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Le billet d'humeur de la 16e étape : mais où sont passés les chronos d'antan ?

François Miguel Boudet
Marco Haller fend l'air
Marco Haller fend l'air AFP
Avec à peine plus de 22 kilomètres de contre-la-montre, l'édition 2023 du Tour a laissé la portion (in)congrue à l'exercice individuel chronométré. Petit à petit, cette spécificité tend à disparaître de manière quasi inéluctable.

La côte de Domancy a beau être mythique, elle ne suffit pas à masquer le quasi abandon du contre-la-montre individuel. Vingt-deux kilomètres et quatre centre mètres : voilà, en toutes lettres, ce que les organisateurs ont laissé à cet exercice spécifique qui a fait la gloire des Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx ou encore Francesco Moser et Miguel Indurain

Certes, on comprend volontiers que revenir au début des années 1990, avec un "Miguelón" sur une autre planète qui n'a jamais remporté une étape en ligne lors de 5 sacres mais empoché tous ses rendez-vous individuels, ne serait guère enviable. On est bien conscient aussi que cela a favorisé la mainmise des "rouleurs-grimpeurs" sur les Grands Tours et que la réduction des écarts a encouragé ce délaissement. 

Mais tout de même ! Le kilométrage n'a cessé de rapetisser, les prologues et autres contre-la-montre par équipe sont de moins en moins proposés. C'est tout un pan du cyclisme qui tend à disparaître. Le Grand Prix des Nations, jadis événement majeur de la fin saison cycliste, appartient désormais aux livres d'Histoire, après une lente agonie débutée à la fin de la décennie 80. Il faut dire que jusqu'en 1955, l'effort durait aux alentours de 140 bornes avant de baisser progressivement jusqu'à 75 et 54 lors de la dernière édition en 2004.

C'est carrément à se demander pourquoi une épreuve spécifique subsiste aux championnats du monde et aux Jeux olympiques. Quand l'UCI intègre le chrono à son programme en 1994, Chris Boardman remporte l'or sur un parcours de 45 kilomètres. En 2022, Tobias Foss gagne sur... 34,2 km ! Depuis que la compétition est ouverte aux coureurs professionnels en 1996, l'épreuve olympique est passée de 52km à 44,2 km. 

Progressivement, le contre-la-montre et sa dramaturgie seront rayés de la carte. Faiseur de roi, il peut couronner ou destituer, vous sacrer ou vous vouer aux gémonies sur les Champs-Élysées. Et même avec guère plus de 22 bornes, il fait toujours basculer le destin, même quand il n'en finit plus d'être déprécié. 

France gouvernement

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