La vie en National, entre smicards et professionnalisation
Le 11 septembre dernier, leurs dix-huit présidents ont de nouveau évoqué avec le patron de la FFF, Philippe Diallo, la nécessité de transformer en Ligue 3 pro une compétition dont l'attractivité progresse : plusieurs matches se sont disputés depuis la reprise devant 5.000 à 15.000 spectateurs.
Cette saison, neuf formations à statut professionnel, dont certaines se sont égarées là après avoir évolué dans un passé récent en Ligue 1 ou Ligue 2, sont opposées à neuf autres sous statut fédéral.
Toutefois, si Sochaux, Nancy, Dijon ou Le Mans par exemple, disposent de structures dignes de l'élite, les installations de certains clubs sont un frein au passage vers la L3 pour l'accueil des spectateurs ou des VIP, l'éclairage ou les vestiaires.
Comme à Chasselay où les travaux de mise aux normes du stade Ludovic Giuly ne seront terminés que fin octobre, poussant le promu GOAL FC à évoluer à Saint-Priest, à 70 km de son fief. "Un réel handicap" pour l'entraîneur Fabien Pujo.
Budgets serrés, recrutement malin
Mais malgré cela, des petites cylindrées parviennent à exister en National. Comme GOAL FC (Grand ouest association lyonnaise, regroupant une huitaine de communes, 1.800 adhérents), ou le FC Villefranche-Beaujolais, deux fois barragiste pour monter en L2, deux clubs du Rhône, au nord de Lyon, distants l'un l'autre d'une quinzaine de kilomètres. Ils disposent respectivement de 2,8 M EUR et 3,8 M EUR de budget, parmi les plus petits de la division.
"On fonctionne avec des budgets serrés. Il n'y a pas de droits TV, ni d'indemnités de transferts. Les contrats de joueurs sont de un à deux ans maximum. Et encore, on ne peut pas retenir un garçon qui voudrait partir au bout d'une saison pour obtenir quelques centaines d'euros supplémentaires ailleurs", constate l'entraîneur de Villefranche, Romain Revelli.
Avec des salaires moyens entre 1.500 et 5.000 à 6.000 euros pour des clubs tels que GOAL FC et Villefranche, les effectifs sont redessinés chaque été avec des espoirs qui cherchent à percer, d'autres recalés des centres de formation, des prêts de clubs pro et des joueurs de L1 ou L2 en fin de carrière.
Loin des salaires des grosses cylindrées, qui proposent quelques rémunérations à cinq unités.
"On doit définir une stratégie pour recruter malin, sans faire de folies. Il faut des gars d'expérience mais les jeunes d'avenir sont moins chers", confie Mickaël Mendez, manager général à GOAL FC qui compte sur un groupe de 24 professionnels pour tenir la saison "dans une Ligue 2 bis" et qui décrit le joueur de National "comme très athlétique, capable de mettre beaucoup d'intensité".
À ce niveau, l'encadrement technique est complet : entraîneur principal, adjoint, entraîneur des gardiens, préparateur physique. Seul le corps médical n'est pas intégré, mais avec une grosse disponibilité néanmoins.
Stages d'avant-saison, parfois à l'étranger, déplacements la veille des matches, GPS pour les joueurs, analyste vidéo, cryogénisation ou bains glacés pour récupérer, préparation invisible accrue font partie du fonctionnement des équipes.
Bénévolat et nombreux sponsors
Dans ces clubs, où les joueurs restent très accessibles au public, la présence de nombreux bénévoles est indispensable pour l'intendance, l'organisation des matches, et les finances sont portées par de nombreux partenaires.
Ils sont 530 à Villefranche et 400 environ pour GOAL FC avec, comme chez les grands, des loges et espaces VIP, adaptés aux infrastructures.
"On travaille beaucoup sur les réseaux avec des thèmes", confie Mickaël Mendez.
"On développe de plus en plus la billetterie, aussi. On crée des événements autour de l'équipe avec les sponsors, sur les matches mais aussi en dehors, petits déjeuners, soirées", souligne Charlène Le Droguène, en charge de la communication du FCVB.
Car autour de Chasselay (2.500 habitants) pour Goal FC ou Villefranche (40.000 habitants), on cherche aussi à être un acteur économique local incontournable.