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La malédiction s'est à nouveau abattue sur l'Irlande

François Miguel Boudet
La malédiction a de nouveau frappé l'Irlande
La malédiction a de nouveau frappé l'IrlandeProfimedia
Première Nation mondiale, récitant son rugby depuis plusieurs années, l'Irlande est de nouveau tombée lors d'un match à élimination directe, définitivement son plafond de verre en Coupe du monde.

Un océan et treize heures d'avion séparent Dublin de Mexico. Mais en matière de malédiction pendant une Coupe du monde, Irlandais et Mexicains sont voisins de pallier. Car quand arrive un match à élimination directe arrive, les deux pays se fracassent sur leur plafond de verre.

Pour El Tri, en football, c'est en 1/8 de finale; pour le Trèfle, en rugby, c'est en 1/4 de finale, exception faite de 1999 où le premier match couperet était un barrage, perdu à Lens contre l'Argentine d'Agustín Pichot. Présent au Stade de France, Keith Wood, l'emblématique talonneur présent à Félix-Bollaert lors de cette défaite surprise contre les Pumas, a certainement dû revoir dans l'ultime séquence haletante de ses compatriotes, la tentative désespérée et tout aussi vaine de son équipe il y a 24 ans. Comme un fil rouge qui refuse obstinément de se couper pour ouvrir l'accès au dernier carré. 

On ne finira pas de gloser sur l'absurdité du tirage au sort effectué beaucoup trop tôt et qui a concentré les 4 Nations majeures du moment dans la même partie de tableau en 1/4 de finale. Invaincue depuis le 12 février 2022, autrice du Grand Chelem lors du dernier Tournoi des 6 Nations et sur une série prodigieuse de 17 victoires consécutives, l'Irlande était une championne du monde en puissance. Et même pas peur des All Blacks ! La dernière tournée s'était soldée par deux victoires du groupe d'Andy Farrell

Or samedi soir, le vert a été submergé par le noir sur le spectre rugbystique. Pourtant, il y eut ces vibrants chants irlandais et cette disposition des joueurs signifiant à la fois le 8 du regretté Anthony Foley mais aussi l'infini de leurs espoirs au moment du Kapa O Pango. Mais très vite, on a compris que les All Blacks n'étaient pas les mêmes que ceux du match d'ouverture.

Le face-à-face pendant le haka
Le face-à-face pendant le hakaAFP

Pour renverser l'Irlande, il fallait réaliser un match immense : ils l'ont fait. Et la performance est telle que cet affrontement s'est déjà taillé une place de choix au panthéon de la Coupe du monde. Parce que ce n'est pas le Trèfle qui a pas perdu : ce sont les All Blacks qui ont gagné.

Et c'est peut-être ça le pire : les Irlandais ne sont pas passés à côté du rendez-vous. Il y eut des faits de jeu, certes, cette pénalité a priori facile manquée de Jonathan Sexton, ce sauvetage incroyable de Jordie Barrett alors que le pack vert avait franchi la ligne d'en-but. Mais même en supériorité numérique pendant 20 minutes, l'Irlande n'a pas pu vaincre cette malédiction qui la poursuit depuis 1987. 

En prenant immédiatement le score, les Néo-Zélandais ont contraint les Irlandais à courir après le score, ce qui les a empêché de mettre la main sur la rencontre. Le 13-0 qui barrait le tableau d'affichage au bout de 20 minutes augurait l'épilogue vécu si souvent : l'Irlande allait vivre une nouvelle fois son histoire sans fin. La dernière action du match, cette succession de 37 phases de jeu, au bout de l'effort et de la souffrance, a reflété la physionomie de ce 1/4 de finale : de l'intensité, de l'engagement, de la générosité mais, au bout du compte, il y a toujours eu un All Blacks pour ramener le Trèfle à sa condition de Nation flamboyante mais décidément maudite.  

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