Le billet d'humeur de la 6e étape : un Tour à se faire un claquage en bondissant du canapé
Ce ne sont pas Gino Bartali et Fausto Coppi, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor ou Bernard Hinault et Greg LeMond. Du moins pas encore. Parce que jour après jour, la rivalité entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar prend le chemin du panthéon du cyclisme et cette édition ressemble furieusement à un combat de boxe, un "Rumble in the Grande Boucle" où chacun a son favori, celui qui vous fait bondir du canapé, celui que l'on prie d'attaquer ou de ne pas craquer.
Le Pays basque avait déjà offert son lot de pop corn sucré mais il y avait un double fond dans le sachet. Les Pyrénées ont été le théâtre d'une lutte retentissante à faire sauter l'aiguille d'un sismographe. Mercredi, le Danois semblait seul au monde sur ce Tour. Jeudi, le Slovène a répliqué et on ne sait pas encore s'il reste encore des degrés sur l'échelle de Richter vélocipédique pour tenir encore deux semaines à ce rythme échevelé.
Vingegaard est plus calculateur, avec une Dream Team qui joue parfois à l'envers comme lors de la montée du Tourmalet où Wout van Aert essayait de maintenir l'écart avec ses propres coéquipiers qui menaient le peloton un peu plus bas. Pogacar, lui, est davantage porté par le panache du spécialiste des classiques de printemps. Il joue avec la caméra, extériorise. Une fois, deux fois, trois fois, il a regardé derrière lui avant les pourcentages les plus rudes de Cambasque. Coup de moins bien, début de fringale, problème mécanique ? Son rival a été vite fixé : le Slovène a attaqué et a rendu au tenant du titre le coup de massue qu'il avait reçu la veille.
Ces deux-là sont dans une autre dimension et nous sommes témoins quotidiens de cette baston à l'ancienne aux tons sépia, un homme à homme à couper le souffle. Faites votre choix et échauffez-vous bien les genoux : vous n'avez pas fini de sauter de votre canapé !