros).
La Juventus a enregistré une baisse de son chiffre d'affaires d'environ 8 % la saison dernière (à 443 millions d'euros), principalement en raison d'une baisse des revenus télévisuels et d'une réouverture partielle des stades après la pandémie.
Pogba, attendu
La saison dernière a été la première sans titre de la Juve depuis 2011, confirmant le déclin de la "Vecchia Signora" après une décennie dorée sous la direction d'Andrea Agnelli, marquée notamment par neuf Scudetti consécutifs (2012 à 2020), du jamais vu en Italie.
Le futur dirigeant du club, qui sera désigné le 18 janvier, devra s'atteler à la reconstruction du club. Exor, la holding de la famille Agnelli, a choisi un profil technique pour le réaliser : Gianluca Ferrero, un expert-comptable de 59 ans.
Une nouvelle orientation qui devrait avoir un effet sur les finances, mais aussi sur les résultats sur le terrain, après un début de saison discret.
Massimiliano Allegri, confirmé au poste d'entraîneur malgré l'élimination en phase de groupes de la Ligue des champions, espère pouvoir enfin compter sur la recrue vedette de l'été dernier, Paul Pogba, qui n'a pas disputé le moindre match officiel en raison d'une blessure au genou droit. Opéré début septembre et mis à l'écart pour la Coupe du monde 2022, le Français devrait revenir à partir de la mi-janvier.
Andrea Agnelli, qui a récemment été aperçu sur le terrain d'entraînement de la Juve à Turin dans l'attente de la nomination officielle de son successeur, a assuré à la presse italienne que son départ "ne change en rien les objectifs de l'équipe".
La Juventus est actuellement troisième en Serie A, à dix points du leader Naples. Les deux équipes se rencontrent le 23 janvier, l'occasion de voir si les Bianconeri peuvent perturber la domination actuelle de Naples.
