La profondeur du banc compromet les chances de la France au Mondial
C'est ce qu'on appelle un turnover raté. Le match des Bleus face à la Tunisie ne restera pas dans les books records, ou plutôt, accordera plus d'importance à l'échec qu'à la réussite. Le Danemark-France (0-0) de 2016 avait déjà été ouvertement décrié, mais cette rencontre de 3e journée de phases de groupes l'est encore plus.
La performance de l'équipe de France a déjà laissé à désirer mais en plus, il a fallu que le seul but tricolore soit refusé, après le coup de sifflet final. Pour le public français, l'absence totale de volonté ou de mouvement vers l'avant a confirmé la fragilité des remplaçants. Une mauvaise nouvelle pour la bande à Deschamps.
Des choix originaux et un milieu inquiétant
La rencontre aura finalement été utile aux Bleus pour une raison : savoir qu'il ne faut pas recommencer. Au-delà d'un problème de niveau des remplaçants, les choix du sélectionneur français ne sont pas apparus comme payants. Oui, il a tenté. Sauf qu'on pouvait déjà imaginer que la présence d'Eduardo Camavinga sur le couloir gauche aurait posé des soucis. Tout comme la titularisation de Youssouf Fofana, Mattéo Guendouzi, Jordan Veretout ou Randal Kolo Muani, sans préambule, les jetteraient dans un bouillon sportif et médiatique négatif.
Avec des pertes de balles à gogo, une intensité non mise sur le porteur du ballon, des moments de doutes profonds, ou encore des réveils trop tardifs, le milieu de terrain français s'est laissé déborder. Le niveau était trop grand, la marche trop haute à franchir pour les coiffeurs.
"C'est le niveau international. J'aurais voulu faire un autre match", a confié Jordan Veretout après son match. Tout comme lui, Mattéo Guendouzi a concédé qu'il n'avait pas "touché beaucoup de ballons. C'était mieux en seconde période mais dans l'ensemble pas grandiose."
La crainte des blessures
Le manque de profondeur de banc peut inquiéter. Avec la blessure de Lucas Hernandez, il n'y a plus que son frère sur le côté gauche. La performance de Camavinga n'a pas convaincu - étant donné qu'il ne jouait pas à son poste non plus. Elle a même empiré les choses puisque, dépassé tout comme ses autres coéquipiers en phases défensives, il n'a pas su retenir ni Wahbi Khazri ni Wajdi Kechrida. Sa fin de match a néanmoins été meilleure.
Au milieu de terrain, là aussi, les choses ne sont pas rassurantes. Si Adrien Rabiot, Aurélien Tchouaméni et Antoine Griezmann tiennent très bien les rênes, la blessure de l'un d'entre eux déstabiliserait fortement l'équilibre de l'équipe. Il n'y a qu'à voir ce que l'entrée en jeu de Rabiot et Griezmann a provoqué, aussi bien au niveau de la stabilité et de la percussion sur le terrain.
Enfin, si les options restent plus souples en attaque, elles ne sont pas illimitées. Kingsley Coman n'a rien prouvé de transcendant hier, il a même déçu.
Pour son propre bien, l'équipe de France doit composer sans les blessures et en alignant constamment ses meilleurs joueurs. Sinon, l'addition pourrait être salée.
Face à la Pologne, dimanche, tout espoir est permis. Mais des prolongations et une séance de tirs au but fatigueraient bien des joueurs déjà usés par leur saison en club.