"Ladji Doucouré est le meilleur" entraîneur, s'enthousiasme Sasha Zhoya
Jusqu'aux Jeux olympiques de Paris en 2024, le hurdleur de 21 ans raconte son parcours à l'AFP. Dans ce 11e épisode, il évoque son coach, seul désormais après que Dimitri Demonière, avec qui il formait un duo, ait pris du recul.
"Ladji (Doucouré) est très proche de moi. Je mets beaucoup de confiance en lui. Si je réussis dans ma carrière ce sera grâce à lui. Lui seul peut m'amener où je veux aller. Je le vois comme un oncle, avec tous les conseils qu'il me donne."
"Ladji ne crie pas, mais quand il a un avis, il le montre. Il n'a pas besoin de crier ou de se montrer dur, je sais me remettre en question sans cela. Avant, j'avais besoin d'un coach plus rigide, maintenant, je préfère être dans le partage, de toute façon le côté flic ce n'est pas son style."
"C'est aussi une idole pour moi, son palmarès est très costaud. Il est double champion du monde, il a couru plusieurs fois en moins de 13 secondes (record en 12.97), beaucoup de courses en 13 secondes et quelques centièmes. Il a une carrière qui impose le respect. Quand on arrive sur un stade, c'est toujours lui la personne la plus respectée."
"Ne pas reproduire ses erreurs"
"Je regarde toujours ses records et je m'attache chaque année à battre ses chronos avec un an d'avance sur son âge. Pour cette année, ça veut dire que j'ai besoin de courir en 12 sec 97 cette saison. C'est chaud mais pas impossible, j'y crois."
"J'essaie de suivre son exemple, pour faire mieux. Il me dit de ne pas reproduire ses erreurs, comme aux Jeux olympiques (en 2004 à Athènes, Doucouré se battait pour la victoire avant de heurter la dernière haie). Même si toucher une dernière haie c'est une faute qui peut arriver. Je l'ai fait à l'Euro de Munich l'été dernier, mais je ne me battais pas pour le titre."
"Le plus important pour lui c'est que je reste en bonne santé, que je prenne soin de mon corps. Il avait fait son record à 22 ans, mais n'a pas pu le battre ensuite car il a été trop blessé. Il insiste beaucoup sur les soins, la récupération. Il est toujours prudent, il ne veut pas que je fasse de séance si je suis trop fatigué."
Dayron Robles et Liu Xiang
"On a des qualités communes, on a tous les deux pratiqué de nombreuses disciplines avant de se concentrer sur les haies. Ça lui permet de trouver des séances d'autres épreuves, qu'il adapte pour les haies. On fait des séances de sauteurs en longueur par exemple. J'ai les bases d'autres disciplines en mémoire. On se comprend et on se ressemble en tant qu'athlètes. On sait tous les deux bien lire notre corps. On peut tester de nouveaux exos (exercices), on regarde des vidéos, on les reproduit facilement, on s'adapte, on va pêcher ailleurs."
"Il a beaucoup de contacts internationaux c'est un vrai bonus. Il est pote avec les meilleurs hurdleurs de l'histoire, ses anciens concurrents. Il peut me filmer sur un drill (un exercice, NDLR) et l'envoyer au Cubain Dayron Robles (champion olympique 2008) ou au Chinois Liu Xiang (champion olympique 2004) pour un feedback."
"Il est jeune (40 ans) mais a beaucoup plus d'expérience que la plupart des entraîneurs français avec son passé d'international. Surtout, il n'a pas d'ego. Certains coaches pensent être les seuls à détenir la vérité, à apporter à leurs athlètes, lui sait que non. Je veux insister, coacher le haut niveau ce n'est pas une histoire de diplôme, j'ai vu plein d'entraîneurs, Ladji est le meilleur."
Propos recueillis par Robin GREMMEL